Le  chagrin engendré par la perte d’un compagnon à quatre pattes  n’est pas à minimiser, malgré ce qu’en disent les personnes qui  n’en ont jamais fait l’expérience. Certes, ce n’est pas comme  si un membre de la famille était décédé. Quoique ! Pour  certains, petits ou grands, l’investissement affectif reste très  important et nécessite des conseils pour dépasser ce passage  douloureux de l’existence…
			     Bien  que ne possédant pas la parole, nos amis les bêtes établissent de  réelles relations avec les humains. Lorsque l’absence survient,  inexorable, c’est à l’angoisse de mort que le maître est  soudainement confronté. Selon la place inconsciente que l’animal a  prise dans son psychisme, la durée du deuil diffèrera d’un sujet  à l’autre. Cependant le processus reste le même, passant par  plusieurs étapes qui ne sont pas systématiquement chronologiques et  peuvent se chevaucher.
			     Le déni
			     Le  déni survient surtout lorsque le décès est soudain et violent, par  exemple à la suite d’un accident. Il n’a donc pas été possible  de s’y préparer et le choc psychologique est d’autant plus  traumatisant. Ce  n’est pas possible !, pense-t-on,  sans oser l’exprimer parfois... Cette étape est toutefois normale  et il ne faut pas en avoir honte. Laissez cette émotion se libérer  naturellement. Elle s’apaisera petit à petit avec le temps…
			       
			     La colère
			       Il  est fréquent qu’après le déni, un sentiment de colère surgisse,  dirigé contre un responsable ou un bouc émissaire : le  conducteur du véhicule qui a accroché l’animal, qu’il ait pris  la fuite ou pas, un membre de la famille qui n’a pas été assez  attentif, le vétérinaire qui n’aurait pas tenté tout ce qu’il  fallait… Toutefois, le bon sens finit par prendre généralement le  relais, sachant que s’acharner de la sorte ne changera rien,  alimentant ‒ au contraire ‒ la souffrance.
                   
			     La culpabilité
			       Le  maître peut s’autopunir de n’avoir pas été à la hauteur. Il  ressasse alors ce qu’il aurait pu faire pour éviter le drame :  aller plus tôt chez le vétérinaire, être plus à l’écoute de  son animal préféré… La décision de l’avoir fait euthanasier  est aussi une source de culpabilité supplémentaire. Se triturer  l’esprit indéfiniment majore la tristesse mais ces réactions font  partie du deuil. Il s’agit d’une introspection normale, à  condition de ne pas y rester fixé.
			       La tristesse
			       Elle  est tout à fait légitime et il est bon de pouvoir en parler avec  des personnes de confiance. L’animal n’est plus là et un manque  s’est installé. Il est important de ne pas garder cette peine  enfouie, au risque de se refermer sur soi d’une manière  dépressive.
                   
L’acceptation
                   
Une  fois les étapes précédentes traversées, arrive le moment de  l’acceptation. La vie continue et l’animal prend sa place dans le  cœur du maître, tel un cher disparu. Lorsqu’un propriétaire,  adulte ou enfant, ne semble pas en être là au bout de quelques  mois, une consultation psychologique s’impose : derrière ce  deuil non fait, se cache certainement une autre problématique,  l’animal ayant été surinvesti affectivement pour compenser une  déception, mais au détriment des relations humaines. 
Il  est effectivement déraisonnable d’analyser superficiellement la  difficulté à faire le deuil de son animal de compagnie, précise  la psychanalyste Chantal Calatayud. Elle ajoute que 
ce  type de projections, incompréhensibles le plus souvent de la part de  l’entourage, remonte à la petite enfance comme fonction  compensatoire d’un manque affectif, ressenti à cette époque de la  vie : seul un travail sur soi en profondeur permet la levée du  refoulement, conclut-elle…
			      
			     Magali Giraud