Marie-Sophie L.
Une belle histoire

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Marie Sophie-L. appartient à cette catégorie d’acteurs qui savent marquer une époque d’une empreinte qui permet à tout un chacun de s’y ancrer comme un repère. Ex-Madame Lelouch, ex-muse du cinéaste dont elle a eu trois enfants, elle s’offre avec précision et générosité, laissant jaillir ses blessures intimes pour une communication plus vraie. Elle nous accueille chez elle en toute amitié ; sa confiance étonne, émeut et séduit.

À quarante ans et après sept années d’absence volontaire et de vie provinciale, elle est à l’affiche de la suite de “Trois hommes et un couffin” de Coline Serreau. Si Claude Lelouch a révélé l’actrice dans “Attention, bandits !”, “Il y a des jours et des lunes”, “La belle histoire”, “Itinéraire d’un enfant gâté”, “Tout ça pour ça”, Marie-Sophie développe la volonté de mettre ses expériences de vie au service de son métier de comédienne. Cette aventurière hors-norme, à la façon d’une Alexandra David-Neel, raconte ses expériences, ses combats, ses défaites, ses enthousiasmes, ses désirs, avec cette loyauté qui n’appartient qu’aux âmes fidèles. En quête permanente de vraies interrogations, elle évite de rejeter la faute sur l’autre et, si par à-coups, elle a l’audace des timides, sa discrétion lui fait oublier de préciser que son parcours professionnel, en dehors de Claude Lelouch, n’est pas une coque vide. Du “Gigi” de ses débuts, en passant par “Reine d’un jour”, comédie de Marion Vernoux, il y a deux ans, suivie au théâtre de “Casanova ou les caprices de la passion”, la télévision lui a offert des rôles qui l’ont stimulée au point que Marie-Sophie désire maintenant sortir de ses jeux d’ombre et de lumière, de ses paradoxes, de ses ambivalences. Ivre de ses complexités qu’elle assume aussi bien dans sa vie de femme que de mère, elle force admiration et respect. Forte, sensible et courageuse, ses confidences nous conduisent sur le labyrinthe d’une vie en perpétuelle métamorphose. Marie-Sophie L. nous dit tout!


Psychanalyse Magazine : Vous avez utilisé le terme “ insolite ” lorsque nous vous avons proposé cette interview…
Marie-Sophie L. : Insolite, c’est à relier à la spontanéité, à l’inhabituel, à ce qui sort de l’ordinaire, ce qui n’est pas rationnel. Notre rencontre, oui, est insolite.

P. M : Existe-t-il un côté irrationnel chez-vous ?
M.-S. L. : Oui, que je ne cultive pas d’ailleurs ; je lui laisse de plus en plus la plus grande part. J’ai trop été dominée par mon mental et par la logique des choses telles que je les percevais ; j’ai trop été entravée dans mes désirs par des schémas, par des théories ; j’en ai longtemps été l’esclave ; si nobles et belles soient-elles, elles m’ont abusée, enfin… je me suis moi-même abusée ! J’ai donc énormément de permissions à m’accorder et notamment celle de réussir. Jusqu’ici je n’ai jamais eu envie d’argent, d’être connue, de marquer mon siècle ou mon temps mais, aujourd’hui, j’ai besoin de reconnaissance.

P. M. : À quoi attribuez-vous cette énergie de changement ?
M.-S. L. :À une frustration, c’est le moteur. J’ai beaucoup déménagé, changé de vie, changé de métier, j’ai déjà deux fois divorcé ; il y a une instabilité, quelque chose qui se cherche en moi avec, toujours, ce besoin de creuser. Je suis encore en recherche d’équilibre.

P. M. : Qu’est-ce qui peut vous aider actuellement à avancer ?
M.-S. L. : M’autoriser à vivre ce que je rêve et être prête à m’aimer suffisamment pour donner à moi-même ce qu’il y a de meilleur. Si l’on vit des choses difficiles, c’est parfois parce qu’on ne se permet pas d’aller vers ce qui est bon car on ne s’aime pas assez ou on ne s’en sent pas digne.

P. M. : Comment se porte votre narcissisme aujourd’hui ?
M.-S. L. :Je ne suis pas quelqu’un de figé car je me remets suffisamment en question ; je creuse profond pour ne pas être comme Narcisse dans cet état de fixité qui est pathologique. En fait, mon narcissisme va mieux, peut-être parce que j’ai quarante ans. Maintenant, j’ai envie d’être belle, avant je m’en sentais coupable ; ce n’était pas bien et alors que tout commence un peu à s’en aller, je m’accroche ! J’ai une sincère envie d’être belle et de l’être le plus possible mais pas plus qu’une autre car il ne s’agit pas de prendre la place de qui que ce soit ; il s’agit d’être, de rayonner et d’offrir ce rayonnement aux autres, célébrer, partager dans ce sens-là. Aujourd’hui, je regrette de ne pas en avoir profité davantage.

