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Le développement personnel
de Signes & sens
Rompre
en bonne intelligence
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La vie est constituée de changements successifs. Pourtant, il est souvent difficile d’accepter de faire le deuil d’une situation antérieure avant d’envisager de poursuivre sa propre évolution. Tout simplement parce que la douleur d’une rupture amoureuse renvoie inconsciemment à l’angoisse (dite de dissociation) qui a accompagné notre venue au monde…
Comme la naissance, chaque séparation sentimentale est donc vécue de façon unique. Aussi serait-il erroné de donner une recette généraliste à appliquer sans discernement. Une rupture est toujours une égratignure dans l’estime de soi, écrit Marie Borrel dans son ouvrage « Divorcer zen », publié aux Presses du Châtelet. Toutefois, contre toute attente, quand les chemins se séparent, d’autres voies se présentent…
Se détacher pour renaître
Accepter la séparation de manière évolutive nécessite de mettre en place un processus de détachement et d’en respecter les étapes. Selon la théorie freudienne, la douleur générée par une rupture reste proportionnelle au degré d’idéalisation du partenaire. Tout le travail consiste ainsi à désinvestir l’être aimé du pouvoir de rendre heureux. Persuadez-vous désormais qu’aucun sujet ne détient les clés de votre bonheur. Que vous soyez le « quittant » ou le « quitté », acceptez d’endosser, à part égale, la responsabilité de la fin de la relation. C’est la seule manière de vous donner les moyens de poursuivre sereinement votre route. Il s’agit d’envisager cette expérience sous le sceau d’un nouveau départ que l’existence vous propose. Les chances de véritablement réussir cet épisode de vie émergent, à coup sûr : il offre l’opportunité de reconstruire son avenir, certes sans le conjoint, mais en ayant la certitude d’avoir gagné en maturité. Pour que cette saine confrontation ait lieu, il s’avère cependant important d’en finir avec les récriminations et les ressentiments.
Dire non à la haine et à la culpabilité !
Plutôt que de vous laisser aller indéfiniment à des réactions à fleur de peau, prenez le temps, une fois les premiers ressentiments passés, de saisir l’aspect illogique d’un comportement de détestation. Aucun détachement ne pourra s’effectuer convenablement tant qu’il n’est pas intégré que la haine est la face cachée de l’amour. Ce thème est admirablement développé dans l’ouvrage de la psychanalyste Melanie Klein, intitulé justement « L’amour et la haine ». Il arrive que cette agressivité soit également tournée vers soi en se sentant coupable de l’échec de la relation. Le poison de la culpabilité est autant destructeur dirigé contre sa propre personne que projeté sur l’ex-objet d’amour. Si ce sentiment toxique arrive aussi à grands pas en tant que mère ou père de famille, ayez conscience que la séparation de votre couple ne remet en aucun cas en question la solidité de vos enfants, contrairement à des idées reçues. Curieusement, même s’ils ne se réjouissent jamais de voir leurs parents séparés, sachez qu’ils rencontrent de nombreux camarades d’école vivant, de façon souvent harmonieuse, une situation familiale identique. Dédramatisez les évènements, d’autant que, de nos jours, un divorce n’est plus montré du doigt tel qu’il a pu l’être il y a encore moins d’un siècle. Ainsi convient-il de ne pas s’appesantir sur la notion d’échec. À l’inverse, faites de cette expérience un point d’appui vers plus d’épanouissement.
Une ouverture réelle
L’amertume et les reproches n’ayant plus cours, une véritable naissance attend chacun des ex-conjoints. De nouveaux horizons apparaissent avec certitude lorsque la coupure franche s’est effectuée, à condition – encore une fois – d’avoir définitivement admis que cette vie de couple, qui a été porteuse de sens, est désormais arrivée à son terme. Il est impératif cependant de positiver votre rupture, dès que vous le pouvez, en en identifiant les avantages (sorties, activités nouvelles, etc). Quoi qu’il en soit, s’il n’existe pas de séparation idéale, il existe bel et bien de nombreuses séparations réussies…
Se confier à un tiers
Bien sûr, il arrive dans certains cas que le dialogue soit impossible avec l’ex-conjoint. Aussi, avant que la communication ne se transforme en un véritable champ de bataille et de règlements de compte dont aucun des deux ne sortira gagnant, il devient raisonnable de se confier à un tiers, si possible capable de conserver une certaine neutralité. Ce peut être un ami ou un membre de la famille, le mieux consistant tout de même à consulter un professionnel de la psychologie si, véritablement, aucune issue paisible ne peut être envisagée. Une consultation de type psychanalytique permet de faciliter la mise à distance des affects réactualisés lors de la rupture. De nombreux témoignages d’analysants ayant expérimenté cette forme d’accompagnement montrent qu’ils sont ressortis grandis de leur séparation amoureuse grâce à une parole enfin libérée.
Hugues Bages
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