Le développement personnel
      dans Signes & sens

      Savoir quitter
      quand c’est nécessaire

      Savoir quitter quand c’est nécessaire
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      « Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi… » chante Charles Aznavour dans une de ses superbes chansons. Et même s’il n’est pas toujours facile de tirer un trait sur une histoire sentimentale, apprendre à s’en détacher reste pourtant parfois la seule solution envisageable.

      Comment objectiver qu’une vie de couple a atteint son point de non-retour et qu’il vaut mieux y mettre un terme plutôt que se détruire à petit feu ?

      La réponse varie évidemment en fonction de chaque situation conjugale et il est préférable de ne pas agir sur une simple impulsion. Il est cependant possible d’identifier un quotidien qui n’a plus de sens et, notamment, lorsque l’éventualité de la séparation a été envisagée à plusieurs reprises sans que rien ne change. Il en va de l’évolution personnelle de chacun des membres du couple. Marie Borrel, dans son ouvrage « Divorcer Zen », paru aux Presses du Châtelet, fait part de ses convictions à ce sujet : Je crois fermement que toutes les séparations sont justes, pour douloureuses qu’elles paraissent dans l’instant. Lorsque dans un couple l’un est insatisfait, voire malheureux au point de s’atteler à la tâche difficile de quitter son partenaire, c’est que quelque chose n’allait pas. Vraiment…

      Un cycle se termine

      Malgré une thérapie de couple, de multiples tentatives de dialogues, Martine et Jean-Michel s’étaient installés dans un véritable no man’s land affectif. Plus d’activités communes, plus d’intimité. Rester ensemble pour les enfants constituait un leurre. Pire, à ce stade de la relation, ç’aurait été les prendre en otage et leur faire payer consciemment ou inconsciemment les conséquences du désamour de leurs parents. Mieux valait envisager une séparation officielle. C’est la sage décision que le couple a adoptée, d’autant que chacun était autonome financièrement. Il s’agit dans ce cas d’un cycle d’évolution qui se termine. Les routes se séparent naturellement car, comme l’explique Arouna Lipschitz dans « 52 clés pour vivre l’amour », il n’y a plus d’enjeu de dépassement de soi dans la relation…

      La confusion plaisir-besoin

      Outre les cas de violences physiques qui nécessitent impérativement de rompre au plus vite, il existe des comportements de type dominant/dominé qui signalent un dysfonctionnement. Ainsi, le manque de respect pour son partenaire est évident lorsque le conjoint devient donneur de leçon : par exemple, imposer une pratique sportive. L’amour consiste à permettre l’épanouissement et surtout pas à favoriser une quelconque forme d’infantilisme. Or, cette forme de relation fait régresser dangereusement l’inconscient à une période où il confondait plaisir et besoin, époque où il était dépendant de ses parents fantasmatiques en tant qu’objet d’amour et de haine. Culpabilité et agressivité s’installent alors insidieusement, occasionnant des dégâts collatéraux. Si certaines menues disputes prouvent la vitalité d’un couple, elles peuvent aussi devenir le seul moyen de communication au fil des années. Il est alors temps de se poser la bonne question et prendre la décision qui s’impose : Mon couple est-il fondé essentiellement sur un besoin de sécurité ? Si la réponse est positive, il convient de se réapproprier sa part de responsabilité tout en se disant, comme le souligne Arouna Lipschitz, qu’il n’y a pas eu faute mais inexpérience partagée. Dans un premier temps et dans un sens d’apaisement, la sagesse voudrait que l’un des conjoints soit hébergé pour quelques jours chez un parent, un ami. La recherche permanente de conflits signale en effet que la parole ne passe plus, ce qui déclenche chez les deux protagonistes des états régressifs. Il s’avère donc inutile d’insister en s’accrochant au fantasme puéril qui consiste à penser que le partenaire changera au gré de projections verbales intempestives et de plus en plus bruyantes. La séparation est salvatrice dans la mesure où elle permet une saine centration et une réelle responsabilisation. Comme pour des enfants qui se querellent dans une cour de récréation, la solution ne réside plus dans le fait d’argumenter à l’infini pour savoir qui a raison ou tort, mais bien à comprendre qu’il n’y a absolument plus rien à gagner à laisser les choses s’envenimer de la sorte.

      La trahison

      Le non-respect, c’est aussi une trahison dévoilée, cause de souffrance, celle ou celui qui en est l’auteur restant incapable d’effectuer un choix. Ainsi, d’un point de vue psychanalytique, installer une double relation relève également d’un inconscient immature. Le conjoint légitime devient fantasmatiquement une figure parentale (la mère ou le père), alors que l’amant ou la maîtresse n’est envisagé(e) que comme objet de plaisir. Au final, personne n’y est à sa place en tant que sujet désirant, le jeu des rivalités œdipiennes empoisonnant le quotidien. Un dénouement salvateur consiste, pour le conjoint trahi, à faire cesser la méprise en demandant la séparation mais en prenant garde de ne pas nourrir de sentiments de vengeance. Il est question ici ultimement de remercier dans le sens de congédier. Comme le dit encore Arouna Lipschitz, quels que soient les mauvais souvenirs que nous a laissés notre partenaire, il a contribué sinon à notre bonheur, au moins à notre évolution : nous savons ce que nous ne voulons plus. Le futur ne peut qu’en être meilleur…

       

      Géraldine Robin

       

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