La psycho
      dans Signes & sens

      La valeur créatrice
      du jeu

      La valeur créatrice du jeu
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      Freud, de même qu'Erikson, soutient que les jeux de l'enfant l'aident à renforcer son moi. Grâce au jeu, il résoudrait des conflits résultant (déjà) de complexes. Prenant sa source dans le principe de plaisir, le jeu est donc une gratification et en même temps catharsis : il réduit la tension psychique et permet à l'enfant de supporter les expériences et les situations pénibles.

      L'enfant qui n'a pas à sa disposition l'usage du langage trouve, à travers le jeu, de quoi canaliser ses angoisses. Cette forme de sublimation a la lourde tâche de détourner l'énergie libidinale de ses buts sexuels ; elle permet d'atteindre un certain degré de satisfaction. La sublimation d'une pulsion implique que celle-ci puisse se satisfaire d'objets de remplacement et aussi d'une satisfaction imaginaire ou symbolique qui égale une satisfaction réelle. L'enfant projette, dans les objets, les personnages de son monde interne et met en scène ses mécanismes de défense.
      Freud, avant même d'aborder ses premiers travaux propres à l'enfant, tels « Le petit Hans » en 1909 ou « Le jeu de la bobine » en 1920, établit de façon latente un lien entre l'activité de jeu chez l'enfant et le fonctionnement psychique de l'adulte. L'étude du jeu de la bobine lui permettra de mettre l'accent, de façon manifeste cette fois, sur le passage de la passivité à l'activité ; ce passage s'accompagne d'un sentiment rassurant de maîtrise de la réalité.
      Le jeu est fondamentalement un symbole de lutte : lutte contre la mort (jeux funéraires), contre les éléments, contre les forces hostiles (jeux guerriers), contre soi-même (ses peurs, ses faiblesses, ses doutes...). Même quand ils sont de pures réjouissances, les jeux ont des éclats de victoire, du moins du côté des gagnants. Le jeu est, à lui seul, un univers dans lequel il convient de trouver sa place.

      Le jeu est à l'origine lié au sacré


      Chez les Grecs et les Romains, il se manifestait par des cérémonies qui accompagnaient certaines fêtes religieuses au cours desquelles s'affrontaient, en différentes épreuves, d'une part des athlètes et des acrobates, d'autre part des musiciens ou des déclameurs. Chaque cité organisait ses propres jeux, tandis que des cités alliées participaient à des jeux communs. Le jeu apparaissait alors comme un rite social exprimant et renforçant, à la manière d'un symbole, l'unité du groupe. C'est au travers de ces manifestations ludiques que s'extériorisaient et se résolvaient les oppositions internes. Les grands jeux publics ont revêtu une importance socio-psychologique considérable. Pendant le temps des jeux, plus de guerres, plus d'exécutions capitales, plus de saisies judiciaires : c'est la trêve générale. La seule femme à être admise aux jeux d'Olympie était la prêtresse Déméter, déesse de la fécondité, et cet honneur rendu incline à voir dans ces jeux le symbole de l'opposition entre les forces de la vie et celles de la mort. De plus, Déméter enfanta avec Zeus : Perséphone, déesse de la fécondité. Elle séjournait trois saisons sur terre et une en enfer. Elle symbolise ainsi l'alternance des saisons. Trois mois de l'année, en hiver, elle redevenait la compagne d'Hadès, dieu des Enfers, qui était son ravisseur et son mari. Elle incarnerait la parabole : « Si le grain ne meurt, la moisson ne lèvera pas ». Ainsi, ces deux déesses personnifient la condition humaine de la souffrance et de la mort. Certains jeux et jouets aussi furent riches d'un symbolisme à présent perdu : le mât de cocagne se rattache au mythe de conquête du ciel, le football à la dispute du globe solaire entre deux patries antagonistes... Le jeu est un transfert d'énergie psychique qui, soit s'échange entre deux joueurs, soit communique la vie aux objets (poupées, chemin de fer...). Le jeu « dynamise » l'imaginaire. Jouer avec quelque chose signifie se donner à l'objet avec lequel on joue : le joueur investit sa propre libido dans l'objet avec lequel il joue. Jouer, c'est jeter un pont entre le fantasme et la réalité. Ainsi, l'importance du jeu a toujours été perçue : Platon déjà prônait des jeux éducatifs pour les jeunes enfants. L'observation montre d'ailleurs que les conduites de jeu constituent en effet une très grande part de l'activité enfantine.

