|
Le développement personnel
dans Signes & sens
Le sens
de la thérapie EMDR
|
Nouvelle méthode de psychothérapie, la technique EMDR (ou « Eye movement desensitization and reprocessing ») utilise la stimulation sensorielle bilatérale par le mouvement des yeux, pour aider le patient à se libérer d’un stress post-traumatique. L’utilisation de stimuli auditifs et cutanés est également possible.
Selon les données de l’HAS (Haute Autorité de Santé), la prévalence des troubles anxieux tels que le stress post-traumatique, dans la population générale, aurait une prévalence sur un an de 2,2 % et sur la vie entière de 3,9 %. La thérapie EMDR résulte des travaux d’une psychologue américaine, Francine Shapiro (en 1987), à partir d’une expérience personnelle. Cette femme, après l’annonce d’un cancer, avait remarqué l’apaisement de ses pensées par des mouvements oculaires rapides, méthode qu’elle appliquera aux vétérans de la guerre du Vietnam. La prise en charge par la thérapie EMDR s’applique pour tout sujet ayant subi un traumatisme lui-même ou ayant été le témoin d’une scène à tonalité violente. Ses indications comportent les victimes d’agressions physiques, sexuelles, d’accidents graves comme ceux de la circulation, les sujets pris dans un braquage de banque ou de supermarché, ou présents sur des lieux d’attentats. Mais il peut s’agir également, selon l’Association EMDR France, « d’évènements de vie difficiles comme des séparations, des deuils, fausse-couches ou IVG non réglées, d’autres troubles psychologiques, addictions, phobies... ».
Le tableau clinique
Le stress post-traumatique s’installe généralement un à deux mois après la phase aiguë de réaction au stress lorsque le traumatisme psychique persiste avec une forte intensité. Le sujet concerné n’arrive alors pas à se libérer du choc émotionnel enregistré, état qui se traduit par un sentiment d’anxiété, d’effroi, de vulnérabilité et souvent la prise de conscience d’une réalité possible de mort imminente. L’agression vue ou observée devient envahissante sur le plan psychologique. Elle se traduit par un tableau clinique comprenant une peur persistante, des manifestations psychosomatiques comme des poussées d’eczéma, des troubles du rythme cardiaque à type de pointes au cœur ou d’épisodes de tachycardie, la reviviscence en boucle du traumatisme, essentiellement la nuit ou lors de situations rappelant l’incident, des conduites d’évitement de certains lieux semblables à la scène initiale, une emprise de l’intellect du sujet par ce vécu difficile, voire un état dépressif possible.
La méthode EMDR
Après le recueil du récit du patient et quelques entretiens de préparation au travail proprement dit, les séances peuvent débuter. Il s’agit de replonger l’individu dans son douloureux passé, en l’incitant à relater son histoire. Ce récit est interrompu par le thérapeute dès l’évocation de certains éléments déterminants. Le praticien invite alors la personne à effectuer, en suivant son doigt ou un objet, des mouvements oscillatoires répétés des yeux, d’une durée brève (de 30 secondes à quelques minutes), tout en lui demandant de rester fixé sur le souvenir anxiogène ou l’image envahissante retenue. La stimulation visuelle permet ainsi une désensibilisation et un retraitement par la mobilisation rythmique des yeux, des pensées et sentiments négatifs enregistrés par le cerveau, libérant de fait le sujet de sa souffrance et de ses angoisses. Progressivement, la concordance entre le souvenir évoqué et le travail visuel diminue progressivement l’intensité des affects douloureux. Leur remplacement par des images positives devient possible. Cette reprogrammation de données mnésiques s’expliquerait par le fait d’amener le patient dans un état semblable au sommeil paradoxal. Il faut compter en moyenne entre 5 et 15 séances, d’une durée variable de 60 à 90 minutes, pour évacuer un traumatisme, en fonction du profil et de l’histoire du patient. Cette méthode s’adresse à tous, y compris aux enfants et aux adolescents.
Caroline Bérillat
|
