Un réseau de psychanalystes
à l’hôpital

Un réseau de psychanalystes à l’hôpital
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Fondé à partir d'une expérience clinique de psychanalyste datant de 1991 à l'hôpital Avicenne (AP-HP), le Réseau pour la Psychanalyse à l'Hôpital vise à travailler et définir la position du psychanalyste à l'hôpital, ainsi qu'à interroger sur la question de la cure (de l'intérieur à l'extérieur de l'institution). Équipe composée de psychanalystes, psychothérapeutes et étudiants en formation, le Réseau a pour correspondants des hôpitaux, associations et institutions. Son orientation clinique a conduit le RPH à mettre en place une Consultation Publique de Psychanalyse. Fernando de Amorim, psychanalyste, a contribué à constituer un lieu privilégié de réflexion entre tous « les amis de la psychanalyse » à l'hôpital.

Psychanalyse Magazine : Comment avez-vous pris la décision de créer les réseaux de psychanalyse à l'hôpital ?
Fernando de Amorim :
J'avais remarqué la défaillance des hôpitaux auniveau de l'accueil du discours inconscient de leurs malades. L'inconscient à l'hôpital est un peu partout dans les symptômes que le patient amène au médecin. Ni le médecin, de par sa formation médicale, ni le psychiatre par la spécificité de ses études, ni le psychologue par sa formation universitaire ne peuvent accéder à une lecture de ces symptômes, c'est-à-dire entendre ce qui est dit par le malade au niveau de son corps. Comme tous les psychanalystes le savent, la dimension de l'inconscient existe, dimension qui ne peut donc être entendue au niveau hospitalier. J'ai ainsi commencé à faire un travail en mettant en place les éléments qui m'ont été appris par Freud et par Lacan, la question de la règle fondamentale, du nombre des séances par semaine, de la séance lacanienne avec sa logique atemporelle... J'ai alors interrogé ce qui était fait à l'hôpital.

P. M. : Comment les malades vous ont-ils accueilli ?
F. D. A. : Quelques malades ont été d'accord pour me recevoir. C'est moi qui me déplace, je vais vers le malade alité. C'est ce que j'appelle le moment « 1 » d'une rencontre entre un psychanalyste et un malade. Je demande au malade d'associer librement, ce qu'il fait. Une nouvelle rencontre s'effectue le lendemain, à la demande du malade et ainsi de suite. À la fin de ce travail, un travail autre s'engage. Cette psychothérapie, avec psychanalyste, déplace le malade de sa position première qui justifiait qu'il soit hospitalisé. Dans le moment « 2 », le malade peut se déplacer. Il vient de sa chambre jusqu'au bureau du psychanalyste (consultation externe). Dans le moment « 3 », il n'est plus donc dans sa position de malade puisque le médecin, grâce au traitement médical, l'autorise à quitter l'hôpital. De malade, il devient patient. Sorti de l'hôpital, il vient en consultation, à l'extérieur, me rencontrer. Donc du moment « 1 » au moment « 2 », il y a le transfert mais il y a, surtout, un déplacement libidinal qui se passe au niveau de l'organisme. Dans le moment « 3 » nous pouvons repérer la présence du transfert, du corps. Peut-être même du désir, ce désir caractéristique des analysants, c'est-à-dire désir de savoir.

P. M. : Les psychanalystes de formation linguistique et philosophique rencontrent des difficultés à passer la porte de l'hôpital. Comment, sur un plan pratique, les choses peuvent-elles s'organiser selon vous ?
F. D. A. : C'est aux psychanalystes de se réunir et d'œuvrer pour montrer que la médecine de ce siècle ne peut pas se passer de psychanalystes. Freud, comme Lacan d'ailleurs, n'appuyait pas la perspective d'une psychanalyse accrochée à la médecine. Le problème, ici, n'est pas du côté de la psychanalyse mais du psychanalyste. Qu'est-ce qui empêche un psychanalyste de formation philosophique de travailler à l'hôpital ? C'est au psychanalyste appuyé, soutenu par son analyse personnelle, par la formation qu'il se donne, d'aller frapper à la porte de l'hôpital comme une espèce de mendiant. Peu importe la formation médicale, linguistique ou philosophique du psychanalyste, ici, ce qui importe c'est que cette personne puisse prouver qu'elle est psychanalyste. C'est l'idée même de la passe lacanienne.

