Didier Derlich
Inconscient & destin

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La psychanalyse est une grande aventure pour celui qui la rencontre un jour ; c'est peut-être le seul rendez-vous à ne pas manquer : la découverte de soi. Il y a des rencontres tout aussi surprenantes et riches d'émotions qui se rapprochent considérablement de l'expérience analytique, comme celle de Didier Derlich qui a accepté de nous faire partager des moments d'intimité de son existence et aussi ce formidable espoir dont il est le messager dans la lutte contre le sida. Cette maladie n'est d'ailleurs pas un obstacle mais elle pose cependant le problème du regard de l'autre. Elle souligne combien il est nécessaire d'écouter mais aussi de parler à celui qui souffre, afin de reconnaître sa souffrance car il n'y a qu'en la rendant réelle qu'il est possible de l'exorciser et donc de mieux la soigner.

Didier Derlich s'exprime par des mots limpides et essentiels. De sa maison de campagne à Jaligny sur Besbre où il se trouve, Didier Derlich livre sans détours le combat qu'il mène contre le sida mais aussi son métier qu'il exerce avec passion depuis plusieurs années.

Psychanalyse magazine : Didier Derlich, quel a été votre parcours jusqu'ici ?
Didier Derlich : Après avoir passé le bac, j'ai rencontré une astrologue qui avait déjà près de vingt ans d'expérience et de métier derrière elle. Elle avait des acquis et des connaissances considérables. De mon côté, je venais de m'inscrire en fac de psycho et également en droit. J'étais donc dans cette période de “ battement ” intermédiaire après le bac où l'on s'interroge tout simplement sur le sens que l'on souhaite donner à sa vie. Les études ne m'inspiraient pas plus que cela et cette rencontre m'a fait prendre conscience que mon chemin, ma vie, passaient par l'irrationnel et le paranormal. C'est donc à ce moment-là que j'ai renoncé à faire des études et que je me suis lancé, en assistant aux consultations de cette astrologue, à apprendre avec elle sur le terrain, à consulter avec le tarot et à affiner petit à petit mon intuition. L'astrologie et la voyance sont deux passions parfaitement distinctes, ciblées ; ces deux disciplines permettent avant tout de communiquer et d'aller vers l'autre. Je ne pense pas que l'on puisse exercer ces activités sans aimer ou être curieux de l'autre. On est obligé d'avoir une part de générosité pour voyager dans les états d'âme de celui ou celle que l'on a en face de nous. La connaissance, on la crée pour l'autre et la générosité me paraît primordiale pour ce type d'activité, même si le terme exact est introuvable ; ce n'est pas un sacerdoce... mais quelque chose entre passion et métier.

P. M. : Pratique-t-on un métier par hasard ?
D. D. : Le hasard n'existe pas. Je crois que tout a une raison d'être, tout peut être interprété et donner lieu à une explication. J'avais d'ailleurs un grand-père ingénieur agronome qui, à ses heures de loisirs, ses temps perdus, était aussi magnétiseur et sourcier.

P. M. : L'astrologie peut-elle servir à analyser ?
D. D. : L'astrologie peut aider à mieux se connaître et je crois que c'est là son but essentiel, apprendre à mieux exprimer les capacités, les richesses qui sont en nous. Un astrologue peut aider à trouver le meilleur moyen de surmonter les obstacles et, lorsqu'il y a une opportunité qui se présente, essayer d'aider le consultant à tirer partie au maximum des bonnes conditions qu'il va traverser dans un secteur de son existence.

P. M. : Pensez-vous que la connaissance que l'on peut avoir de soi permette d'accéder à un certain équilibre mental ?
D. D. : Oui, certainement. Lorsqu'un consultant me dit : “ Je n'ai plus besoin de vous, je n'ai plus d'angoisses, ni d'interrogations pour demain ”, j'ai véritablement l'impression d'avoir fait mon travail et que mon rôle est là. Cependant, le consultant doit toujours et avant tout être acteur de son existence. Cela est à mon sens primordial.

P. M. : L'existence est-elle jalonnée de signes qui ont un sens ?
D. D. : Oui, mais l'individu n'écoute que ce qu'il veut bien entendre. Ainsi, un consultant peut venir avec une obsession et son profil relever davantage d'un thérapeute ! Il m'arrive, bien souvent, d'envoyer un consultant vers un médecin, un psychologue ou un psychiatre parce que l'astrologie sera toujours décalée par rapport à une attente névrotique...

