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La psycho
dans Signes & sens
Les nouveaux chômeurs
ont-ils vraiment des solutions ?
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Le chômage d'aujourd'hui n'est plus le chômage d'hier. Jusque dans les années 80, en France, les demandeurs d'emploi sont considérés comme des chômeurs institutionnels ou volontaires. Puis les entreprises commencent à délocaliser en Chine, en Tunisie et dans d'autres pays émergeants pour gagner en compétitivité et productivité.
Dès lors, la mise à l'écart ne touche plus simplement des ouvriers sous-qualifiés mais tous les profils de
personnes en âge de travailler : secrétaires, comptables, techniciens, ingénieurs et autres commerciaux... L'arrivée d'Internet dans les années 90 et la fin des monopoles d'État exigés par Bruxelles plongent la France définitivement
dans une compétition mondiale, mettant l'Hexagone dans une réalité de marché longtemps ignorée.
Triompher du chômage actuellement consisterait avant
tout à doter la France d'une croissance minimale de 3
%, ce qui ne semble pas envisageable ces deux
prochaines années. La croissance ne se décrète pas
dans des bureaux de l'Élysée. Elle se crée avec des
outils entreprenariaux. Pour cela, il est nécessaire de
travailler sur 4 axes :
> la réduction de la dépense publique
> l'investissement dans la recherche et l'innovation
> l'alternance des élèves de l'enseignement classique
avec le monde de l'entreprise
> la formation des chômeurs de longue durée à des
métiers d'avenir.
Réduire la dépense publique
La France est le pays au monde qui dépense le plus
d'argent pour ses services publics. Pointés du doigt par
la Cour des comptes — qui livre un rapport chaque
année un peu plus accablant —, nos dirigeants ne semblent
pas en mesure d'optimiser la gestion des 366
milliards d'euros qui leur sont confiés par les contribuables.
Une meilleure gestion de cet argent permettrait
pourtant à l'État de prélever les entreprises plus
raisonnablement. Elles pourraient de fait baisser leurs
prix à l'export et gagneraient donc des parts de marché, ce qui entraînerait mécaniquement des embauches.
Développer des savoirs générant une forte valeur
ajoutée
EADS, avec ces 116 000 salariés, est une entreprise compétitive. Elle a su investir ou utiliser une partie de
son chiffre d'affaires pour créer et développer les technologies
de demain. Le groupe industriel détient le
record de vente d'avions dans le monde devant Boeing
et publie des résultats solides pour 2012. Son chiffre
d'affaires augmente de 14 % pour atteindre 37,3 milliards
d'euros, et un résultat net en hausse de 82 % à 1,1 milliard d'euros. Cette entreprise ne connaît pas la
crise, bien que ses avions se vendent en moyenne 350
millions de dollars pièce...
Permettre aux élèves de l'enseignement classique
d'accéder au monde de l'entreprise en alternance
Un élève ayant une scolarité classique (collège, lycée, université) peut atteindre l'âge de 27 ans sans jamais
avoir connu le monde du travail. Cette singularité est
une exception française. La plupart des pays de la
Zone Euro impose aux lycéens des stages et un enseignement
alterné. Les bénéfices sont nombreux. Les
jeunes ont la possibilité de découvrir des métiers qu'ils
pouvaient ignorer jusque-là ; ils peuvent aussi avoir
déjà une vocation, ce qui leur insuffle une motivation supérieure. Quand vous savez ce que vous voulez faire très jeune, vous apprenez à mieux le faire (Hans Rijkaart, dirigant d'une PME informatique à Francfort).
Diriger les chômeurs de longue durée vers des
formations donnant accès à des métiers d'avenir
Les secteurs dits "abrités de la concurrence internationale" seront en tête dans le palmarès des métiers de
demain :
- l'hôtellerie/restauration recrutera en nombre ces cinq prochaines années ;
- la logistique, la finance et la grande distribution
seront également bien placées ;
- les services aux entreprises connaîtront également une
forte croissance (gardiennage, services de nettoyage,
livraisons, intendance, restauration livrée etc) ;
- les technologies du multimédia et la gestion de
réseau des emplois dits de "l'immatériel" donneront à pourvoir plus de 176000 postes d'ici 2020 ;
- les services à "fort contenu cognitif", conseil et assistance résisteront en terme d'embauche ;
- les services de proximité artisanaux, ainsi que les
services à la personne, se maintiendront dans les années à venir aussi étant donné l'augmentation
du nombre de personnes âgées.
Une réalité
Désormais, mobilité géographique, formation,
adaptabilité et motivation seront les ingrédients incompressibles
pour donner de grandes chances à un individu pour retrouver un emploi stable.
Mais si, toutefois, ces caractéristiques ne suffisaient pas, des cabinets spécialisés en coaching individuel
pourraient aider à se réinsérer ou trouver une
place dans la société. Ces organismes privés présentent
une large palette de savoir-faire: conseils en relooking,
cours de communication relationnelle, stratégies de
recherches... Ces sociétés étant managées pour la plupart
par des dirigeants ayant connu des difficultés professionnelles
par le passé, elles peuvent donc
contribuer à éviter certaines erreurs à ceux et celles en
attente d'un emploi, comme un mauvais positionnement
psychologique par exemple et, par voie de
conséquence, aider à une réalisation plus rapide...
Ivan Calatayud
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