La psychologie, appartenant au registre des sciences humaines, est un domaine très vaste. Son nom vient du grec " psukhê " signifiant " âme " et de " logos ", soit " parole ". Schématiquement, cette discipline étudie les comportements psychiques humains.
L'expression " Psychologie bienveillante " peut donner l'impression d'être pléonastique. Pourtant, il n'en est rien. Sigmund Freud n'a-t-il pas parler de la nécessité de pratiquer " la neutralité bienveillante " dans la pratique de sa méthode. Sa recommandation induit quoi qu'il en soit qu'un psychanalyste pourrait, à son insu, s'écarter du respect de cette éthique indispensable. Effectivement, la communication d'inconscient à inconscient étant liée aux transferts, il faut une très grande maîtrise de soi, inhérente à une longue analyse personnelle et à des études spécifiques, pour ne pas réagir de manière subjective aux propos de l'analysant. Ceux-ci pouvant être déroutants, la méthodologie fait appel à de solides compétences. Mais qui n'a jamais rêvé d'être un fin psychologue au quotidien afin d'éviter les conflits et sa kyrielle de conséquences négatives ? La question fondamentale que soulève ce souhait légitime repose sur une interrogation logique : a-t-on besoin d'avoir fait un cursus universitaire et d'un diplôme pour parvenir à ne plus céder à nos pulsions épidermiques à la maison, au travail ou lors de réunions amicales ? " Fort heureusement non, mais en sachant toutefois que l'observation de soi reste indispensable, tout comme une bonne dose d'objectivité et de bon sens ", assure le psychanalyste Gilbert Roux...
S'observer
Les échanges verbaux constituent la particularité de l'individu. Ils peuvent être chaleureux ou détestables. Dès qu'ils sont négatifs, la violence peut émerger, laissant in fine une culpabilité, une amertume et des regrets démoniaques...
. Christian, 52 ans, machiniste, évoque avec lucidité l'époque où son manque d'intelligence du cœur sévissait : " Je suis un hyperactif depuis toujours, vif, rapide et efficace. J'ai épousé une femme à l'opposé ! Le climat entre nous est rapidement devenu insupportable. Je passais mon temps à lui reprocher sa lenteur. Elle s'enfermait dans des silences qui me rendaient dingue. Je m'étais transformé en bourreau. À force de me renvoyer un profil de victime, elle a développé un cancer du sein. C'est atroce mais il a fallu cette maladie pour que je comprenne que chacun a son rythme. Le comble c'est que mon épouse, de par sa pathologie, a été encore moins réactive qu'avant. Elle m'a puni mais notre drame commun, c'est qu'elle s'est punie aussi... "... Gilbert Roux souligne la nécessité absolue, après chaque dérive personnelle, de s'autoanalyser : " Cette décision n'a rien de complexe. Il s'agit juste de retrouver quel motif précis et fallacieux a déclenché l'impulsion à sortir de ses gonds. Ce simple exercice permet, sans aucune exception, de retrouver un souvenir d'enfance en lien direct avec la scène d'intolérance ". C'est de la sorte que nous entrons en contact avec les résidus de l'immaturité de notre inconscient...
S'autoanalyser
Virginie Megglé, psychanalyste et auteur de l'ouvrage " La projection : à chacun son film ", publié aux Éditions Eyrolles, explique que " le phénomène de la projection prend tout son sens si on l'approche avant tout pour se comprendre soi-même. ". Elle ajoute : " Reconnaître et accepter la manière dont ce processus nous anime est essentiel et son repérage vient faciliter notre avancée. ". " Il n'est pas question ", dit-elle encore, " de chercher à tout prix à découvrir nos projections, cela risquerait de devenir obsessionnel, mais de les saisir quand elles se présentent. "... Cette invitation offre un intérêt non négligeable : la perspective d'une vie sereine...
. Delphine, 42 ans, vétérinaire, rapporte comment elle a liquidé les désaccords récurrents qu'elle " entretenait " avec son associé : " Nous n'étions jamais en phase pour le planning des vacances. Il avait décidé que, compte tenu de l'activité professionnelle intense que nous avions, il était obligatoire de nous calquer sur la durée totale des congés scolaires, en les prenant à tour de rôle. Nos disputes musclées à ce sujet perturbaient nos employés au point qu'une de nos assistantes, jeune femme de grande qualité, en ait eu assez. Elle s'est mise à chercher du travail dans un autre établissement et nous a quittés pour ce motif. Le résultat ne s'est pas fait attendre : un surcroît de travail ! Épuisée, j'ai compris que mon associé avait raison. Pour autant, je voulais saisir la raison de ce refus à m'autoriser des pauses méritées. J'ai eu soudain comme un éclair : mes parents, ouvriers, faute de moyens financiers, ne partaient jamais en vacances... "... Virginie Megglé met fort bien en exergue la sagesse à avoir pour lever ce type de résistance : " S'alléger du poids du passé, à l'écoute de ses projections, permet de découvrir le plaisir d'être soi-même et d'oser exprimer son essentielle singularité, sans plus avoir systématiquement recours à l'autre pour se dissimuler ou se faire entendre. "... Delphine reconnaît d'ailleurs qu'après avoir mis en danger sa santé et, en quelque sorte, celle de son associé, elle a enfin découvert la liberté d'exister et ses avantages : " Une harmonie a remplacé au Cabinet toutes les tensions que j'avais générées bien malgré moi pendant des années. "... En outre, le bénéfice de la prise en compte de sa propre existence se manifeste chaque jour par des décisions positives, même modestes en apparence, qui rejaillissent non seulement sur soi mais également sur l'entourage. Cet acte d'auto-réconciliation oblige certes à garder une certaine vigilance mais à prendre aussi conscience que nous avons tout de même quelques droits. La bienveillance s'impose donc comme une façon de s'accueillir, aptitude qui permet d'accepter tout autre en permanence au nom de sa différence, ce qui en fait - qui plus est - un miroir formateur appréciable et, par conséquent, une garantie évidente de quiétude.
Olivia Candel
