Le yoga n'a rien à voir avec la compétitivité. Il ne relève que d'une centration, ce qui fait ressembler cette discipline, du moins dans son éthique, au travail psychanalytique. Il s'agit d'une connaissance de soi qui utilise des techniques corporelles, là où la cure prend en compte essentiellement le langage. Malgré une approche différente, ces deux disciplines ont un sens commun : l’acceptation. Il est question dans les deux cas de refaire circuler une énergie bloquée. Le yoga a compris depuis longtemps que nos blocages moïques sont dus à un positionnement erroné du mental. La psychanalyse réactualise ce savoir en démontrant l'influence de l'inconscient sur les somatisations. C. G. Jung, dans son ouvrage « Ma vie, souvenirs, rêves et pensées », témoigne de l'apport non négligeable des techniques de pranayama (maîtrise du souffle) dont il s'est servi à un moment critique de son autoanalyse. Loin d'être antinomiques, yoga et psychanalyse peuvent se retrouver à ce point zéro du lâcher-prise, là où les couples d'opposés se rejoignent pour réaliser, peut-être, le seul exploit digne d'intérêt, la grande psychothérapie pour Jung, c'est-à-dire l'éveil à soi-même et aux autres…
Gilbert Roux
