Ouvrir sa conscience
au plaisir
Une invitation de Catherine Jalbert

Auteur de “ Ouvrir sa conscience ” (1993, Quebecor), Catherine Jalbert s'intéresse depuis toujours à l'évolution de l'être humain, à sa quête spirituelle et à ses questionnements métaphysiques. L'univers des symboles est aussi son champ d'action. Atteinte d'un cancer incurable du système lymphatique, Catherine Jalbert, qui a dû effectuer des changements majeurs dans son mode de vie, partage son expérience avec la maladie dans son livre “ Avez-vous le goût de vivre ? ” (2001, Quebecor).

Saviez-vous que tout être humain est né pour le plaisir... ici et maintenant ? Peu aisé d'admettre cela n'est-ce pas ? Et pourtant c'est la pure vérité ! Avez-vous déjà vu une personne entreprendre une action en souhaitant s'y ennuyer ou en espérant que cela lui déplaise ? Jamais n'est-ce pas ? Il n'y a qu'à regarder espérer un plaisir lors d'une sortie ou d'une rencontre en famille, souhaiter un travail qui fasse plaisir, ou désirer que le voyage organisé en soit un, de plaisir, pour se rendre compte que nous sommes nés pour le plaisir. Mais... il y a un mais...

Les obstacles au plaisir

Accédons-nous réellement au vrai plaisir spontané qui mène au bien-être total ? Rarement, admettons-le. Pourquoi se tenir trop souvent dans la zone des plaisirs indirects empreints de culpabilité et de compensation ? Pourquoi attribuer aux plaisirs éprouvés le rôle ingrat d'éviter ou retarder un déplaisir ? Pourquoi donner ainsi raison au dicton : “ De deux maux, choisir le moindre ” ? Oui, pourquoi ?
- Parce que beaucoup d'entre nous subissons et même acceptons le joug “ rentabilité, performance et efficacité ”, qui amène, plus souvent qu'autrement, bien loin du plaisir de vivre.
- Parce que beaucoup d'entre nous avons été éduqués pour un plaisir, quand nous l'aurons mérité, quand nous aurons de l'argent, quand nous aurons le temps, quand nous aurons suffisamment souffert, quand nous en aurons payé le prix, quand tout le monde sera d'accord ; et quoi encore ? Ces croyances endossées, malheureusement trop souvent, maintiennent en état de survie et surtout en attente d'un plaisir de vivre plus tard.
- Parce que même le mot plaisir porte en soi son lot de préjugés. Tapez le mot plaisir sur Internet et vous obtiendrez des sites axés sur le sexe. Parlez, autour de vous, de plaisirs souvent éprouvés et certains vous traiteront d'égoïste, sinon d'inconséquent ou d'irresponsable. Comment, dans ces conditions, oser penser la vie en terme de plaisir ? Plus que des croyances, ces préjugés sont des empreintes dont il est extrêmement difficile de se défaire. Mais alors, comment y arriver ? Avant d'aborder les moyens pour y parvenir, la compréhension du rôle que le plaisir a dans nos vies est essentielle. Or donc, quel est ce rôle si important ?

Les hormones du plaisir

Le plaisir contribue à l'équilibre biologique et à la santé globale de l'être humain. Il est un élément déclencheur dans la prévention de la maladie et parfois même de la guérison. Par définition, si le plaisir tient ce rôle, le déplaisir, quant à lui, crée déséquilibre et dysfonction biologiques, quand ça n'est pas, carrément, la maladie. La biologie et l'étude du cerveau, en regard du comportement humain, a mis au jour une notion qui permet, non seulement d'affirmer le rôle du plaisir mais, aussi, de confirmer que l'être humain est né pour le plaisir. Notre cerveau est constitué de multiples “ centres ” dont ceux du langage et de la mémoire, pour ne nommer qu'eux. Eh bien, il y a aussi un centre du plaisir comme un du déplaisir ! Ces centres, munis de neurones et de neurotransmetteurs, déchargent, dans notre système, des hormones de plaisir mais aussi de déplaisir. Les hormones de plaisir (dopamine et endorphine par exemple) nourrissent favorablement corps et esprit. Elles renforcent le système immunitaire et ont un impact direct sur l'équilibre émotif et sur la joie de vivre, entre autres. Quand les plaisirs indirects ou les déplaisirs sont au rendez-vous, mal-être, stress, culpabilité, frustration, intolérance, colère, agressivité et parfois même violence, s'installent. Ces états provoquent la décharge d'hormones (glucocorticoïde et cortisol par exemple) qui intoxiquent corps et esprit. Elles créent des toxines ou radicaux libres ayant un impact néfaste sur le métabolisme et sur les systèmes respiratoire, cardiaque, immunitaire et nerveux. Autrement dit, les toxines provenant des hormones de déplaisir empoisonnent, au point de rendre malade. Voilà que cette compréhension change tout ! N'est-ce pas ?

Comment choisir le plaisir ?

Comprendre que le plaisir a des effets extraordinaires sur la santé physique, mentale et spirituelle, oblige dès aujourd'hui à prendre plus de décisions. Celles d'adopter le plaisir comme philosophie de vie, de choisir de vivre chaque instant dans la joie, de se mettre à la pratique quotidienne du plaisir, comme si c'était prendre des vitamines ou faire des exercices. Plusieurs moyens sont à disposition pour aider à mieux intégrer cette pratique :
- Avant tout choix, une simple question : “ J'aime ou Je n'aime pas ? ”. Il est parfois difficile d'y répondre mais, avec le temps, il est possible de se rapprocher de plus en plus de soi-même et par-là de ses besoins.
- Prendre conscience des déplaisirs. En chercher donc la source et en diminuer la présence.
- Regarder où le bât blesse, admettre sa responsabilité quant aux changements à opérer et agir en fonction de cette prise de conscience.
- Se demander si nous habitons nos rêves et utilisons nos rêves et nos dons. Sinon pourquoi ne le faisons-nous pas ?
- Utiliser la couleur du plaisir, l'orange, dans le décor, l'assiette, les vêtements...
- Réapprendre à rire au quotidien, rire de soi, dédramatiser.
- Prendre quotidiennement un rendez-vous avec soi-même ayant pour thème le plaisir.
- Adopter la méditation, la contemplation, la visualisation, la respiration profonde ou le silence comme des moyens efficaces permettant de diminuer la présence de cortisol dans le corps.
- Consommer des antioxydants pour contrer l'effet des radicaux libres.
Mais au-delà de toute compréhension rationnelle et scientifique et de toutes mises en pratiques de ces moyens, je demeure profondément persuadée que le plaisir est la réponse existentielle au passage de l'Homme sur Terre comme un moyen extraordinaire d'aimer, de célébrer et d'honorer la vie... : ici et maintenant.