|
L'avis du psy de Signes & sens Vous traversez une difficulté, vous avez du mal à résoudre un problème, un conflit, à trouver une solution adaptée à une crise affective ou sociale, cet espace d’écriture est le vôtre. Quel que soit votre âge.
« Mon fils présente des troubles micrographiques »
Mon fils de 14 ans présente, selon les psychologues et les médecins consultés, des troubles micrographiques. Ses résultats scolaires en font les frais puisque ses professeurs refusent souvent de corriger son travail lorsqu'il est trop illisible. Que puis-je faire pour l'aider ? Valérie N. - 84200 Carpentras La réponse du psychanalyste Ce que nous avons tendance à appeler familièrement « pattes de mouche » se nomme scientifiquement, comme vous le dites, micrographie. Cette particularité que donnent à voir certains sujets s'objective donc par la propension à écrire en réduisant le plus possible les lettres et les chiffres. On retrouve fréquemment lié à cet état extrêmement difficile à supporter, entre autres pour les enseignants, on s'en doute (!), un comportement plutôt velléitaire dans son ensemble : peu d'enthousiasme à dessiner, une simplification majeure de l'expression graphique qui donne l'impression sur le papier d'un manque de créativité, une économie des gestes, une paresse corporelle avec peu d'entrain à accomplir des activités sportives, une certaine gaucherie, une mauvaise réactivité à se mouvoir... Ces facteurs pluriels appartiennent au registre d'un syndrome dit akinétique. Et je pense que, même si vos propos ne signalent pas ces troubles précis du comportement, vous avez dû observer chez votre fils des tendances qui vont dans le sens de la description sommaire que je viens de faire. Pour vous aider, j'ai choisi de vous parler de Yann (avec son accord), un de mes jeunes patients que j'ai suivi en analyse il y a plusieurs années maintenant. Depuis le début de sa scolarité, le garçonnet (né prématurément) désespérait ses professeurs d'école et par voie de conséquence, ses parents. Intelligent (« très » - trait), secret, peu enclin au sport, il n'y avait aucune possibilité d'obtenir de lui un travail accessible et lisible. Elève (« très ») moyen, il se révélait nul en dessin, de surcroît ! Deuxième enfant d'une fratrie de trois garçons, il étouffait littéralement, souffrant de plus d'un asthme résistant, l'ayant même alité une semaine sur deux en cours élémentaire... Ses séances analytiques ont eu tôt fait de dégager une angoisse d'étouffement (liée à une naissance difficile), angoisse qu'il traduisait et projetait en réduisant son graphisme et sa gestuelle. Yann, devenu adulte, vit aujourd'hui une ascension remarquable dans le domaine de la bande dessinée (!), « milieu » professionnel qui le reconnaît à part entière. Ainsi serait-il intéressant de mettre en miroir ce qui peut limiter votre fils au point qu'il s'atrophie de la sorte. De quelle « gêne » souffre-t-il ? Pourquoi ne veut-il pas grandir ? Sûrement rêveur, qu'est-ce qui, dans son histoire, le fait régner au royaume des lilliputiens ? Ne l'appelez-vous pas « puce », comme la mère de Yann le faisait, ou n'utilisez-vous pas sans en avoir conscience un vocabulaire affectueux à son égard mais limitatif ? Par ailleurs, une communication simple avec votre fils vous donnerait aussi accès à des éléments de compréhension utiles et indispensables à un meilleur dégagement de sa personnalité. Ne perdez pas confiance et ne vous laissez surtout pas influencer par des discours trop inquiétants, tout aussi professionnels soient-ils car cet enfant vous montre déjà qu'il a un « caractère » plus affirmé que ce qu'il objective par lettres interposées (l'être...).
|
|||||||||
