Jane Dreyfus
Un précieux héritage

Jane Dreyfus un précieux héritage
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La lecture des propos de Jane Dreyfus, petite-nièce d'Alfred Dreyfus, permet de mieux comprendre combien un patronyme peut entraîner, selon l'expression freudienne, un acte de défense du Moi contre l'idée inconciliable…

Psychanalyse magazine : Vous vous appelez Dreyfus : un nom célèbre qui ne peut pas laisser indifférent. Pourriez-vous nous dire qui était le Capitaine Dreyfus dans votre généalogie ?
Jane Dreyfus : Un des frères du Capitaine Dreyfus était mon grand-père et mon père n'ayant eu qu'une fille, je suis donc une des dernières descendantes à porter le nom.

P. M. : En fait, est-ce plutôt lourd ou plutôt agréable ?
J. D. : L'affaire Dreyfus a été très pesante lors de son apogée en 1894 mais je peux vous dire que, même à l'approche de l'an 2000, le nom de Dreyfus est encore difficile à porter. L'affaire Dreyfus reste toujours présente dans les esprits, elle est d'ailleurs fréquemment citée en référence à la télévision. Par exemple, actuellement, les Assises tiennent séance à Carpentras, eh bien, je suis persuadée que dans la semaine, au moins une fois, un des avocats mettra en parallèle l'affaire Dreyfus.

P. M. : Analytiquement, on pourrait dire que votre aïeul s'est tout de même inconsciemment positionné de façon à ce que l'on ne l'oublie pas...
J. D. : Absolument, les choses peuvent être envisagées sous cet aspect. Ce procès a marqué son temps et il dure puisque, dans certains livres d'Histoire, l'affaire Dreyfus est au programme. On me contacte d'ailleurs souvent pour faire certaines interventions dans les lycées ; cela intéresse beaucoup les jeunes de rencontrer quelqu'un qui porte le nom, ainsi que de prendre connaissance de certains documents.

P. M. : Avez-vous une explication “ rationnelle ” quant à la pérennisation de l'affaire Dreyfus ?
J. D. : Il est vrai que, partie comme elle est, cette affaire risque de traverser encore des décennies. Récemment, il y a eu les cent ans du fameux “ J'accuse ”, donc cela soulève toujours autant de passions et fait couler de nouveau pas mal d'encre dans la presse. L'armée également s'intéresse encore à cette affaire puisqu’il y a seulement trois ou quatre ans que le Capitaine Dreyfus a été réhabilité militairement.

P. M. : Pensez-vous qu'il puisse y avoir une raison, au sens des valeurs humaines, qui ferait écho finalement en chacun de nous pour que l'on véhicule encore cette histoire ?
J. D. : Oui, je pense que c'est ce côté “ justice – injustice ” qui traverse les époques et reste toujours d'actualité. Une sorte de grand classique de la société pour lequel on va systématiquement se rapporter à l'affaire Dreyfus quel que soit le contexte initial. Je me souviens d'une injustice sportive qui s'est produite il y a quelques années et dans laquelle il avait été fait référence à l'affaire Dreyfus alors qu'a priori ces deux histoires n'avaient aucun lien. Donc, en fait, c'est comme pour transmettre à chaque fois le fait que l'injustice existe et que cela peut entraîner des catastrophes individuelles, familiales, etc.

 P. M. : Quel est votre point de vue quant aux conséquences que cette affaire a pu entraîner, sur un plan politique, et ce, d'une manière certainement pas totalement innocente ?
J. D. : Effectivement, la France a été réellement séparée en deux. Les hommes politiques se sont déchirés entre eux : il y avait d'un côté les dreyfusards et de l'autre les antidreyfusards. Au sein d'une même famille, les gens se disputaient ; il y a eu des divorces à cause de cette affaire ! Cela semble invraisemblable que l'on parvienne ainsi à diviser un pays.

P. M. : Si l'on prend les grandes fresques politiques des décennies qui se sont écoulées pendant ce siècle, avez-vous l'impression que l'affaire Dreyfus ait pu avoir un impact sur l'évolution politique ?
J. D. : Je ne pense pas qu'il y ait eu, véritablement sur le plan politique, une récupération à long terme, bien que, quelquefois, on s'en serve encore malgré tout. Je citerai en particulier l'affaire de Carpentras dans laquelle les Juifs ont été malheureusement attaqués et où l'affaire Dreyfus est ressortie. Pour ma part, j'ai préféré m'effacer et ne faire aucun commentaire.

