| 
 
 | 
                       
                         
                            Le développement personneldans Signes & sens
 
			             
			               
			               
			                 
			               
			                 
			               
		                 
			             L’Homme  étant essentiellement un être de relation, il souffre lorsqu’il  se sent incompris, voire mal aimé. Il rêve à un monde idyllique  dans lequel tout ne serait que paix et harmonie sans qu’il soit  besoin de faire d’efforts. Pour les spécialistes de la  psychologie, cet état paradisiaque renvoie à l’inconscient et à  une période où l’altérité n’existait pas : les neuf mois  qu’ont duré la gestation intra-utérine. Puis vint ce moment  douloureux où il a fallu, pour vivre, quitter le nid douillet et  affronter l’extériorité. Durant toute son évolution, l’enfant  devra tisser des liens en acceptant qu’il existe, en dehors de lui,  des êtres à la fois semblables  mais irréversiblement  différents. Ainsi, tout relationnel de qualité s’inscrit à  partir de la résolution harmonieuse d’une dialectique qui ne peut  faire l’économie de l’opposition, prenant en compte  l’acceptation de l’unicité humaine…  S’il  y a des exemples où la séparation a atteint un point de non-retour,  séparation qui peut être protectrice en cas de personnalité  toxique, la majeure partie des dysfonctionnements relationnels  résulte de la tentation de faire de l’interlocuteur, qu’il soit  affectif ou professionnel, le seul responsable des éléments  conflictuels. Par voie de conséquence, malgré la douleur engendrée,  des ruptures souvent injustifiées se mettent en place, laissant un  goût amer d’inachevé et le sentiment nostalgique d’être passé  à côté de quelque chose d’important.                          Les  conséquencesEn  période de crise, si l’émotion prend le dessus, la raison n’a  plus raison… En effet, un mot suffit parfois à mettre le feu aux  poudres, avec des paroles et des positionnements réactifs  regrettables après coup. Quoi qu’il en soit, vouloir punir autrui  en n’allant pas au bout du dialogue ne résout jamais rien. Bien au  contraire…
 Je  ne mettrai plus les pieds chez toi !, affirme  Claude à son frère à propos d’une sordide histoire d’héritage.  Résultat : des décennies de séparation et une fratrie  déchirée, aucun des deux protagonistes (par orgueil et rivalité  mal placés) ne voulant esquisser un geste d’ouverture. Ce type de  coupure peut, de façon dommageable, alimenter une fantasmatique  transgénérationnelle chez les descendants. C’est ainsi que des  membres d’une même famille se détestent sans vraiment savoir  pourquoi et au nom d’un différend qui ne les concerne en aucune  manière. De fait assiste-t-on à de véritables guerres de clans par  « fidélité ». Au fil des générations, les non-dits –  s’accumulant dans l’inconscient filial – entretiennent la  haine. Même  si le désaccord originel n’a plus rien à voir avec la réalité  du moment, il continue à fabriquer de la rupture dans la filiation.  Il suffit, par exemple, dans l’entourage affectif ou social, qu’une  personne porte le prénom Claude ou qu’il exerce la même  profession pour que se réactive inconsciemment une menace  abandonnique mettant en danger la relation.
   Une  relation vivantePrendre  conscience des répercussions que génèrent des décisions prises  sous l’emprise de la colère entraîne une façon évolutive  d’appréhender les désaccords relationnels. Il n’est jamais trop  tard pour apprendre à gérer, et même à prévenir, nos accès de  rage incontrôlés. Selon Élisabeth Couzon et Françoise Dorn,  auteures de l’ouvrage « Les émotions. Développez son  intelligence émotionnelle », les  conflits sont à la base des systèmes vivants. Ils sont la source  d’informations, de dépassements, de renouvellement et de  réorganisation. Ils  sont aussi le signe d’une relation vivante, à la condition  expresse que chacun des deux « belligérants » du moment  n’ait pas pour but la destruction mais, à l’inverse, soit  connecté sur le sens à donner à ce qui est vécu. Ce moment peut  d’ailleurs devenir – et c’est heureusement assez fréquent –  une excellente opportunité pour tout remettre à plat et bien  repartir.
 Un  changement salvateur potentielUne  tension paroxystique au sein d’un couple, d’une entreprise, ou de  tout autre espace relationnel, constitue une très belle occasion que  la vie offre pour enfin se dire, pour communiquer de manière  authentique en n’ayant plus peur de laisser tomber les masques. En  osant parler de ses propres manques, de ses propres souffrances sans  pour autant en rendre systématiquement le partenaire coupable, un  véritable dialogue émerge, chacun assumant alors sa part de  responsabilité dans le malaise. À ce propos, François Lesage  énonce un principe important dans « Ose devenir qui tu es »,  publié aux Éditions Amalthée : Privilégier  le temps présent (carpe  diem) et le futur aux dépens du passé et, en particulier, ne pas  trop « astiquer mes souvenirs ». Effectivement,  ce qui est passé est révolu et aucune dispute ne pourra donc rien y  changer. Pour éviter de s’enliser dans des reproches stériles et  pour préserver l’essentiel, faisons encore nôtre l’affirmation  de Christiane Singer, dans son ouvrage « Du bon usage des  crises » : La  chance m’est donnée à chaque instant de recommencer à zéro, je  peux prendre cette chance et me dire : tout est neuf…
   Isabelle  Chazot |