Le point de vue
de Signes & sens
Nous désirons tous optimiser notre santé et souffler un peu tant la vie semble nous maltraiter… Sachons déjà que ce raisonnement légitime autour de la victimisation est incorrect : c’est nous qui nous faisons du mal. L’existence, qui est neutre, n’a rien à voir avec nos souffrances, aussi insupportables soient-elles. Explications.
L’être humain, quel qu’il soit, passe son temps à cliver son quotidien en bon et mauvais. Or, il n’y a ni bons, ni mauvais évènements. La voie royale de l’acceptation consiste à admettre que nous sommes sur terre pour évoluer. Ainsi, tout ce qui nous apparaît désagréable, détestable, insupportable, abrite systématiquement une leçon dont nous avons besoin pour gagner en sagesse. Et tout ce que nous ressentons comme agréable correspond à des respirations, des pauses, nécessaires pour nous détendre, reprendre confiance, constater nos progrès, avant d’accueillir un nouvel enseignement. Il est curieux du reste de réaliser que nous rejetons ces rythmes et leurs alternances alors que nous trouvons normal qu’après la pluie vienne le beau temps… Pourtant, une situation qui nous dérange, qui nous déstabilise, qui nous fait horreur, peur ou honte, vaut d’être traversée car elle permet aussi de s’autobilanter et de s’évaluer : génère-t-elle en nous de la colère, de la tristesse, de l’angoisse ? Regarder ainsi nos comportements, lorsque la détresse nous accable, permet déjà à l’anxiété de s’essouffler, à condition de ne pas nous juger (ni de juger ceux que nous croyons responsables de notre désarroi). Il s’avère également essentiel de ne pas chercher à combattre psychologiquement ce qui nous agresse, la consommation énergétique dans ce cas mettant à mal nos réservoirs libidinaux et donc notre organisme. En faisant la guerre à ce qui fait partie de notre trajectoire humaine, nous nous nions et fabriquons un état de tension qui dramatise davantage encore la problématique. Intégrons que nous ne pouvons pas faire autrement que de connaître des épisodes pénibles, agréables, inodores et sans saveur aussi, qu’il s’agit de laisser exister, sans chercher à les ignorer ou à les transformer. Cette autre forme d’acceptation est de toute façon potentiellement possible et supportable dans la mesure où chaque seconde est impermanente. Il ne sert donc strictement à rien de vouloir tout contrôler, évidence salvatrice qui dilue douleur, peine et incompréhension. Il devient ainsi possible de ressentir que chaque émotion paraît et disparaît, qu’elle soit vécue positivement ou négativement. Une façon libératrice d’atteindre la conviction que le négatif finit toujours par mourir en laissant la place au positif. À l’instar de Gandhi qui assurait qu’il avait pu voir que « les tyrans sont toujours vaincus », n’ayons aucun doute : nos pensées tyranniques le sont, elles aussi, sans exception.
