Le point de vue
Lorette avait une phobie des kilos. S'imaginant trop grosse (47 kg pour 1 m 55 !), elle bannissait le sucre. Quant à s'habiller de tenues colorées ou chamarrées, pas question non plus ! Or, elle n'avait que 29 ans et s'astreignait à ce type de punitions depuis sa majorité... Onze longues années de privation de douceurs gustatives et visuelles ont finalement eu raison de son équilibre psychologique. La dépression était entrée sans faire de bruit par la porte qu'elle avait ouverte elle-même à cette pathologie redoutable. Une cure de sommeil avait coupé la jeune femme de la belle lumière extérieure, de la nature, de la mode, des plaisirs culinaires car une hospitalisation de ce type n'a pas pour vocation de permettre de voir tout de suite la vie en rose. C'est une étape qui prend en compte l'urgence d'un état de santé quand les pulsions de mort règnent en maîtresses absolues. Ce n'est que plus tard que les pulsions de vie reprennent de la vigueur... Il y aura d'ailleurs nécessité de passer par des séances de psychologie approfondies pour que le psychisme accepte de s'autoriser à exister sans culpabilité. Lorette a connu des phases de découragement mais elle a été confiée à un psychothérapeute qui lui a appris la technique de la visualisation positive. Au début de ce travail singulier sur elle-même, elle n'en voyait pas l'utilité et résistait à pratiquer. Pourtant, à la suite de la septième consultation, elle a eu le désir de rentrer dans une pâtisserie et elle s'est achetée une religieuse ! Elle a annoncé cette étonnante envie à son thérapeute qui s'est toutefois bien gardé de lui dire que ladite religieuse signalait encore quelques interdits... En même temps, il n'était pas dupe qu'une tarte aurait pu témoigner d'un conflit intérieur toujours bien verrouillé et qu'un éclair aurait pu laisser subodorer une embellie de courte durée ! De toute façon, sur la route " psy ", les obstacles ont l'art d'entraîner des hésitations qu'il faut accepter. Il s'agit d'un rythme individuel propre à chaque inconscient. Ceci étant, la persévérance dans ce domaine donne des résultats intéressants. Lorette avait donc pris l'habitude maintenant de passer outre les nuages qu'elles pouvaient continuer à dessiner en imagination pour placer le soleil dorénavant systématiquement au-dessus des taches laiteuses virtuelles. C'est ainsi qu'elle est arrivée un jour chez son psy dans une robe joliment coupée dans un imprimé " liberty " ! Sa prise en charge psychologique était terminée... Il n'y a cependant rien d'exceptionnel dans le déroulement de cette thérapie dans la mesure où l'optimisme est une véritable tournure d'esprit : il dépasse les apparences, supprime les projections et élève les pensées vers un horizon où la beauté n'est ni un vain mot ni une utopie... |
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