« Au commencement était le Verbe », est-il écrit dans la Bible… Autrement dit, au commencement était le son ! Le « nada yoga », littéralement « yoga du son », s’étaye sur le fait que selon les Écritures spirituelles communes à toute l’humanité, le monde a été créé par un son primordial. Le védisme indien a même identifié le « Om » comme étant cette vibration originelle. Pas étonnant dès lors que cette discipline permette la centration...
Le son est véhiculé par le souffle, le pneuma, que les traditions occidentales traduisent par esprit. Le yoga du son privilégie donc la respiration au travers d’une posture stable (asana), le but étant d’harmoniser l’énergie vitale au travers de 7 chakras. En effet, la tradition de ce yoga singulier transmet qu’à chaque lieu du corps, le long de la colonne vertébrale, correspond un son spécifique.
Les 7 chakras et leur mantra
Pour le yoga, l’énergie vitale prend sa source au bas de la colonne vertébrale et doit par la pratique s’élever jusqu’au sommet du crâne. Lorsque des dysfonctionnements ont lieu, aussi bien au niveau physique que psychique, c’est qu’il existe une dysharmonie entre ces centres d’énergie que sont les chakras. La pratique du nada yoga aide à rééquilibrer l’ensemble du système corps/esprit :
1) - Entre les parties génitales et l’anus, au niveau du périnée se situe le centre que l’on appelle mulladhara. Le son associé à ce chakra correspond à la note do et son mantra est Lam.
2) - Au niveau du coccyx, base de la colonne vertébrale, le système du yoga identifie un point, le svadishtana. À ce centre sont associés la note ré et le mantra Vam.
3) - Au niveau du nombril et dans la colonne vertébrale se situe le point que l’on nomme manipura. Il s’agit pour le yogi de diriger son attention pour y faire vibrer la note de fréquence mi et le mantra Ram.
4) - Au niveau du plexus solaire, à côté du cœur, toujours dans la colonne vertébrale en prenant le sternum comme repère, se trouve le chakra hannahat. La note associée est le fa et le mantra Yam.
5) - Au niveau de la gorge se situe le centre appelé vishudi ou vishuda, selon les traditions. Le son associé est la note sol et le mantra Ham.
6) - Entre les sourcils, à l’endroit où les Indiens dessinent généralement un point ou un symbole spirituel, se situe le centre appelé ajna. La note est le la et le mantra Om. Il s’agit d’un point de centration qui régule tous les autres, d’où le mantra primordial Om qui peut s’écrire aussi AUM ou AOM. Cette transcription en trois lettres exprime le fait que la bouche se ferme progressivement en passant par les sons « A », « O », « OU », « M ». Le son crée aussi des harmoniques, vibrations naturellement associées et très aiguës, qui ont le pouvoir de rééquilibrer les énergies.
7) - Chakra situé à l’arrière du crâne, à l’endroit où certains yogi portent une touffe de cheveux, se trouve bindu. Ce dernier centre est régi par la note si et le mantra Om.
Il existe un dernier centre, le Sahasrara se trouvant au niveau de la fontanelle au sommet du crâne. Ce centre est la porte vers le monde spirituel. Les spécialistes conseillent de travailler cette zone en étant guidé par une personne compétente. Le son est la note do montée à l’octave. Il n’y a pas de mantra particulier.
D’autres approches du yoga du son
Outre le nada yoga, technique très codifiée s’intégrant à la pratique du kundalini yoga et issue d’une tradition millénaire, il est des adaptations très intéressantes que proposent les praticiens du chant harmonique par exemple. Utilisant les vibrations que produisent les sons naturels émis par le consultant ou le groupe, il s’agit – par une posture adaptée et une centration induite par la relaxation et la concentration – de prendre conscience du bien-être qui en résulte. Nul besoin de savoir chanter. Aucun jugement n’est porté. Chacun peut pratiquer cette forme d’art-thérapie et bénéficier de ses multiples avantages. Le terme yoga induisant la notion de lien, toute pratique vocale et musicale permettant de se relier à soi peut être considérée comme faisant partie du yoga du son. Ainsi, l’expression orale représentée par le théâtre-thérapie entre dans ce cadre dans la mesure où il est toujours question de recentrage sur soi. Il ne faut pas oublier que dès les premières lallations, nous nous connectons avec plus ou moins de bonheur au monde extérieur. Se réapproprier sa propre parole innée est alors une forme de yoga qui passe par des approches différentes afin de retrouver sa voix et par là-même trouver sa voie…
Jean Abitbol
