L’esprit
est ainsi fait qu’il nous « balade » sans en avoir
réellement conscience…. Même si notre corps ne bouge pas, le
mental nous invite habilement à revisiter le passé, nous projetant
à l’identique vers l’avenir. Le seul problème, c’est que nous
en oublions de vivre ici et maintenant.
Les premiers obstacles à dépasser, lorsque la décision est prise de profiter de l’instant, sont les tracas et les soucis incontournables du quotidien. Comment ? En ne se laissant pas embarquer dans le catastrophisme et la kyrielle de pensées négatives qui l’accompagnent…
Ancrage et relaxation
Toutes les méthodes de bien-être insistent sur la nécessaire prise en compte de ce magnifique véhicule que représente le soma. Il suffit d’ailleurs de constater, lors d’une douleur banale, que notre mental s’arrête de vagabonder dès qu’il y a souffrance. Cette réaction constitue la preuve, comme disent les psychologues et les psychanalystes, que le corps est ce que nous avons de plus réel. Vivre au présent consiste donc, dans un premier temps, à bien l’habiter. Patricia Tell, auteur de « Vivre pleinement le moment présent », publié aux Éditions Équilibre, donne beaucoup d’astuces qui vont dans ce sens. Parmi elles : S’asseoir sur un banc ! Elle ajoute : Je suis toujours étonnée de voir les bancs publics si peu occupés. Prenez une minute de votre temps pour vous asseoir sur un banc. Vous serez surpris de voir à quel point c’est facile et difficile à la fois. Tout à coup, on « descend du train » et on regarde passer les autres wagons. Regardez le ciel, les arbres, tout ce qui compose le paysage dans lequel vous évoluez. Reprenez contact avec votre corps et avec le sol… Ainsi, l’importance de stopper son agitation, même pour un temps minime, pour laisser la place aux sensations, s’avère primordiale. Des actions aussi simples que manger, se lever, se coucher, lorsqu’elles sont effectuées en pleine conscience, ramènent toujours au présent. Pour ce faire, prendre conscience de ses cinq sens apprend à être avec soi et avec le monde environnant. Tel est du reste l’objectif de certaines séances de sophrologie enregistrées sur CD.
La méditation : une hygiène de vie
Un proverbe sanscrit dit : Occupe-toi du jour présent, car hier n’est plus qu’un rêve, demain n’est rien qu’une vision. Le jour présent, si tu le vis, fera de chaque hier un rêve de bonheur et de ton avenir une vision d’espoir. Alors, occupe-toi du jour présent… La pratique de la méditation, issue des méthodes orientales, est aujourd’hui largement accessible : qi gong, yoga, tai chi, zen, n’ont pas d’autre sens que d’entraîner le corps et l’esprit à agir de concert. L’état de méditation est justement un état de présence qu’il convient de retrouver dans toutes les actions de la vie quotidienne afin de tendre vers une juste acceptation.
L’acceptation
Dans son livre « Le pouvoir du moment présent », le spiritualiste Eckhart Tolle développe tout un chapitre sur l’acceptation de ce qui est. Si votre situation globale est insatisfaisante ou déplaisante, écrit-il, reconnaissez d’abord l’instant présent et lâchez prise face à ce qui est. C’est la torche électrique qui fend le brouillard… Ensuite, envisagez la situation en détail et demandez-vous : « Est-ce que je peux faire quelque chose pour changer la situation, ou l’améliorer, ou pour m’en dégager ? ». Ne confondez pas le lâcher-prise avec l’attitude je-m’en-foutiste du genre « Ça m’est égal ». L’histoire de Jean illustre bien cette posture psychologique libératrice…
Le voyant de sa voiture clignote, lui indiquant que le moteur chauffe et qu’il doit absolument s’arrêter. Jean a un rendez-vous important. Plutôt que de commencer à se passer mentalement des films sur la conséquence de son éventuel retard, il accepte ce qui est : il ne peut plus rouler, c’est un fait pour l’instant. Très positif, il se dit qu’il a dû peut-être s’éviter un accident. Jean ouvre le capot et identifie l’origine de la fumée qui émane du moteur. Il s’agit d’une durite qui fuit et qui peut être réparée de manière provisoire. L’action lui prend une vingtaine de minutes. Il appelle la personne avec qui il a rendez-vous pour la prévenir de son retard et savoir si ce rendez-vous tient toujours malgré cet aléa. Le rendez-vous a lieu. À aucun moment, Jean n’est revenu en arrière en s’angoissant a posteriori en utilisant des réflexions négatives et inutiles du type : « Et si je n’avais pas pu redémarrer ? »… Chacun devrait pouvoir faire sien l’esprit de cette anecdote : l’acceptation de ce qui est, sans pour autant s’y résigner.
Gilbert Roulier
