L'avis du psy de Signes & sens
Vous traversez une difficulté, vous avez du mal à résoudre un problème, un conflit, à trouver une solution adaptée à une crise affective ou sociale, cet espace d’écriture est le vôtre. Quel que soit votre âge.
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Chantal Calatayud, psychanalyste,
didacticienne analytique, auteur,
répond à votre courrier… |
« Je fais comment quand il ment ? »
La transformation de la vérité est inévitable chez le tout-petit car il ne faut pas oublier que ses journées sont dominées par les fantasmes et ce, dès sa naissance. Sigmund Freud a postulé d’une vie inconsciente qui évolue progressivement vers la réalité mais il faut du temps pour arriver à ce que l’individu sépare nettement le rêve du réel. En avançant en âge, on constate ainsi que le monde imaginaire de l’enfant se modifie, notamment en le regardant jouer. Rien d’inquiétant donc à ce qu’un petit bonhomme âgé de 3 ans se prenne pour un conducteur de camion. Toutefois la parole prenant corps, des attitudes plus fantaisistes inquiètent à juste titre les parents : il s’agit du mensonge. Et comment ne pas tomber dans la dramatisation excessive ?
> Analyser la situation
1) Observer
> Avant toute chose, il ne s’agit pas de confondre
le récit d’un enfant qui a du mal à sortir d’un jeu
précédent qui l’a beaucoup absorbé avec une histoire
qui n’a aucun lien avec l’activité ludique préalable.
Ainsi, quand l’enfant joue aux côtés des
parents, il est utile d’observer le monde fantasmatique
dans lequel il s’immerge. Si quelque temps
après, à table par exemple, des fantaisies langagières
s’expriment, reprenant globalement le support
de l’activité ludique de la journée, pas d’inquiétude.
En revanche, la psychanalyse considère qu’il
y a mensonge lorsque le propos arrangé n’a aucune
résonance avec un amusement.
2) Dédramatiser
> Pierre a une fâcheuse tendance à dissimuler ses bêtises et met beaucoup de temps à informer sa mère
d’un dégât. Ainsi, lorsqu’il explique qu’il a trouvé
sa lampe de bureau cassée en rentrant dans sa chambre,
il ment car il implicite que quelqu’un a pu faire
tomber l’objet et ne pas se dénoncer. Il est en projection
dans la mesure où si un tiers était responsable
de la maladresse fatale, il aurait prévenu immédiatement
son parent de sa découverte désagréable.
L’adulte doit faire mine de croire à l’étonnement du
petit menteur sans énoncer de coupable possible.
Même le chat ne doit pas être mêlé à cette affaire !
Cette réaction parentale a pour sens de redonner
confiance au chérubin qui, de toute façon, en mentant,
traduit une angoisse.
3) Participer
> Il est bien évident qu’un enfant qui prend l’habitude
de mentir ne va pas s’arrêter de le faire du jour
au lendemain. Cependant, un test renouvelé autant
de fois qu’il le faut est très porteur : dans les heures
qui suivent le mensonge, le parent peut prendre un
moment pour commencer un scénario imaginaire
qu’il fera compléter par l’enfant. Puis l’adulte reprendra
la parole en grossissant la situation rocambolesque
et irréelle lancée au début du dialogue.
L’enfant continuera jusqu’au moment où il s’essoufflera,
déclarant forfait et arrêtant le jeu par un : « Mais c’est pas possible, c’est pour du semblant » !
Une des fonctions du conte se situe-là qui peut également
compléter le scénario à deux voix, ce qui aura
pour mérite d’arrêter peu à peu toutes ces vilaines
histoires…
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