|
Le développement personnel
dans Signes & sens
« J’ai crevé l’oreiller… J’ai dû rêver trop fort… ». Ainsi débute une chanson écrite dans les années 80 par Boris Bergman et mise en musique par Alain Bashung. Les vertiges de l’amour seront toujours d’actualité. L’amour étant, quoi qu’on dise, le moteur de nos vies. Tour à tour idéalisé puis bafoué, il élève vers des sommets ou nous fait « tomber de haut »…
Une union passionnée, fusionnelle, au travers de laquelle tout semble possible peut certes nous faire monter au septième ciel. Mais la chute est parfois à la mesure de l’ascension vers des cimes où la raison n’a plus cours. On parle d’amour fou, inconditionnel. Pourtant, il suffirait d’assurer quelques sécurités pour que ce sentiment ne se renverse pas en son contraire.
Vaincre la peur du vide
Une histoire d’amour peut donner tout son sens à une existence et la booster. Qui n’a pas ressenti ce sentiment, même passager, qui donne des ailes ? Toutefois, tel l’alpiniste à la conquête d’une haute montagne, il est bon de ne pas oublier qu’une certaine maturité est nécessaire pour aller le plus haut possible sans prendre de risques inconsidérés. L’amour relève d’une alchimie entre audace et réalité. Certes, le coup de foudre existe. Mais, il ne suffit pas d’aimer pour être aimé. Ici, la psychanalyse nous prévient que notre psychisme peut rejouer, dans une rencontre amoureuse, un scénario fantasmatique œdipien de notre enfance. Des couples qui se déchirent après avoir vécu une véritable passion sont en fait abusés par cette forme d’amour immature qui rend aveugle. Et nul n’est à l’abri d’une déception amoureuse. L’important est d’en faire quelque chose. Marilyne, trompée par Jacques, celui qu’elle considérait comme l’amour de sa vie, après avoir quasiment touché le fond, fait le choix de consulter : Ma thérapie, confie-t-elle, m’a révélé à moi-même. J’ai réalisé que Jacques m’a rendu un énorme service. Moi qui me croyais incapable de vivre seule, j’ai peu à peu découvert que je n’avais aucunement besoin de quelqu’un d’autre pour exister. Depuis que je sais que la trahison peut rendre libre parce qu’elle renvoie à une histoire infantile, j’ai l’impression de gravir des sommets. Je me sens enfin prête pour une véritable histoire d’amour… À l’inverse, certains(es) se cachent derrière une première déception pour s’interdire une nouvelle rencontre : On ne m’y reprendra plus, dit Corinne. C’est souvent le signe que le deuil de la précédente union n’a pas été fait. Virtuellement, Corinne est toujours en couple. C’est oublier qu’un des moyens de vaincre la peur du vide est de ne plus regarder en arrière. Une fois bien assuré(e), le bon grimpeur(se) est tendu(e) vers l’avenir. De la même manière, ressasser inlassablement le passé empêche d’avancer. Toute erreur se doit d’être formative. Toute souffrance porte en germe, une fois acceptée, un bonheur futur. La vie est ainsi faite. Elle est apprenti-sage. Ne pas baisser les bras, c’est soit accepter la solitude comme une opportunité de liberté, soit décider d’aller à la rencontre de l’âme sœur, encore et encore…
Vacuité et sublimation
Toutes les grandes réalisations prennent forme lorsque le sentiment d’abandon, angoissant, informe, tétanisant, se transforme en vacuité, c’est-à-dire en opportunité d’agir. Passer de la passivité à l’action, c’est prendre conscience que nous avons en nous, indépendamment de nos aléas amoureux, une force de vie que personne ne peut nous prendre. Donner sans attendre en retour est la forme accomplie d’un véritable amour. C’est d’ailleurs par un curieux paradoxe la seule façon de recevoir. Il y a un long chemin à parcourir mais les possibilités sont infinies. « Aimer à en perdre la raison » ? Oui ! Mais à condition d’en ressortir toujours plus grand et de monter toujours plus haut…
Didier Fergusson
Le saviez-vous ?
Autrefois, les astres et les Dieux étaient confondus. Ils étaient restitués dans des sphères de cristal. Chacune représentait un ciel. Un pour chaque planète : sept au total. Le dernier était réservé aux étoiles. Quant au troisième, il correspondait à Vénus, déesse de l’amour. Ainsi par un glissement dû à Galilée, l’inconscient collectif a gardé l’expression « monter au septième ciel » pour exprimer un ravissement d’ordre sexuel : l’orgasme. Dans une autre perspective, l’Islam a conservé cette représentation. En effet, le prophète Mahomet est dit être monté au septième ciel en compagnie de Gibril qui n’est autre que l’Ange Gabriel. Mahomet y rencontre alors Adam, le père des Hommes. Après s’être baigné dans les eaux de « l’abondance », la légende affirme que le prophète s’y trouve pardonné de tous ses péchés passés et à venir…
|
