La psycho
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      Comment parler vrai aux enfants ?

      Comment parler vrai aux enfants ?
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      Votre enfant grandit et pose des questions. Ou encore émet des contre-vérités. Il est nécessaire de parler vrai, sur tout ce qui le concerne, en particulier sur ses ascendants, son entourage familial et sur la vie en général – il n'y a pas d'âge « plancher » pour cela : cette règle est vraie dès que la question se pose.

      Les effets de la vérité sont parfois surprenants mais écoutez l'histoire de Sophie. Elle avait dix-huit mois, raconte sa mère, je me désespérais parce qu'elle pleurait chaque nuit, elle se réveillait pour voir si j'étais là et me réveillait vingt fois par nuit. J'en avais parlé au pédiatre, puis à un psychiatre. Rien n'y faisait, jusqu'à ce qu'un ami médecin me conseille de lui raconter l'histoire de sa naissance. Je l'ai prise sur mes genoux et lui ai raconté comment cela s'était passé : « J'avais eu une grosse hémorragie, j'étais fatiguée, alors la première nuit, je t'ai laissée, tu as dormi à la pouponnière » - Et à ce moment-là, j'ai reçu de ma fille une gifle magistrale! J'en aurais pleuré. Je n'ai pas réagi.

      Le mystère de l’inconscient


      Et après direz-vous ? Justement, c'est là ce qui est intéressant : à partir de ce jour, ou plutôt de la nuit suivante, Sophie n'a plus pleuré la nuit... L'abandon de la première nuit lui était resté sur le cœur, aussi incroyable que cela paraisse chez un tout petit. Sans doute en avait-elle déjà entendu parler en famille, avec l'histoire de l'hémorragie maternelle. Mais là, dans le tête-à-tête avec la mère, elle a pu entendre vraiment et réagir avec vérité, c'est-à-dire avec colère. Certes, tout ceci paraît tiré par les cheveux, la signification de cette histoire est plausible, mais qu'est-ce qui en signe l'authenticité ? Le fait qu'elle ne pleure plus la nuit. L'interprétation serait-elle erronée qu'il reste ce fait que l'on peut difficilement attribuer à une coïncidence. Mystère de l'inconscient...

      À père alcoolique, fils buveur d’eau…


      Parler vrai concerne divers domaines. La gifle de Sophie, souligne l'intérêt de nourrir l'enfant de son histoire, sans déguiser les faits éventuellement douloureux. Tout doit lui être dit de ses ascendants. De ce qui concerne les parents et ascendants proches. Tel oncle qui a mal tourné ne doit pas être dissimulé dans un placard : rien de tel pour que – via l'inconscient des parents, qui réagissent ainsi à leur peur de voir leur enfant suivre ses traces – l'enfant, lui aussi, tourne mal. Inversement, tresser des couronnes hyperboliques à un parent défunt, n'est pas plus intelligent. Comme dans le cas de Véronique, élevée dans le culte d'un père jamais connu, mort à la guerre, dont elle ne savait qu'une seule phrase inlassablement répétée, lui ressassant qu'il avait une âme d'un diamant très pur... Au-delà de ces pieuses fadaises, Véronique aurait aimé savoir qui était réellement son père, ses qualités mais aussi ses défauts, etc... mais rien ne lui était jamais dit. L'enfant ne peut se former, se confronter, s'identifier éventuellement qu'à un personnage dont le portrait a quelque consistance, un portrait vrai et pas simplement un profil de médaille, muet sur l'essentiel. Ce parler vrai amène à dénoncer une énorme balourdise du discours courant – émanant peut-être de certains psy maladroits, au freudisme mal assimilé – que vous avez sûrement entendue : Il faut préserver l'image du père. Ceci lorsque le père a mal tourné ou dans les divorces conflictuels. L'erreur est de confondre l'image du père – qui doit être vraie, conforme à la réalité des faits – et la valeur de la parole d'un père, qui n'a pas besoin d'avoir une image prestigieuse pour dire la loi à l'enfant. Certes, si le père est un pervers, il se trouve de ce fait même disqualifié de sa fonction paternelle (la justice est là, en général, pour le souligner) : ceci aussi doit être dit à l'enfant. Sinon, c'est cette fonction d'autorité que la mère doit reconnaître, même si elle a quelques griefs à l'encontre de son mari, ou si elle n'est pas de son avis. Soulignons ici que l'image du père doit être dite à l'enfant, conforme à la vérité – fut-il voleur, violeur, assassin, pédophile... Face à une image vraie, l'enfant peut se situer, l'accepter, la rejeter, s'y identifier, ou s'identifier en contre : à père alcoolique, fils buveur d'eau.

      Parler au nourrisson


      Parler vrai, c'est aussi savoir parler au nourrisson, à l'enfant qui ne possède pas le langage. Savoir dire au nouveau-né qu'il est né sous X, d'une mère qui n'a pas pu le garder, savoir dire, même à un tout-petit – a fortiori s'il possède le langage – qu'il est adopté et tout ce que l'on sait de ses parents réels, etc. Bien souvent, les parents reportent le moment de dire des vérités douloureuses : puissent- ils comprendre que ce qui est pathogène – ce qui engendre des troubles psychiques – n'est pas la douleur suscitée par la vérité mais le fait qu'elle soit dissimulée.