P. M. : Ces schémas de perfection continuent-ils à vous jouer des tours ?
M.-S. L. : Non, parce que j’ai tout de même fait des choses ; j’ai accepté de faire par exemple des livres qui ne soient pas forcément extraordinaires et de les publier. J’ai toujours dans la tête que pour être aimé il faut faire, il faut prouver sa valeur. Je crois que j’ai beaucoup confondu être aimée et prouver ma valeur ; je me démène encore là-dedans.

P. M. : Vous croyez en la vie ?
M.-S. L. : Oh, oui ! J’ai une “ patate d’enfer ” ; j’ai traversé des choses dures. J’ai une grande foi, je crois en Dieu, je crois en la vie.

P. M. : C’est une foi que vous cultivez, que vous entretenez, vous la nourrissez, ou sont-ce des acquis ?
M.-S. L. : Je l’affine au quotidien dans des actes simples mais il est vrai que je travaille cette relation, je suis en dialogues, j’ai beaucoup de moyens, non de la tester mais de l’affiner. Alors quels sont ces moyens? Je me le demande bien car juste au moment où je dis que j’en ai beaucoup, je doute… Justement, l’irrationnel… Moins je réfléchis, plus j’affine ma relation à Dieu ; moins je passe par le filtre du mental et de la volonté, plus je suis dans la spontanéité, moins je fais d’effort pour et plus je suis vigilante. On a parlé d’insolite au tout début, c’est un peu ça, quelque chose qui échappe à la décision, à l’entendement, à la programmation…

P. M. : L’authenticité est une qualité importante pour vous ?
M.-S. L. : Être près de moi, dire ce qui vient et le dire au moment où je le sens mais davantage dire ce que je sens que ce que je pense.

P. M. : De façon très basique, est-ce que c’est payant ?
M.-S. L. : En tous cas, ça n’a pas toujours été payant pour moi ; j’ai tout de même attiré des voleurs ! Je pense cependant qu’on ne peut pas vraiment perdre à être authentique. À la réflexion, je crois ne pas toujours l’avoir été et c’est lorsque je ne l’ai pas été que je me suis trahie, soit pour m’adapter, pour être comme je pensais qu’il fallait que je sois, pour que l’on m’aime ou pour garder un amour qui ne me semblait pas acquis. Maintenant, je suis profondément convaincue que je n’ai rien à faire pour mériter l’amour, je n’ai qu’à être pour l’inspirer et ceux qui n’en veulent pas, eh bien tant pis pour eux ! Autrefois, j’avais tellement envie d’être aimée de tout le monde que j’étais prête à me conformer. J’ai pris des détours et je me suis éloignée de moi sans avoir su attirer les gens qui m’aimaient vraiment. Là, j’ai eu tout faux…

P. M. : Avez-vous rencontré l’amour ?
M.-S. L. : Non, je sais le risque que je prends de blesser les personnes qui ont partagé ma vie avec de bons moments mais je le prends en toute connaissance de cause car le risque le plus grand serait de me trahir en ce moment même alors que j’ai choisi mon camp. Non, je n’ai pas rencontré l’amour...

P. M. : Vous l’attendez ?
M.-S. L. : Je l’attends d’autant plus que je suis capable de le créer maintenant et d’ouvrir la porte à quelqu’un de vraiment bien.

P. M. : Vous avez des enfants de deux lits différents ?
M.-S. L. : J’ai eu trois enfants avec Claude Lelouch et un enfant avec un autre homme, dont je suis séparée.

P. M. : Est-ce lourd d’élever des enfants seules ?
M.-S. L. : J’ai deux réponses complètement contradictoires et vraies toutes les deux. D’un côté ces enfants m’aiguisent, ils sont tous extrêmement intelligents et magnifiques. J’ai vraiment une chance énorme car ce sont quatre enfants d’une grande valeur. Ils sont profonds, sensibles, ils sont extraordinaires et donc, c’est fabuleux d’avoir la chance de vivre avec eux. Ce sont quatre “maîtres”. J’ai bien conscience de ce que je dis en parlant d’eux comme çà mais c’est aussi extrêmement lourd de vivre seule avec quatre enfants. C’est difficile au quotidien car ce sont des enfants qui sont aussi rebelles qu’intelligents, qui ont autant de réparties et d’insolence qu’ils sont vifs et pointus. J’ai écrit un livre, j’ai fait cent cinquante pages en un mois, je me suis vraiment “ arrachée ”, ce qui me fait prendre conscience de la capacité des mères. Être interrompue sans arrêt dans son écriture, avoir à faire une heure et demie de devoirs le soir avec les enfants… cet accompagnement scolaire est une prise de tête ; il est difficile de me replonger dans quelque chose qui ne fait plus partie de mes gestes mentaux ; il faut ré-appuyer sur des fonctions qui sont des fonctions perdues pour moi…

