Pierre Rabhi, philosophe, pionnier de l’agriculture biologique en France et initiateur de l’association Terre & Humanisme, a l’habitude de dire dans ses conférences que « si chacun de nous était équitable dans sa vie de tous les jours, nous pourrions être équitables avec les pays du Sud »…
Joindre l’utile à l’agréable consiste donc à se faire ou à faire plaisir, tout en contribuant à aider des populations qui n’ont pas notre culture d’opulence en terme de consommation. Ainsi, à l’occasion des Fêtes de Noël, choisissez d’anticiper en jouant la carte de la solidarité. Voici quelques idées originales, à commencer par les plaisirs de la bouche !
Une corbeille équitable
Indépendamment de la traditionnelle boîte de chocolats achetée à la va vite, pourquoi ne pas opter cette année pour le chocolat issu du commerce équitable ? La seule différence réside dans sa composition : environ 60 % de cacao, contrairement à certains chocolats « classiques » où des graisses végétales sont ajoutées, entraînant ainsi une surproduction et une baisse du cours mondial, ce qui appauvrit les producteurs du Sud. Guillaume Nataf, membre du Club de Commerce Équitable du Lycée du Grésivaudan Meylan, propose d’ajouter dans votre corbeille quelques épices, comme de la cannelle, de la noix de muscade ou de la cardamome. La plupart sont produites au Sri Lanka, par la coopérative Sofa (dont les produits sont garantis biologiques) ou par la coopérative Podie, où une cinquantaine de femmes travaillent à un prix juste, tout en recevant une formation scolaire et en bénéficiant d’une caisse de retraite. Certaines sont aussi originaires de « Mazoto », à Madagascar, qui signifie en malgache « les femmes zélées ». Mettez ensuite un paquet de Mascobado. Ce sucre très peu raffiné, aux valeurs nutritionnelles exemplaires (riche en sels minéraux, en fer, en magnésium, en calcium, en potassium, en phosphore), produit au Philippines, sera en effet idéal pour accompagner les gâteaux ou les laitages. Enfin, saupoudrez le tout avec des mini-speculoos (aussi appelés Speculoos portions). Ceux-ci, produits par les coopératives Miel Maya et Coopecañera (respectivement au Mexique, Guatemala et au Costa Rica), sont formés et cuits à l’ancienne à partir, notamment, de farine de lupin (légumineuse très riche en protéines, cultivée depuis près de 4000 ans) et de sucre de canne roux. De plus, vous n’y trouverez ni agents conservateurs, ni colorants…
Donnez du sens à vos achats
L’association Artisans du Monde tente de construire, depuis trente ans avec ses partenaires du Sud, une économie solidaire. Avec plus de 160 points de vente partout en France, Artisans du Monde tisse un réseau animé par 5000 bénévoles et 85 salariés. 1000 références en artisanat (arts de la table, décoration, jouets, textiles...) sont importées par le biais de la centrale d’achat Solidar’Monde. Leur distribution est associée à une information sur les conditions de vie et de travail des producteurs et sur les mécanismes du commerce Nord-Sud. L’association travaille avec 124 groupements de producteurs partenaires dans 43 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. On y trouve des dizaines d’idées de cadeaux à des prix très abordables qui vont du bracelet en argent fabriqué en Thaïlande (à offrir à l’élue de votre cœur) au puzzle tortue du Sri Lanka (pour votre bambin), en passant par la crèche arrondine du Pérou (pour toute la famille) : originalité et exotisme assurés !
Des cadeaux qui ont une âme
Le mot artisan renferme le vocable art. La production de l’objet artisanal échappe à la logique du travail à la chaîne. L’artisan du commerce équitable n’est pas à la tête d’une usine et n’emploie en général guère plus de dix personnes. La créativité inhérente à ce mode de travail fait que ces objets manufacturés ont véritablement une âme. De fait, par la magie de l’amour du travail bien fait, le cadeau prend une tout autre dimension. Ainsi, offrir des foulards d’Alep, carrés de soie sérigraphiés et tamponnés par l’atelier des frères Roumieh en Syrie, c’est créer du lien en faisant plaisir aux siens tout en pensant aux autres. Et ces coupes de fil d’Afrique ? On a du mal à imaginer récup plus chic. À l’origine, des ouvriers zoulous dans des mines sud-africaines se sont mis à faire de la vannerie avec… des chutes de fil de téléphone. Celle-ci est aujourd’hui produite dans les conditions du commerce équitable : rien ne se perd…
Jean-Claude Reboul
Le commerce équitable : ça veut dire quoi ?
En 2001, quatre structures internationales de commerce équitable (FLO, IFAT, NEWS, EFTA) proposent la définition suivante : Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel.
