La beauté et le bien-être
      dans Signes & sens

      Le souci esthétique :
      gare aux dérives

      Le souci esthétique : gare aux dérives
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      Aujourd'hui, on modèle son corps comme le sculpteur façonnerait la glaise. La chirurgie devient un art, le médecin un esthète. On parle de chirurgie des formes, parfois même de Haute Couture tant le travail de métamorphose est surprenant. Seins, ventre, yeux, rides, nez... pas une partie du corps n'échappe aux doigts habiles de l'expert, à l'œil de maître du plasticien, désigné apte à effacer, rectifier ou magnifier les disgrâces de Dame Nature.

      Dans l'Antiquité, géomètres et philosophes ont cru à l'existence d'une proportion privilégiée appelée « nombre d'or », considérée comme une harmonie parfaite et divine... L'art grec témoigne de cette quête de beauté absolue (la tête est contenue sept fois dans le corps du Discobole de Myron) et la Renaissance, respectueuse des proportions et des formes, rejoignait ce souci esthétique. Le beau est donc, comme le soulignait Kant, l'objet d'une satisfaction universelle. Avec les progrès de la médecine plastique, il devient facile d'accéder à cette satisfaction ; il s'avère tout aussi fréquent de vouloir modifier son apparence ou améliorer un aspect de son physique jugé gênant ou disgracieux. Cet acte chirurgical est devenu paradoxalement banal. Il frise même quelquefois l'obsession chez des individus psychologiquement soucieux de leur apparence et de leur désir de plaire. De facto, la folie du scalpel qui envahit notre société n'émane-t-elle pas d'un manque plus profond auquel se superposerait le désir de séduction inhérent à l'être ? La chirurgie esthétique permet-elle véritablement de s'aimer mieux, d'être mieux aimé(e), de combler une béance, et ce vide s'articule-t-il autour d'une quête identitaire légitime ?

      Une quête identitaire légitime ?


      Le sujet insatisfait de son image pose un regard critique sur lui-même : le reflet que lui renvoie le miroir est déformé par sa propre perception, pas toujours juste ni objective, et par la représentation mentale qu'il s'en fait. Son jugement est la plupart du temps sévère ; il l'est davantage encore s'il s'accompagne d'une attention particulière prêtée aux standards de la culture et de la mode qui tendent à esthétiser le physique. Le degré de son importance renvoie à une difficulté liée à un vide qui prendrait sa source dans les premières identifications de la vie. La mise en avant de l'apparence, tant dans sa subjectivité que dans sa négativité, dévoile un manque à être, le sentiment du beau étant lié à Eros : sa dimension affective pour l'inconscient en fait le garant du bon. Ainsi, très tôt, l'enfant ressent des sentiments ambivalents à l'égard de sa mère, parmi lesquels cohabitent, tour à tour, amour et haine. Il en est de même pour le couple d'opposés beau/laid qui confinera l'enfant, et plus tard l'adulte, dans le fantasme de ce qui n'est pas beau ne peut recevoir de l'amour. Dans les contes de fées, les personnages féminins sont d'ailleurs souvent jolis et cette beauté s'accompagne toujours de bonté, de douceur, d'honnêteté, d'esprit et de grâce. Le sens esthétique touche à la dimension narcissique de l'être et lui confère une place dans le monde. La femme, plus que l'homme (quoique...), utilise son corps idéalisé comme responsable de toutes ses souffrances. La zone à réparer apparaît, dans le discours, comme étant source de maux, de blocages ou d'inhibitions. Pourtant, cette enveloppe exposée en première intention ne fait que masquer une profonde souffrance psychique sur fond de conflit refoulé. En effet, ce corps semble investi dorénavant pour régler un complexe et ce, grâce à une médecine efficace qui se voudrait sans risques et qui est, de plus, largement prônée par les médias. Il est à noter que, généralement, le désir de chirurgie survient après un changement marquant de la vie de l'individu : un accouchement, une rupture affective, un accident, peuvent déstabiliser une personne manquant de certitudes.

      À l'origine, la réparation


      La phase œdipienne plonge l'enfant dans la conviction de ne pas être aimé par le père ou la mère puisqu'il n'a pu le ou la séduire - interdit de l'inceste oblige -, le confortant dans le sentiment de ne pas être assez séduisant ou pas assez intelligent. De sorte a-t-il pu se sentir réduit dans l'acceptation de son apparence. On peut le constater : le bistouri retrouve bien, par son aspect tranchant, l'angoisse de la castration. De plus, si la mère n'a pas octroyé au père la place de l'autorité et de la protection, ou si elle a posé un déni sur celui-ci, cette mère réductrice devient difficile à dépasser, sinon à égaler, pour la fille. Ce type identique d'attitude névrotique de la part du père aura des retentissements similaires chez le garçon. Le parent a pu aussi induire à son enfant qu'il n'y avait aucune place pour l'imperfection et, à travers cette exigence, la notion du beau rejaillit de façon phobogène. À ce sujet, Lacan précisait que l'enfant est inscrit dans le désir de l'Autre ; il est imprégné de son reflet et la représentation qu'il en a est chargée du désir d'autrui. On peut ainsi observer que, derrière la demande de transformation, se cache un réel besoin de contact avec l'autre. Le corps en est la surface. Les patients, désireux de changement, laissent souvent entendre que leur vie serait plus heureuse si leur physique était différent ou amélioré. En fait, ils s'installent dans un acte inconscient de réparation, déplaçant le problème réel sur une zone du corps à traiter, zone métaphorique qui les gêne. Dans la chirurgie obsessionnelle, se glisse le souci de ne présenter aucun défaut, aucune variation, de se protéger, en dissimulant, voire en cachant. Mais le champ de l'illusion prend toute son ampleur car, sous couvert de s'ouvrir aux autres, c'est en fait un processus de repli qui opère... L'individu métamorphosé quitte ce qui l'affirme dans sa différence : le signe de la filiation, de l'identité, de l'appartenance à... La libération d'un complexe, quand il s'agit d'intervenir, d'inciser, de ciseler l'enveloppe charnelle – acte masochiste rappelant qu'il faut souffrir pour être belle - par passage obligé sur le (corps) billard - laisse de toute évidence des cicatrices et n'annihilera pas une angoisse prégnante ; tout au plus l'anesthésiera-t-elle pour un instant... Il est une évidence avérée que, dans la plupart des cas, une demande de prise en charge thérapeutique peut suppléer préventivement l'acte chirurgical. Pour apprendre, entre autres, à ne pas subir l'isolement que suscite en particulier la soumission liée aux canons de la beauté.

       

      Bénédicte Antonin

       

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