P. M. : D'autant plus que cela aurait pu être, au nom d'un aïeul, de la mauvaise récupération...
J. D. : Tout à fait et je tiens à protéger le nom. Jusqu'à présent, j'accorde volontiers des interviews parce que, en fin de compte, si je peux de quelque manière que ce soit redorer le blason de la famille Dreyfus, je le fais avec plaisir. A côté de cela, je n'ai jamais cherché à retirer un quelconque profit ou à négocier quoi que ce soit, sous prétexte que je porte un nom célèbre. Peut-être un jour y aura-t-il un livre, mais c'est alors moi qui fournirai le produit sous la forme d'une écriture personnalisée.

P. M. : Il y a le film d'Yves Boisset. Quel effet cela peut-il produire de voir l'histoire d'un membre de sa famille sur le grand écran ?
J. D. : Regarder ce film est probablement ce qui m'a vraiment permis de réaliser l'importance de mon nom et a suscité en moi l'envie de m'impliquer davantage dans des recherches sur la famille.

P. M. : Y a-t-il eu une impression de frustration par rapport à ce film ?
J. D. : Non, pas vraiment. J'ai l'esprit curieux et ce film a provoqué en moi un déclic que je souhaite pouvoir exprimer. Ce serait plutôt une façon de rendre hommage à ma famille.

P. M. : Pensez-vous que le nom de Dreyfus ait pu être déterminant quant à votre existence ?
J. D. : Il ne me semble pas, d'autant plus que mon père est décédé lorsque j'avais quatre ans. Donc, avec ma mère, nous avons dû nous débrouiller seules. Je n'ai jamais eu le sentiment, et je ne l'ai toujours pas, que le nom de Dreyfus ait pu m'aider au sens de m'avantager ou de me privilégier dans le déroulement de mon existence.

P. M. : N'estimez-vous pas, sans mauvais jeu de mots, que vous portez en quelque sorte le boulet de votre grand oncle ?
J. D. : Cela peut-être. Il m'a fallu avoir la volonté d'avancer un peu en ôtant la chaîne, marcher en laissant de côté ce boulet et essayer de vivre comme si je m'appelais Dupont ou Durand.

P. M. : À l'école, lorsque vous étiez toute jeune, ce nom, qu'entraînait-il vis-à-vis de vos camarades ?
J. D. : Certains de mes camarades de classe dont les parents n'étaient pas trop au courant ne prêtaient aucune attention à mon nom. Avec d'autres, c'était un peu différent et on me remarquait mais cela était probablement davantage lié au fait que mon père est resté durant vingt-trois ans Maire de Carpentras, ce qui mettait en quelque sorte le nom en valeur. Dans notre région, j'étais plutôt la fille du maire que la petite-nièce du Capitaine Dreyfus.

P. M. : Vous avez un fils d'une vingtaine d'années, quel regard porte-t-il sur son propre aïeul ?
J. D. : Je sais que certains membres de ma famille auraient désiré que mon fils porte le nom, mais je ne pense pas que l'on doive imposer à un enfant une pérennité si il n'en a pas envie. De temps en temps, lui et moi nous parlons de l'affaire ; il me pose des questions et nous en discutons. Ceci étant, nous ne vivons tout de même pas en permanence obsédés par l'affaire Dreyfus ; il a ses passions, j'ai les miennes. Il est vrai que si un jour j'entreprends des recherches, il aimerait bien y participer.

P. M. : Souhaiteriez-vous qu'il y ait un musée, quelque chose de cet ordre-là ?
J. D. : Oui, effectivement. Etant donné qu'il reste encore de la famille en France et que l'on possède tous des documents, il me semble qu'il serait peut-être bon d'envisager un travail en commun de façon à rassembler tout cela pour constituer une sorte de musée permettant, d'une part d'en faire profiter les autres, mais surtout d'honorer le nom de Dreyfus et de rendre hommage au Capitaine au travers d'une réalisation concrète qui ne soit pas seulement une statue. Je pense que ce serait quelque chose de bien...

 

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