P. M. : Pensez-vous que l'incertitude soit facteur d'évolution ?
D. D. : Je ne sais pas... Chaque cas est particulier ; il est difficile de donner des généralités sur l'incertitude. Je crois que l'incertitude peut permettre aussi à l'être humain de se “ paumer ” et quelquefois de faire fausse route. Je ne crois pas que le fait de savoir enlève toute part de spontanéité, d'effet de surprise. On est tous constructeur, bâtisseur de notre vie et de notre destinée ; il y a donc tout une part de la vie qui émane de soi et ni des astres ou des tarots ou du discours du praticien quel qu'il soit. Il y a une part d'inconnu qui fait toute la beauté du quotidien.

P. M. : Le titre de votre livre “ Le vivre pour le croire* ” est-il une référence au fait que vivre une expérience ou une situation douloureuse fasse prendre conscience de l'importance d'Être ?
D. D. : Effectivement, c'est prendre conscience de sa propre vie et s'y attacher. “ Le vivre pour le croire ” est le témoignage d'une expérience humaine qui est probablement l'expérience humaine la plus intéressante de ma vie, expérience très dure avec des angoisses existentielles très, très profondes, entre la vie et la mort. Cela m'a permis de voir comment chacun se comportait, réagissait, de prendre un recul énorme par rapport à beaucoup de choses et de changer de priorités, d'avoir d'autres exigences, d'autres besoins, d'autres envies... Ça a été une grande révolution qui m'a amené encore plus à m'attacher à cette envie de vivre, à croire en demain et à cultiver l'espoir, la pensée positive comme je dis souvent.

P. M. : Pourquoi avez-vous annoncé publiquement votre séropositivité ?
D. D. : Je me suis trouvé dans une espèce de devoir de dire les choses... Lorsque vous faites une émission publique, les gens sont amenés à se confier à vous depuis des années de façon sincère, spontanée, chaleureuse et donc je ne me voyais pas faire autrement que d'annoncer ce que je vivais. Cela a sûrement eu un effet libératoire pour moi sur le plan psychologique. Et puis, étant donné mon caractère et ma façon d'agir dans la vie, il s'agit aussi d'une forme de thérapie. Annoncer ma maladie m'a permis de me donner plus de force, plus de temps, plus d'espace pour lutter contre le mal, pour me battre et me pencher encore plus sur la question de la lutte contre le sida. De voir aussi comment moi, modestement, je pouvais amener ma pierre dans ce combat-là, que ce soit en province, en rencontrant des malades, en travaillant avec ou en soutenant ponctuellement des associations.

P. M. : Peut-on rire de tout ?
D. D. : Pouvoir rire de tout, c'est bien sûr très personnel mais je pense qu'il faut avoir du second degré pour avoir vécu et vivre encore ou pour avoir rencontré des gens pour lesquels il n'y avait plus d'espoir... Je reçois beaucoup de témoignages de personnes HIV ou séropositives qui ont fait le choix de ne pas révéler leur état pour des raisons économiques ou autres... C'est un choix qui se respecte et que je comprends. Il est vrai que nous sommes dans un pays très en retard en matière de prévention et de lutte contre le sida et je pense là avoir joué un rôle. Effectivement, on peut rire de tout, il faut dédramatiser. Cette attitude aide à apporter des solutions et à trouver des pistes pour redémarrer, pour prendre du recul, pour dépasser une situation quelle qu'elle soit. Pour moi, le rire est comme une phase de décompression, un ballon d'oxygène avant de trouver la voie ou de réfléchir véritablement à la question.

