Rester bons amis après une rupture ne coule pas de source. Pourtant, si comme le dit Marie Borrel dans son livre « Divorcer zen », la séparation idéale n’existe pas, faire en sorte de ne pas renier une partie de son existence en s’interdisant tout lien avec son ex reste de l’ordre du possible. À condition toutefois d’être au clair avec ses sentiments…
L’argument des ex-amants gardant un contact épisodique ? Se découvrir sous un autre jour, guéris tous deux de leurs blessures, et réaliser que la vie ne s’est pas arrêtée après l’éloignement. Il s’agit d’une opportunité pour montrer que personne n’est coupable et que cette union révolue a eu sa raison d’être, chacun ayant participé à l’épanouissement de l’autre, qu’il soit le quittant ou le quitté. D’ailleurs, ne serait-ce pas là le véritable sens à donner à l’amour ? Rendre libre…
Attention à la confusion !
Il n’y a aucune recette valable pour chaque cas. Quoi qu’il en soit, un ex doit rester un ex. Lorsque la séparation est consommée, il serait malsain de confondre amour et amitié. Se situe ici l’intérêt de ne pas se précipiter. Après la disparition du binôme sentimental et sexuel, il n’est pas question de se dire que tout va fonctionner comme au premier jour de la rencontre et resituer l’inconscient de l’un ou de l’autre des partenaires – voire des deux – dans un processus dit d’
annulation rétroactive. Cette expression appartient au vocabulaire psychanalytique. Elle désigne un comportement pathologique qui consiste à resituer imaginairement le couple avant la période de désaccords : les membres du couple dissous, portant un déni sur tous les motifs qui ont abouti à la rupture et perdant le sens des réalités, s’exposent à reproduire les mêmes écueils avec, de surcroît, des conséquences beaucoup plus dramatiques.
Une relation saine
L’amitié entre un homme et une femme étant déjà sujette à interrogation, que dire de l’amitié entre deux ex ?
Il m’arrive de rencontrer Nicole, explique Pierre, son ex-mari.
Mais il n’y a là aucune ambiguïté. Disons qu’il ne s’agit pas d’une amitié exclusive comme on pourrait l’entendre. Simplement, et c’est déjà beaucoup, nous ne changeons pas de trottoir lorsque nous nous apercevons en ville. Nous pouvons même aller boire un café ensemble sans qu’il y ait l’ombre d’une nostalgie…
Ceux qui sont parvenus à un tel degré de communication ont véritablement réglé leur rancœur, n’ayant plus l’ombre d’un ressentiment. Leur détachement respectif n’a rien à voir avec de l’indifférence, attitude fière, souvent orgueilleuse,
masquant en général l’envie de faire payer à l’ex une blessure non cicatrisée. Établir une relation sans affect nécessite, dans un premier temps, d’être capable de faire définitivement le deuil d’une histoire commune. Ainsi n’est-il pas conseillé de chercher à revoir son ex sous de fallacieux prétextes. Ce type d’attitude ne peut que leurrer et empêcher l’évolution de chacun. À l’inverse, refuser systématiquement une soirée entre amis sous prétexte que l’ex-partenaire est invité n’est pas mieux. S’il y a vraiment désir de s’y rendre, ce test s’avère extrêmement instructif quant à sa capacité à percevoir son ex comme n’importe quel autre convive. L’exercice est certes difficile mais c’est véritablement lorsque cette mise en acte ne réveille plus aucune jalousie de part et d’autre qu’il est possible d’envisager de rester en bons termes. Il est évident que cette perspective ne doit être en aucun cas une obligation. Certains ont besoin de prendre le temps de se reconstruire, seul, ou avec un nouveau conjoint. D’autres préfèreront tirer un trait définitif et n’éprouveront pas le besoin de rester en lien par respect pour la personne qui partage désormais leur vie. Quoi qu’il en soit, il demeure primordial de ne pas nourrir de pensées négatives vis-à-vis d’un être que l’on a aimé. Quand bien même son attitude ait été discutable, il a été un jour vecteur d’évolution…
Véronique Pascal
