La communication bienveillante

Si l'autonomie d'un enfant convoque des jeux et des activités à partager avec lui, le miroir que lui renvoient ses parents doit traduire avant tout des encouragements constants à progresser. En outre, l'observer est incontournable pour comprendre ses préférences. " Il faut l'encourager à prendre des décisions ", dit la psychothérapeute Francine Ferland : 'Que veux-tu manger ? Des céréales ou du pain grillé ?'. Plus tard, il pourra décider tout seul, sans avoir besoin que lui soient précisés les choix possibles. ". En outre, devenu adulte, il saura se protéger de ce qui pourrait être néfaste pour lui, qu'il s'agisse du domaine de l'alimentation, du travail, des relations...
. Marie-Amélie, 23 ans, étudiante en médecine, rapporte que sa mère - qui l'élevait seule - détestait tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de la crème. Ainsi n'achetait-elle jamais de yaourts ! : " Elle avait déclenché ma propre phobie pour ce produit laitier. Ce n'est qu'à la suite d'une émission expliquant ses atouts santé que j'ai goûté ce qui est devenu tout de suite pour moi une gourmandise. J'avais 18 ans ! "...
Cette anecdote peut sembler farfelue à première vue. Pourtant, combien de personnes affirment ne pas aimer certains mets alors qu'elles n'en ont jamais mangé, tout simplement parce que dans la famille ils n'étaient jamais proposés... La communication, qu'elle soit muette ou sonore, reste de fait complexe. Quand il s'agit d'échanger, les affects peuvent réagir de façon épidermique. Il existe cependant une méthode, dite de " Communication bienveillante ", qui suggère de parler de soi au nom de " Je ", éliminant le " Tu " accusateur, responsable le plus souvent d'une violence verbale détestable...
. Enrique, 50 ans, pompier professionnel, se souvient péniblement de ses emportements dans les discussions qui l'opposaient à sa compagne du moment : " Je tenais ce trait de caractère insupportable de mon père qui passait son temps à faire des reproches à ma mère pour tout et n'importe quoi, du style 'Tu es incapable de trouver un bon melon', 'Tu dépenses trop d'argent', 'Tu es mal attifée'... Tu, Tu, Tu... Eh bien ma mère a fini par se suicider et il y avait de quoi. Non content de ce drame dont je ne me remettrai jamais, je reproduisais le même schéma que lui. Mes relations sentimentales échouaient à cause de mes remarques accusatrices et réductrices. J'ai été libéré de cette intolérance à partir du jour où j'ai assisté à une conférence qui traitait des relations humaines. Le conférencier, de façon extrêmement accessible, a pris des exemples d'ouverture de dialogue " émotionnel ". Ainsi, au lieu de dire à son collaborateur : " Tu ne ranges jamais le bureau, c'est pénible à la fin ! ", il est conseillé de parler de soi en premier lieu et de verbaliser ce que l'on ressent : " Je souffre de travailler dans un bureau en désordre. "... C'est un des plus beaux déclics que j'ai eus dans ma vie... "... La psychanalyste Chantal Calatayud explique qu'il est question ici d'une réelle redistribution des propos oraux, sans agressivité, dont émerge une compréhension mutuelle : " Exprimer ce que nous aimerions est la clé de la communication bienveillante. Dans ce processus, l'autobienveillance - par surmoi interposé - élimine les griefs projectifs dont il est si aisé d'alourdir les autres. "... Envisagée sous cet angle-là, il est une évidence que cette technique représente un mécanisme de protection utile, voire indispensable, qui mérite absolument d'être expérimenté...