      Nul impératif


      Ceci concerne tous les événements familiaux : les deuils, les accidents, etc. Ta grand-mère est morte se dit à l'enfant comme à l'adulte. La question se pose parfois ensuite : Doit-il la voir ? (sur son lit de mort). La réponse est simple : comme il veut. Rien à lui dissimuler – mais aucune obligation non plus s'il y répugne ou que cela l'angoisse. Il n'est nullement impératif qu'il l'embrasse une dernière fois.

      La mort du hamster


      La dissimulation du fait de la mort, dans notre société, est fréquente. Même vis-à-vis des petits animaux familiers. Mais non, il n'est pas mort ton hamster, il dort ! est stupide. La mort du hamster est une bonne occasion, pour l'enfant, de rencontrer concrètement le fait de la mort et ensuite, éventuellement, d'en parler.

      T’es sorti du sapin !


      Parler vrai, c'est aussi veiller à parler de ce qui va de soi pour l'adulte mais pas obligatoirement pour l'enfant. Donc essayez d'être compris : La tante de Paul, trois ans, est un jour victime d'un accident de la route, sans gravité mais qui nécessite son hospitalisation pour quelques jours. Paul entend donc dire, à ce moment-là, qu’elle est rentrée dans un sapin. Depuis, il n'ose plus aller dans le fond du jardin, où s'élève un magnifique sapin, mais on n'y prête guère attention. Jusqu'au jour où elle reparaît et qu'il s'écrie : T'es sortie du sapin !... Le bébé est dans mon ventre, disait cette maman à Céline, trois ans, pour lui annoncer la nouvelle... Réponse horrifiée de Céline : Tu l'as mangé. L'usage de la métaphore s'acquiert vite chez l'enfant, encore faut-il veiller à ce qu'il ait acquis ce deuxième degré...

      Ne pas noircir abusivement


      Pas de censure. Celle-ci relève souvent d'un sadisme inconscient, d'un désir d'affirmer sa puissance d'adulte face à l'enfant, comme l'énonçait cette maman : Les enfants, ça ne doit pas savoir ! . Si, Madame, il faut qu'ils sachent, même si vous perdez un peu, face à lui, de votre prestige de celle qui sait. Il n'est nul besoin de le tenir – pour son bien – systématiquement à l'écart des violences de la vie, alors que la télévision, justement, l'en instruit – et que tous ses camarades de classe y ont accès. Il faut, là, faire avec son temps – même s'il y aurait beaucoup à (re)dire sur cette inflation de l'image dans notre société. Le journal télévisé fait partie de la vie de l'enfant comme de la vôtre. Complétez-le par vos commentaires, parlez-en avec lui. C'est l'occasion de l'instruire de l'existence des pédophiles. La difficulté, c'est de ne pas noircir abusivement la situation.

      Pas de messes basses !


      Pas de messes basses devant l'enfant, parce qu'il s'agit de sujets qui ne le regardent pas. Le plus souvent, cette crainte d'être entendu par des petites oreilles qui traînent vient de la gêne des parents d'évoquer devant l'enfant des sujets qu'ils jugent traumatisants, alors qu'ils font partie de la vie de tous les jours (faits divers des journaux ou de l'entourage familial, problèmes de société : avortement, etc.). Les messes basses sont impolies face à un adulte, pourquoi seraient-elles plus légitimes devant l'enfant ? Elles ne peuvent que l'inquiéter ou l'infantiliser. Ce souci de préserver l'enfant de certaines vérités pénibles est maladroit. Il faut qu'il découvre la vie comme elle se présente à lui – et il n'y a pas d'âge pour cela. N'en parlez pas devant lui si cela vous gêne. Sinon, éclairez-le sur ce dont il s'agit.

      Descendre de votre piédestal


      Il est des vérités d'ordre général sur lesquelles l'enfant demande des éclaircissements : sur la vie, la mort... Et peut-être êtes-vous bien en peine de lui répondre... Dites ce que vous croyez vrai – si vous croyez au paradis, dites-le et le contraire si vous n'y croyez pas. Dites, en somme, votre vérité. Et aussi, sachez dire Je ne sais pas, ou Il n'y a pas de réponse, à certaines questions. Ne vous croyez surtout pas dans l'obligation d'être pour l'enfant celle qui sait tout... Descendez de votre piédestal – où l'enfant obligatoirement vous place – le plus tôt possible : c'est l'intérêt de l'enfant d'avoir une mère vraie.

      Et le Père-Noël ?


      Est-il besoin de préciser qu'il faut cesser de jouer au Père-Noël, dès que l'enfant a un doute et pose la question de son existence réelle ? C'est un petit coup au cœur de voir qu'il grandit et que ce jeu charmant est terminé. Mais votre enfant doit avoir confiance en vous : il est légitime de jouer à faire comme si mais pas au-delà du questionnement de l'enfant.