P. M. : Si la psychanalyse a pu démontrer que parler était salvateur, qu'en est-il de l'écriture ?
D. D. : Écrire m'a fait beaucoup de bien. Je dirais que j'ai fait ainsi une mini-analyse d'une partie de ce que j'ai vécu parce que, dans mon livre, j'évoque des années où j'ai passé ma séropositivité sous silence, des traversées intimes de mon existence, de ma vie. Une analyse avec aussi beaucoup d'angoisse quand j'ai décidé avec mon éditeur de le publier car ce n'était pas gagné d'avance pour moi dans ma tête. Ce livre représentait à mon sens quelque chose de très intime... plus un carnet de bord qu'autre chose. S'il m'a énormément aidé, en même temps, il m'a beaucoup coûté après la parution car il fallait faire face à l'interprétation et à la lecture que les autres allaient avoir, à la démarche des lecteurs, que ce soit les médias, les journalistes ou une certaine forme du public... Il y avait, après coup, toutes ces réactions à gérer et à recevoir ; c'était la partie la plus rude et la plus difficile, même si le livre a été bien accueilli de manière générale par la presse et par le public. Je continue à recevoir énormément de témoignages. Ce qui m'a le plus touché tout autour du livre c'est que j'avais demandé à mon éditeur que ce soit un ouvrage qui fonctionne surtout “ du bouche à oreille ” et qu'il n'y ait pas de tapage, ni de battage, comme on dit aujourd'hui en marketing, autour de cette sortie. Cela a été le cas ; on a commencé par un dossier dans “ Marie-Claire ” et petit à petit le livre a pris son rythme de croisière. Pour moi, c'était plus une démarche humaine qu'une démarche “ commerciale ”.

P. M. : Peut-on parler d'un cadeau, comme une histoire d'amour adressée à vos lecteurs ?
D. D. : Oui, ce n'est peut-être pas fini... J'écris encore de temps en temps. Mon éditeur et les directrices de collection qui travaillent avec moi, chez Hachette, me demandent de continuer de prendre des notes car dans le livre je m'arrête aux échéances de 1996-1997. Depuis, d'autres choses se sont passées et plus on avance dans ce combat, dans cette lutte contre la maladie (cela va faire quasiment neuf ans que je suis séropositif) et au fur et à mesure du temps, des années d'expérience, que ce soit à travers la rédaction de ce livre, que ce soit mes activités, mes nouveaux projets, les rencontres que je peux faire dans la vie, les moments difficiles que je traverse aussi, il y a quelque part une véritable évolution spirituelle qui se fait en moi. J'ai envie de faire partager cela ; cela ne sera pas une suite du livre “ Le vivre pour le croire ” mais il y aura probablement un autre ouvrage rédigé sous une autre forme, sur l'évolution spirituelle et les transformations que cela a amenées profondément en moi ces dernières années. Là, j'ai encore besoin de recul, il y a des choses qui sont arrivées et qui, je dirais, sont encore trop fraîches...

P. M. : Qu'est-ce qu'une épreuve ?
D. D. : L'écriture est, par exemple pour moi, de l'ordre de l'épreuve ! Je me suis étonné tout seul car je ne me suis jamais pris pour un auteur ou un écrivain. Je suis un auteur spécialisé dans un domaine qui est l'astrologie, la voyance ou le paranormal, c'est ce qui m'a fait avancer tout au long de ces dernières années, et je me suis surpris à constater que l'on pouvait prendre plaisir à écrire, que cette écriture pouvait apporter et que les mots permettaient de dire bien sûr et de se libérer.

P. M.   : La séropositivité est-elle une pathologie comme les autres ?
D. D. : C'est un fardeau, tout simplement. C'est quelque chose de lourd, de pesant, de contraignant ; je ne peux pas “ coller ” à cette séropositivité ou la traduire à travers une expression plus heureuse ou plus positive. Mais j'ai la chance d'avoir près de moi un spécialiste, un professeur avec qui j'ai un très bon contact. Il a écrit la préface de mon livre. C'est quelqu'un avec qui j'ai une relation privilégiée. Pour lui, le malade n'est pas un numéro, c'est un être humain et il a compris qu'il fallait passer du temps à écouter le patient, qu'il n'y a pas que la chimie à apporter au malade. Il y a aussi une écoute, même si il n'est pas psy.

P. M : Toute la difficulté réside encore peut-être dans le fait que l'on ne peut soigner le corps sans soigner l'esprit ?
D. D. : Oui, mais j'ai l'impression qu'il y a peu de médecins qui le comprennent, surtout dans ces maladies-là… Peut-être parce qu'ils n'ont pas le temps, qu'ils sont débordés... ce que je comprends totalement. La santé en France n'est malheureusement pas très bien organisée…

 

* “ Le vivre pour le croire ” - Éditions Hachette


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