P. M. : Faites-vous allusion au « s'autoriser de soi-même » de Jacques Lacan ?
F. D. A. : Je fais allusion au « s'autoriser de soi-même et de quelques autres de Jacques Lacan. C'est le « quelques autres » qui m'intéresse. Des gens se disent psychanalystes parce que « autorisé par soi-même »... Encore aujourd'hui, il faut que les analystes continuent à dénoncer ces mal-entendus. C'est même de notre responsabilité et de notre engagement que de toujours tenir cette ligne éthique, déontologique. C'est à l'analyste que revient la charge de soutenir sa formation. Pour le psychanalyste, une question fondamentale est celle de sa formation personnelle, voilà ce qui compte.

P. M. : Mais que préconisez-vous concrètement lorsque le psychanalyste cherche à se faire entendre malgré tout du corps médical ?
F. D. A. : Au R. P. H. à Paris, des groupes de travail étudient régulièrement Freud et Lacan d'abord ; j'y tiens beaucoup car il le faut pour que nous puissions théoriser la psychanalyse et soutenir sa praxis et ce, notamment, par une lecture complète de Freud et de Lacan. Or, en France, le pays de Lacan, nous n'avons pas encore les œuvres complètes de Freud. Au sein du R. P. H., ceux qui sont très proches de mon travail, sont stimulés à étudier l'allemand avec l'idée qu'ils puissent lire Freud dans le texte original, faire leurs commentaires et articuler Freud avec leur quotidien en travaillant en institutions avec des enfants, avec des toxicomanes, etc... Par ailleurs, nous sensibilisons les médecins par des causeries. On fait en sorte d'inviter le plus grand nombre de médecins ou de chirurgiens à venir discuter avec nous pour débattre d'un sujet. Nous voyons que les médecins sont dans une grande détresse et qui peut y répondre, si ce n'est les analystes ? Le médecin, sensibilisé à ne pas tomber dans le piège d'une toute-puissance où il serait médecin « et » psychologue, est la personne privilégiée à laquelle le malade confie son corps souffrant. Nous cherchons à inviter les médecins à être proches des psychanalystes, dans un dispositif qu'au sein du R. P. H. nous avons appelé « la clinique du partenariat ». En tant qu'analystes, nous avons besoin d'un transfert tout à fait particulier pour opérer. Quand le malade parle de son histoire, c'est-à-dire quand il dépasse le registre de la médecine, à ce moment-là le médecin lui propose de rencontrer quelqu'un en qui il a confiance.

P. M. : Que diriez-vous de ce passage ?
F. D. A. : C'est ce que nous avons appelé « la cônification du transfert », comme dans un cône à la partie supérieure très large et à la partie inférieure moins large ; à un moment donné, le médecin ne peut pas suivre le malade vers le fond du cône, ce dernier vient alors rencontrer l'analyste. Lacan avait déjà donné cette indication selon laquelle lorsqu'on est en analyse, on tombe moins malade ; cette formule excellente, je la vérifie régulièrement. Un patient, atteint d'une maladie à risque létal et qui s'engage en analyse avec un désir de savoir, modifie son organisation libidinale. C'est merveilleux ! Aujourd'hui, en France, puisque nous avons des bons hôpitaux, de bons médecins et des analystes engagés avec le discours de Freud et de Lacan, nous pouvons mettre en place ce genre de dispositif et ça marche. Même si à tout bout de champ une nouvelle « psythérapie » ou une nouvelle méthodologie pour lire le psychisme voit le jour, il faut que nous puissions prouver que, depuis Freud, la psychanalyse est l'unique discipline qui tient la route.

P. M. : Qu'en est-il aujourd'hui, selon vous, du couple médecine-psychanalyse ?
F. D. A. : De mon point de vue, la question médicale n'a rien à voir avec cela, c'est le discours de l'analyste qui compte parce qu'à l'hôpital le psychanalyste est toléré par la gérance. Les résistances existent toujours - heureusement d'ailleurs. Arrêtons de dire que c'est l'autre qui nous empêche d'opérer en tant que psychanalyste. Face à la résistance, c'est aux analystes d'avoir le « swing » pour dénouer la situation. Je rencontre régulièrement des résistances, c'est le travail du psychanalyste ! Qu'est-ce que c'est qu'une psychanalyse ? C'est de la résistance du début jusqu'à la fin et, à la fin, lorsqu'on n'a plus les résistances, il n'y a plus rien...

P. M. : Certains sujets se disent psychiatre « et » psychanalyste ou psychologue « et » psychanalyste. Qu'en pensez-vous ?
F. D. A. : C'est une absurdité. Ça va dans le sens de ce que Freud appelait les « mi-analystes ». Ce ne sont pas des psychanalystes à part entière, ce sont des « mi-analystes » !

 

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