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      Le viol : en parler pour s’en libérer

      Le viol : en parler pour s’en libérer !
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      Honte et sentiment de culpabilité constituent les premiers obstacles à un non-dit qui peut se transformer en un véritable enfermement psychologique, lourd de conséquences. Selon une enquête sociologique, seul un viol sur huit environ ferait l’objet d’une plainte : du fait de l’angoisse engendrée, la victime préfère garder le silence sur sa souffrance…

      Le traumatisme qu’entraîne un viol reste pourtant solidement fixé dans le psychisme tant que la parole n’a pas fait son œuvre bienfaitrice. Il peut conduire à des états dépressifs dommageables et empêcher, par la suite, une relation conjugale épanouie. Le film « L’Amour violé », réalisé par Yannick Bellon en 1978 et interprété par Nathalie Nell, Pierre Arditi et Daniel Auteuil, a courageusement ouvert les yeux sur un sujet qui, jusque-là, était resté plus ou moins tabou. Le fait de montrer au grand public les dégâts causés par un tel acte a d’ailleurs permis de le requalifier plus sérieusement au niveau légal.

      Un délit grave

      Le viol est considéré comme un crime depuis une loi votée en 1980. Selon l’article 222-23 du Code pénal, il est clairement défini en tant qu’agression impliquant tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Le coupable est passible d’une peine de 15 ans de réclusion ferme. Si tout violeur est un être humain profondément immature dont la pathologie fait qu’il ne reconnaît pas l’altérité, en aucun cas il ne s’agit d’avaliser son passage à l’acte pervers. Si certains délinquants sexuels ont été eux-mêmes soumis à des violences de ce type, ce qui peut parfois expliquer leur comportement, leur propre traumatisme non évacué ne doit surtout pas excuser leur délit qui reste extrêmement grave.

      Le problème de la culpabilité

      Dans les cas d’abus sexuels, la victime déclenche trop souvent en son for intérieur des questions telles que : N’était-ce pas ma faute ?. Cette réflexion revient souvent lorsque l’agresseur est un sujet dans lequel l’entourage plaçait une certaine confiance. D’ailleurs, selon les statistiques, l’auteur d’un viol est connu de la victime 8 fois sur 10. Quoi qu’il en soit, l’agression touchant à la sphère génitale du plaisir se révèle toujours empreinte d’une énorme culpabilité, même si le violeur est un inconnu. Il est donc essentiel de se défaire de ce sentiment mortifère en osant en parler. Un viol qui n’a pas été mis en mots constitue une véritable chape de plomb pour le psychisme. D’où l’intérêt de trouver rapidement un espace relationnel où déposer ce fardeau. Si porter plainte relève d’un effort trop important, la consultation chez un médecin, qui peut objectiver le viol, puis chez un psychothérapeute s’avère indispensable. Il existe également la possibilité de composer un numéro vert permettant, sous couvert d’anonymat, de libérer la parole. En cas d’isolement, des associations accueillent aussi les témoignages.

      Le choix de la vie
      Chercher à oublier ou, à l’inverse, cultiver une haine sans fin envers le coupable représentent les deux écueils dans lesquels il convient de ne pas tomber. La première solution conduit à une inhibition du désir. Quant à la seconde, elle consomme une énergie phénoménale à rester fixé au moment du traumatisme. La troisième voie consiste à choisir la vie en continuant à avancer. Y aurait-il prescription pour engager des poursuites (au-delà de 10 ans à partir des faits), il demeure essentiel de ne pas laisser s’installer ce que les spécialistes nomment un stress post-traumatique. Clémentine Autain, femme politique, a osé raconter publiquement en 2007 que l’agression sexuelle qu’elle a subie à l’âge de 22 ans a déterminé son engagement en faveur des droits de la femme. Cette forme de sublimation lui a permis de transmettre qu’une femme n’est pas condamnée à survivre après un viol. On peut vivre, se reconstruire, et même se sentir plus forte… À condition de s’entretenir de cette souffrance, au même titre qu’on le ferait à la suite d’un braquage, d’un attentat, du décès d’un proche ou d’une maladie grave. C’est le seul crime, explique-t-elle, où il y a d’abord suspicion à l’égard des victimes. Il faut sortir du silence « qui tue »

       

      Martine Vella

       

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