      Le jeu est une épreuve


      La fonction représentative caractéristique de l'espèce humaine est en elle-même une forme très spéciale de jeu. Nous jouons avec les représentations des êtres afin de projeter notre action sur eux ou afin de mieux les comprendre. Des jeux individuels à règle arbitraire (suivre les bords d'un trottoir, répéter une phrase difficile plusieurs fois...) aux jeux collectifs traditionnels, en passant par les jeux ascétiques (se mordre jusqu'au sang, faire la statue...), le jeu est une épreuve et une preuve de ce que l'enfant est lui-même face à une échelle de valeur morale. D'ailleurs, le jeu de l'enfant est profondément sérieux : toutes les puissances d'expression corporelle sont mobilisées par ses représentations imaginaires. Jouer est ainsi un rite d'entrée et prépare le chemin vers l'adaptation au réel. De fait, le jeu des enfants peut tourner parfois au drame.
      Dans le jeu, se réfléchissent les relations de l'enfant non seulement avec son monde intérieur mais aussi avec les personnes et les évènements du monde extérieur. C'est Melanie Klein qui a principalement eu recours à la technique du jeu dans ses analyses d'enfants. Elle mettait à la disposition de ses jeunes patients toute une série de jouets (auto, figurines, train...), trouvant dans le déroulement des séances et dans le traitement des objets (choix, rejet, hésitations et commentaire) un équivalent du discours associatif adulte. Elle interprétait ce matériel en se référant systématiquement aux axes majeurs de la technique analytique : transfert, résistance, dynamique inconsciente. Il s'agissait, pour elle, d'un mode de représentations d'un monde (d'un théâtre) intérieur et non un mode d'expression. Ce qu'a découvert Melanie Klein chez l'enfant, c'est « l'image d'un monde d'une complexité extraordinaire ». Pour elle, le jeu était le centre de toute analyse pour autant qu'il fournisse une issue au fantasme. Ce dernier, tel qu'il apparaît dans la situation thérapeutique, exprime, entre autres, agressivité et cruauté, dirigées vers l'objet (de souffrance) et les défenses opposées par le sujet pour contrecarrer cette menace, cette difficulté et s'en défendre.
      Donald W. Winnicott a mis l'accent sur la fonction formatrice du jeu chez l'être humain. Pour lui, l'enfant vient au monde démuni, sans possibilité de distinguer immédiatement un intérieur et un extérieur, un moi et un non-moi. Le besoin interne de l'enfant lui fait créer de façon hallucinatoire un objet subjectif apte à apporter la satisfaction. En cela, il a rejoint Freud qui a postulé l'hypothèse d'une satisfaction hallucinatoire primitive qui anime le principe de plaisir comme devant céder le pas face à l'épreuve de la réalité. Winnicott y a ajouté le rôle de l'environnement : tout d'abord, le rôle de la mère qui est une « mère suffisamment bonne » et qui « sent » assez son nourrisson pour lui présenter l'objet du moment, même si celui-ci le crée sur le mode hallucinatoire. Ainsi se conçoit un espace, une zone d'illusion où l'enfant peut exercer une omnipotence imaginaire en créant l'objet qui, en fait, est apporté par l'environnement. Une nouvelle étape est franchie quand l'enfant, par le jeu (processus essentiel de l'humanisation pour Winnicott), est à même de faire fonctionner pour lui-même cet espace d'illusion et d'omnipotence. C'est là qu'interviennent l'espace transitionnel et les objets transitionnels. Il s'agit ici d'une expérience intermédiaire entre une partie de l'enfant et quelque chose qui n'est déjà plus lui.
      Il arrive que le sujet adulte éprouve le besoin de retrouver cet étayage sur des objets matériels du monde réel, propre au jeu d'enfants (le jeu théâtral étant une des expressions les plus manifestes) et puisse ainsi créer. Le créateur met alors en scène autant de personnages auxquels il peut s'identifier dans leurs « agis » et leurs affects, sans mettre en danger son propre psychisme : s'il reste ainsi dans la sphère de l'illusion, ce passage à l'acte, cette « mise en acte », s'avère dès lors salvatrice, voire thérapeutique. Soyons donc plus enclins encore à imaginer, inventer pour et avec nos enfants, pour leur donner à voir et à entendre, face au piège du conformisme, la singularité de tout être humain.

       

      Paule Nadeau

       

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