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                            Le développement personneldans Signes & sens
 
                             
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                                 Le bonheur ? Donner du sens au malheur…
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			             L’une  des astuces permettant de dédramatiser une situation consiste, non  pas à poser un déni sur la souffrance, mais à l’accepter telle  qu’elle est, puis à en faire un tremplin pour rebondir. La  discipline freudienne postule l’existence de couples d’opposés  incessants : pulsion de vie/pulsion de mort, amour/haine,  plaisir/déplaisir etc. À partir de ce constat, comment envisager le  bonheur ? Certainement pas en adoptant la politique de l’autruche  et en se bouchant les yeux et les oreilles !   Une  citation particulièrement pertinente du Sage Lao-Tseu évoque cette  lucidité à acquérir face à l’existence : Le  bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur.  Exit dès lors l’illusion qui consisterait à penser en terme  manichéen et absolutiste : d’un côté le bonheur éternel et  paradisiaque, de l’autre les foudres de l’enfer. D’ailleurs, le  quotidien objective une réalité différente. En outre, s’il  s’agit de renoncer au fantasme du bonheur parfait, il est encore  plus important de ne pas transformer nos drames en une inexorable  fatalité.                            Le  sens des mauxL’être  humain est un animal étrange ! Son état de conscience, baigné  qu’il est dans le langage, oscille entre ses représentations  positives et négatives. Les termes bonheur et malheur participent de ce va-et-vient constant. L’ambivalence est plus  marquée lorsque le discours inconscient se met à jouer les  trouble-fêtes. Ainsi bonheur peut s’entendre comme bonne  heure,  ce qui a peut-être fait dire à l’inconscient collectif que  l’avenir appartient à celui qui se lève tôt… Mais alors, me  direz-vous, le mal peut aussi relever du leurre ? Pour la psychanalyse, c’est une évidence depuis que Jacques  Lacan a montré que l’inconscient est structuré comme « un »  langage. Ce « un » se révèle essentiel dans la mesure où chaque  sujet est unique. Il suffit d’observer la façon dont deux  personnes réagissent à une même catastrophe naturelle. L’une se  laissera engloutir psychologiquement, voire physiquement, par  l’inondation de sa maison. L’autre en fera une leçon de vie en  veillant à reconstruire plus solidement et avec enthousiasme son  nouvel habitat, tel le troisième petit cochon du conte enfantin. La  différence est de taille : dans le premier cas, la fatalité est  incontournable, dans le deuxième le mal-leurre a pris tout son sens…
 Les  vraies interrogations À  trop pester sur les conditions climatiques et s’éterniser sur la  question de savoir pourquoi cette tuile a endommagé la table de la  terrasse, il y a un risque d’immobilisme. Il en est de même  lorsque la plainte mortifère prend le pas sur l’action. Pourquoi  m’a-t-il quittée, moi ? Pourquoi cette maladie injuste ? Pourquoi  mon employeur n’a-t-il pas licencié mon collègue de travail,  pourtant moins compétent ? Pourquoi ce décès terrible d’un  proche ? Certes, le traumatisme est bien réel mais vouloir à tout prix en  décortiquer les causes finit par bloquer davantage la résistance,  voire favoriser une attitude régressive teintée de regrets et de  remords. À l’inverse, se focaliser sur le comment redynamise les  pulsions de vie : Comment  réorganiser ma vie sans lui ? Comment aborder ce déficit de santé  ? Comment retrouver du travail ? Comment entamer un deuil ? Toutes ces interrogations ont le mérite d’ouvrir les portes d’une  véritable renaissance.
 Renaître  de ses cendresTel  le phœnix de la mythologie, il s’agit sans cesse de renaître de  ses cendres. La  trahison libère explique Nathalie, en s’autorisant à exercer son métier de  sage-femme, alors que son mari infidèle, sous prétexte qu’il  était médecin et gagnait très bien sa vie, s’y était toujours  opposé ! Pierre a retrouvé son enthousiasme depuis que son  licenciement abusif lui a permis de s’installer à son compte en  tant que graphiste. Quant à Marie, elle a compris que, sans le décès  brutal de son petit frère, elle n’aurait jamais eu l’énergie de  consulter ce psychanalyste qui lui a ouvert les yeux sur ce qu’est,  selon la discipline freudienne, un moi sacrificiel. Elle travaille  aujourd’hui dans la relation d’aide. Ces quelques exemples  confirment, une fois de plus, le célèbre proverbe asiatique : Ce  qui te manque, cherche-le dans ce que tu as…
    Christine Bailleul |