Le développement personnel
      dans Signes & sens

      Comment et pourquoi
      bien se comporter
      avec nos ennemis ?

      Comment et pourquoi bien se comporter avec nos ennemis ?
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      « Dans chaque épreuve, ne cherchez pas l’ennemi, cherchez l’enseignement », disait Mikao Usui (1865-1926), fondateur du Reïki. Cette forme de Sagesse est universelle. Le Christ lui-même transmet qu’il faut aimer ses ennemis. Sans aller jusque-là dans un premier temps (à l’impossible nul n’est tenu), il convient cependant de comprendre qu’à force de diaboliser l’extériorité hostile, nous lui donnons du pouvoir…

      Les spécialistes du coaching et de la psyché enseignent que bien se comporter avec ses ennemis consiste à prendre en considération ses propres peurs intimes. Le véritable courage ne se situerait-il d’ailleurs pas à ce niveau ? Il semble en effet évident que tant que nous attribuons à autrui la responsabilité de nous mettre hors de nous-mêmes, nos jugements intempestifs intensifieront les comportements belliqueux de tous ordres. Une personne qui nous gêne, nous dérange, n’est pas sur notre chemin par hasard, explique la philosophie bouddhiste. Et si le combat reste incontournable, il doit se pratiquer sans haine, renchérissent les adeptes des arts martiaux.

      L’amour et la haine


      Il suffit de considérer simplement une rupture amoureuse délicate pour constater la détestation d’un partenaire qui a pourtant été aimé par le passé. La chanson de Pascal Obispo, « Les meilleurs ennemis », décrit bien l’ambivalence de ces deux sentiments. Or, les guerres, les conflits fratricides, ont toujours pour origine une angoisse profonde. Le récit biblique narre l’assassinat d’Abel par Caïn, Caïn ne se considérant pas comme le préféré de Dieu. Ainsi, le sentiment de ne pas être reconnu peut avoir des conséquences désastreuses. Pourtant, souvent, cette appréciation subjective se transforme, de fait, en fort ressentiment. C’est d’ailleurs tout le sujet des travaux de la psychanalyste britannique Melanie Klein dans son ouvrage « L’amour et la haine ». Notre inconscient nous joue de biens mauvais tours à notre insu, nous faisant prendre les fantasmes pour de la réalité, et ce depuis notre plus tendre enfance et nos premières relations objectales avec nos géniteurs. Envisager cette difficulté humaine selon cette perspective contribue déjà à relativiser un certain statut de victime. Cette posture victimisante peut, dès lors, se transformer en celle de bourreau, selon un processus qu’une autre psychanalyste de renom, Anna Freud, a nommé « identification à l’agresseur » en tant que mécanisme de défense inconscient.

      La responsabilité


      D’un point de vue psychologique, il est de coutume de considérer que chacun des protagonistes d’un conflit est responsable à 50 %. Ce résultat paraît logique, la solution étant de parvenir à un compromis de manière à cesser les hostilités. Les ontologistes, quant à eux, vont beaucoup plus loin en soulignant que chacun est responsable à 100 % ! Difficile, voire impossible à comprendre, direz-vous ? Le raisonnement n’est cependant pas si dénué de logique comme en atteste la réflexion d’un célèbre guerrier, Napoléon Bonaparte : Les circonstances, quelles circonstances ? Je suis les circonstances ! En dissociant cette affirmation de l’homme discutable qu’il a été, il est tout à fait possible de penser, comme le théorise tout adepte de la Loi d’Attraction, que le monde qui nous entoure n’est qu’une projection de ce que nous pensons. Ainsi, l’ennemi, avant d’être extérieur, est en nous. Carl Gustav Jung parle, à ce propos, de l’absolue nécessité de prendre en compte notre ombre inconsciente, en affirmant que tout ce qui ne remonte pas à la conscience revient sous forme de destin. Or, quel meilleur ami avons-nous que nous-mêmes ? Prendre en compte nos démons personnels équivaut donc à considérer nos ennemis tels des amis masqués ayant pour sens de nous interroger. C’est à ce niveau que peut se justifier le commandement du Christ : Aimez vos ennemis !

      Un partenariat surprenant

      Envisager l’existence comme un véritable psychodrame destiné à notre évolution revient à se libérer, peu à peu, de la peur de l’adversaire. Nos ennemis, réels ou fantasmés, deviennent alors de véritables partenaires. Il ne s’agit donc pas de refuser l’affrontement lorsqu’il est inévitable. Être un béni-oui-oui ne règle pas plus le problème que de se laisser aller à des projections haineuses. On ne fait pas mobiliser une armée parce qu’on est en colère. On ne livre pas bataille parce qu’on veut se venger, précise Sun Zi, auteur de « L’art de la guerre », manuel de stratégie militaire rédigé voilà plus de 2 000 ans. Il ajoute : On ne déclenche une guerre que s’il y a quelque chose à obtenir… En fait, le secret ultime réside dans la capacité à se centrer sur soi et ses véritables besoins, l’action juste advenant de surcroît. Les maîtres des arts martiaux n’enseignent pas d’autre ligne de conduite possible. Roland Habersetzer, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, écrit dans « Le ju-jitsu et le kiai » : La seule chose importante au combat, c’est « haragei », concentration dans l’abdomen de tous les éléments physiques et mentaux de la personnalité afin qu’en jaillisse la source d’une puissance hors du commun, le «  ki ». Tout le reste, armes, techniques, corps, ne sont que des outils dont on devrait toujours pouvoir se passer à un très haut niveau. La fin du raisonnement est claire : Le vainqueur triomphe sans combattre… Cette forme d’acceptation est une voie difficile, certes, mais elle seule peut aboutir à la paix de l’âme. Nos « ennemis » peuvent se manifester de multiples façons : une maladie, une douleur, une révolte contre l’injustice… Apprendre à les considérer différemment d’une agression est essentiel pour évoluer vers toujours davantage de paix. Marie-Claude Haumont, Praticienne en relation d’aide, exprime très bien cette sagesse lorsqu’elle dit qu’accepter, c’est prendre conscience que ce qui arrive fait partie de notre histoire et est, de ce fait, nécessaire à notre histoire. Elle ajoute également qu’accepter, c’est aussi déresponsabiliser les autres pour les torts qu’ils nous causent. Il ne s’agit pas de les excuser. Il s’agit de les considérer seulement comme acteurs de notre propre scénario. Une manière de ne jamais admettre le mal et ce, quelle que soit son apparence…

       

      Bernard Esposito

       

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