|
Le développement personnel
dans Signes & sens
Trouver l’énergie
de changer de vie pour le meilleur !
|
Ils étaient chargés de relations publiques, informaticiens, comptables, réalisateurs… Ils habitaient dans une grande ville, voire la capitale. Lassés du bitume et des pots d’échappement, ils ont tout abandonné pour retrouver une qualité de vie et exercer un métier passion.
Toujours plus nombreux à vouloir quitter bruit et pollution, les néo-ruraux ne sont plus marginaux. Selon un sondage Ipsos, 34 % des citadins, soit près de sept millions de Français, ont la ferme intention de s’installer à la campagne. Parmi eux, on retrouve les traditionnels retraités mais aussi des jeunes souhaitant poursuivre un projet professionnel précis, comme la création ou la reprise d’une entreprise.
Un choix salvateur
Nelly, 34 ans, mère de deux enfants de cinq et six ans, était gestionnaire comptable à Besançon. Elle vit aujourd’hui seule dans le Vaucluse, où elle suit une formation de peintre en décor du patrimoine. Elle se défend toutefois d’avoir tout quitté : Je suis simplement retournée à mes premières amours. J’avais fait une école de déco quand j’étais plus jeune, que j’avais dû abandonner pour des raisons alimentaires. Je retourne donc dans mon domaine de prédilection…
Mais pour réaliser son rêve, Nelly a dû laisser ses enfants : Je les ai préparés pendant des mois à mon départ. Ils sont venus visiter mon école. Je rentre tous les week-end et je les vois quinze jours par mois. Leur père s’occupe d’eux le reste du temps. Je sais qu’ils sont en sécurité. Ce qui est bien plus dur à vivre qu’un changement radical comme je le vis, c’est de subir une structure alors qu’on n’est pas décisionnaire. Je ne supportais plus qu’on m’impose des choses. Ma décision a été longuement mûrie, ça a pris trois ans. La comptabilité ne me correspondait pas. J’ai simplement voulu quelque chose qui me convienne. Cela fait partie de l’accomplissement, de la réalisation de soi. J’avais tout ce qu’il faut. La sécurité, les commodités pour m’organiser avec mes enfants… Mais si ce qu’on fait ne nous plaît pas, on n’est pas serein ! J’ai beaucoup réfléchi sur moi, sans doute parce que j’ai eu l’occasion de le faire. C’est peut-être un luxe ? Si on passe quarante ans à faire quelque chose qui ne nous épanouit pas, ça ne vaut pas le coup. Je souhaite me mettre à mon compte quand ma formation se terminera, dans un an. Si ça ne marche pas, je sais que j’aurai la possibilité de me remettre à la comptabilité, même à temps partiel. Je n’ai pas peur…
Ils sont du reste de plus en plus nombreux à ne pas avoir peur de tout chambouler pour se réinventer. Les campagnes françaises sont aujourd’hui plus peuplées que dans les années 60. Une évolution qui s’explique en grande partie par l’élévation du niveau de vie et une plus grande mobilité : TGV, autoroutes, mais aussi internet et télécommunications favorisent le désenclavement. Pourquoi, d’ailleurs, dès lors qu’on en a la possibilité, s’entasser dans des villes où le montant des loyers n’a d’égal que la nocivité de la pollution et la nuisance du bruit ?
Où trouvent-ils l’énergie de tout recommencer ?
Tout d’abord, il est un leurre de croire que l’on recommence. En fait, il s’agit de continuer grâce aux acquis et aux expériences passées. Quant à cette énergie singulière, elle se trouve en chacun de nous. Ne pas assumer ses désirs ou ne pas aller jusqu’au bout de ses rêves repose sur un système d’angoisses liées entre elles. Toute peur du changement s’étaye sur une difficulté à traverser ce que l’on ne connaît pas (encore). Les sujets frileux souffrent d’un profil conservateur cristallisé dans leur filiation. Cette difficulté, qui élimine toute modification, relève d’une problématique de limites : par fidélité familiale, sur des générations, il n’est pas question de bouger quoi que ce soit. Les rares élus, c’est-à-dire ceux qui bousculent les schémas ancestraux, bénéficient d’une grande qualité : la curiosité. Autrement dit, ils sont attirés par ce dont on a parlé (entourage, médias) mais ils veulent en faire eux-mêmes l’expérience. Plus ou moins consciemment, ces individus en quête de renouveau ont l’art et la manière de ne rien laisser au hasard. Toute information est pour eux une invitation à aller plus loin. Une aubaine en quelque sorte ! Leur hyper réactivité leur permet de vérifier que ce que l’on n’a pas encore fréquenté renferme un quantum d’opportunités. Par ailleurs, ces aventuriers font confiance à leur gouvernail intérieur. Tout simplement parce qu’ils ont réglé un processus insidieux : l’abandonnisme. N’ayant plus peur d’être abandonnés dès lors qu’ils changent de cap, ils laissent en route ce qui ne leur correspond plus. Ceci fera le bonheur d’autres personnes : appartement, travail, responsabilités associatives… Leur ancienne place – désormais vacante – fera donc des heureux. Ulysse a tout de même quelques émules…
Irène Kupfer
|
