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La psycho
dans Signes & sens
Une thérapie
avec les marionnettes
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Lorsqu’on fait allusion au théâtre de marionnettes, difficile de faire l’impasse sur ce trio de figurines – créées à Lyon au début du XIXème siècle par Laurent Mourget – que sont Guignol, Gnafron et Madelon. Cette forme singulière de théâtralisation, utilisant des marionnettes à gaines manipulées par des acteurs “invisibles”, doit son succès au fait qu’elle permet d’aborder des sujets sensibles sous l’angle du comique et de la dérision. En effet, à l’origine, une grande place était faite à l’improvisation.
Dans son ouvrage « Jeu et réalité », le psychanalyste Donald Winnicott écrit que le jeu est une thérapie en soi. Lorsqu’il est question de marionnettes, l’aspect ludique s’associe très bien avec l’axe thérapeutique, que ce soit dans le jeu théâtral ou dans la confection des figurines.
Marionnettes et traditions
Communes à toutes les civilisations, les marionnettes appartiennent au patrimoine de l’humanité. Ainsi a-t-on récemment découvert un bas-relief de la période toltèque (datée des années 400 à 900 de l’ère chrétienne) sur lequel est représenté un marionnettiste animant une marionnette à gaine du même type que celle du célèbre Guignol lyonnais. En Afrique, cette figurine représente une médiation entre les ancêtres, les dieux et certains sujets aux prises avec des difficultés.
Un support projectif
Depuis longtemps utilisée au service d’enfants en difficultés scolaires, la marionnette facilite l’expression de soi pour des sujets souffrant d’inhibition. La parole se libère dans la mesure où est « joué » ce qui ne peut se dire ou ne veut pas se dire. Protégé par la marionnette, l’actant projette à loisir ce qui était retenu jusque-là, sans angoisse de rétorsion puisqu’il s’agit d’une mise en scène… Intégrée dans une technique d’art-thérapie, la marionnette donne ainsi toute son importance au rêve, à l’imaginaire, à la créativité. Indépendamment de son aspect directement cathartique, le matériel psychique est interprété par le thérapeute, apportant ainsi un mieux-être chez le consultant. Par ailleurs, la séance ayant lieu en groupe, elle permet d’autant plus de travailler sur un axe de communication. Les arts plastiques sont également largement sollicités puisque certains ateliers créatifs proposent de confectionner sa propre marionnette de A à Z. Le dessin, la peinture, le modelage participent donc aussi à libérer l’imagination. À la fois pédagogique et thérapeutique, l’écriture d’un scénario entre également dans ce cadre.
Les différentes formes
Outre la marionnette enfilée comme un gant et animée derrière le castelet, cet objet singulier peut prendre des formes différentes :
– La marionnette à manche est très intéressante d’un point de vue de l’expression corporelle. Elle fait corps avec le marionnettiste qui maintient un manche au bout duquel se situe la tête de la figurine. Les pieds, glissés sous les chaussures de la marionnette, permettent une identification complète.
– Le théâtre d’ombre est une forme très ancienne du théâtre de marionnettes. Bien que l’on parle d’ombres chinoises, son origine semble être, selon les spécialistes, d’origine indienne. Il s’agit de projeter sur un écran des formes ombrées en utilisant une source lumineuse.
– La marionnette à fil demande une maîtrise importante du marionnettiste, toutes les articulations étant reliées à un fil.
Agnès Rondeau
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