      Comment parler l’amour ?


      Essayez d'être vraie sur la manière dont vous parlez de votre amour pour vos enfants. En général, les mères, gênées, s'en tirent en s'abritant derrière la formule habituelle : Je vous aime tous pareils. Or c'est faux – jamais une mère n'aime également tous ses enfants. L'un n'est pas l'autre, n'est pas né au même moment, etc. Certes, il serait stupide d'établir un classement en termes de plus ou de moins, comme l'enfant peut se l'imaginer. Cela ne se présente pas de cette façon et c'est beaucoup plus mystérieux. Mais il y a place pour tous dans l'amour maternel, chacun selon sa spécificité. Il n'est peut-être pas mauvais aussi de laisser entendre à l'enfant qu'il y a des limites à l'amour maternel – mais oui, bien sûr ! Au rebours du sens commun. Si l'enfant devient odieux, il sera rejeté. Il faut que l'enfant comprenne la nécessité d'y mettre un peu du sien pour être aimable.

      Quand la rupture est dans l’air…


      La mésentente éventuelle des parents ne doit pas être dissimulée – d'ailleurs, vous ne pouvez pas la cacher : l'enfant en a très vite l'intuition. Dites la vérité sur les crises, les doutes, les faux-pas, les vacillements de l'amour. En précisant que ceci concerne le couple mais non l'enfant, qui ne doit pas être partie prenante dans ces difficultés. S'il sent planer la haine, la discorde, il s'angoissera de toute façon, donc mettez des mots sur ce qu'il ressent déjà, vous diminuerez son angoisse. C'est d'ailleurs une bonne manière d'introduire auprès de lui la question de l'amour : cela ne se commande pas. Si les parents ne se désirent plus, donc ne s'aiment plus, ils n'y peuvent le plus souvent pas grand' chose, au point où ils en sont arrivés, quand la rupture est dans l'air (peut-être, avant, auraient-ils pu apprendre à mieux s'aimer ?). Il vient un moment où la situation les dépasse. On n'aime pas sur commande, l'amour a un côté mystérieux, qui nous dépasse : de cela l'enfant peut-être ainsi instruit. Un couple qui joue la comédie de la bonne entente et de l'amour, pour le bien de l'enfant, n'apporte à celui-ci qu'une mascarade douloureuse et pathogène.

      La scène primitive


      Il y a un sujet particulièrement important à aborder avec l'enfant, en sachant ne pas fuir au nom d'une pudeur maladroite, et ici, franchement pathogène : la vie sexuelle du couple parental. Nul besoin d'aller au-devant des questions et de préparer un topo... Sachez seulement ne pas fuir. Car les enfants – c'est un fait d'expérience constante, pour le psychanalyste – sont confrontés, que vous le vouliez ou non, à votre vie de couple : ils se demandent ce qui se passe derrière les portes fermées et ils en perçoivent, très généralement, quelque chose : des images furtives et surtout des bruits qui passent les murs et les inquiètent. La scène primitive – c'est ainsi que Freud a désigné ce que l'enfant perçoit ou imagine de la sexualité parentale – est pour lui traumatisante. Car il y voit, très habituellement, une scène violente, se méprenant sur la nature des gémissements ou des cris qui lui parviennent. C'est de surcroît douloureux, s'il en a saisi la nature amoureuse, parce qu'il en est exclu. Le traumatisme est ici celui nécessaire de la loi : dans ces ébats amoureux, papa et maman sont l'un pour l'autre et non pour lui. En revanche, ce qui en rajoute, et que vous pouvez éviter, c'est le silence, ou les négations maladroites : Mais non, tu as dû rêver, il ne s'est rien passé. Saisissez l'occasion de ses questions, ou des incidents survenus, pour lui dire quelque chose de vrai sur ce qu'aimer veut dire – pour le couple homme-femme – et en particulier sur ce grand oublié de l'éducation sexuelle : le plaisir. Les images sexuelles (visuelles ou sonores) ne traumatisent l'enfant, de manière pathogène, que dans la mesure où les mots manquent, si la censure et la gêne viennent surcharger d'angoisse inutile la perception par l'enfant de la loi. Dans des conditions de logement misérable, bien des enfants sont témoins des ébats des adultes et ne s'en portent pas plus mal : dans ces familles, la sexualité s'étale, sans être censurée et les mots ne manquent pas pour doubler les images (les enfants savent en parler entre eux). Dans des conditions de vie décentes, le couple a la chance de pouvoir s'isoler. Mais le devoir s'impose alors de dire à l'enfant quelle place, importante et juste, tiennent la sexualité et le plaisir dans la vie d'un couple où les parents savent s'aimer. Et qu'au fond il n'y a rien de plus beau qu'un homme et une femme qui s'aiment de tout leurs corps...

       

      Docteur Michel Pouquet*

      *Pour en savoir plus, lire :
      « Découvrir son enfant »
      Ed. L'Harmattan


       

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