P. M. : Comment voyez-vous votre avenir ?
M.-S. L. : Je pense que j’ai encore à me méfier de cette petite personnalité en moi qui n’accepte pas tellement que je réussisse ; c’est ma principale ennemie mais je veux bien retrousser mes manches et faire face au monstre. Je pense que j’ai passé le pire et si je suis sortie de tout ce que j’ai vécu, c’est que vraiment j’ai de sacrées forces qui ne peuvent que se mettre à mon service. Je suis convaincue de cela.

P. M. : Vous donnez l’impression d’être courageuse…
M.-S. L. : Oui, très courageuse… D’ailleurs, je suis extrêmement timide et je suis toujours triste que l’on ne me reconnaisse pas timide, voire même terrorisée mais, j’ai beaucoup de courage, donc je reconnais que ça se voit moins.!

P. M. : Que pensez-vous de la femme d’aujourd’hui ?
M.-S. L. : Les femmes sont devenues entreprenantes. Avant, l’homme décidait et c’était la femme qui disait quand ; aujourd’hui, c’est carrément la femme qui choisit. Cependant, je vois beaucoup de femmes fortes autour de moi, d’une grande intelligence, d’une grande valeur, qui sont pourtant dans une solitude douloureuse. Comment puis-je faire écho à ce phénomène général ? Pour ma part, je suis assez castratrice avec les hommes ; je leur demande d’être homme en faisant tout à la fois pour eux, en ayant envie de leur apporter tout ce dont ils ont manqué… Je me demande aussi quelle place les hommes peuvent prendre avec moi, tellement j’en prends mais je n’ai pas envie de me renier ; j’attends un Prince Charmant qui aura tué le dragon, traversé la haie d’épines, décroché la pomme d’or, qui aura rempli tous les contrats… D’ailleurs, je sens bien que la force des femmes ne rend pas les hommes forts. Il y a quelque chose de paradoxal là-dedans et compte tenu de la situation difficile, voire douloureuse, dans laquelle je suis, je n’ai pas résolu le problème et n’ai pas de solution. Je vois bien des hommes démunis devant des femmes très entreprenantes, très suffisantes qui gagnent leur vie. Autrefois, le couple était tout de même fondé sur une forme d’accord, femme au foyer, la vestale gardienne du feu et des enfants et l’homme à l’extérieur. Tout cela fonctionnait comme ça, ça marchait bien mais, maintenant, les femmes ont aussi envie de décocher leur flèche, non dans un sens agressif, qu’elles ont envie de s’exprimer en dehors de leur côté maternel et gardienne du foyer. Il y a un problème, c’est clair !

P. M. : Avez-vous l’impression qu’elles ont encore bien des actes importants à poser ?
M.-S. L. : Il y a eu un grand coup de rein de donné pour imposer et défaire des liens qui étaient oppressifs, c’est évident, mais aujourd’hui, je crois qu’il faut arriver à se radoucir. Je connais des femmes superbes. Elles font, mais pour reconquérir leur caractère entreprenant et fédérer des actions qui les portent au-delà du foyer. Les hommes aussi ont un rapport bien différent aux enfants de celui d’avant ; beaucoup de pères responsables regardent leur progéniture différemment ; la nouvelle génération est beaucoup plus consciente ; les pères, de plus en plus, se réapproprient leurs droits à la paternité. Je pense que les hommes misogynes ont beaucoup aidé les femmes ! La misogynie, entretenue dans les seins des femmes-mères, a donc été véhiculée par ces femmes, par ces mères qui ont conservé leur fils dans le mépris de leur propre sexe. Ça n’a pas été, tout le temps, trop mal vécu par les femmes, alors, forcément, il y a des choses qui s’inversent. Finalement, avec tous mes désirs de combattre et d’aller sur le marché du travail, j’aimerais bien un macho qui soit très protecteur et qui aille chasser parce que je sens cette propension en moi à préparer un bon repas ; au fond, je suis profondément féminine. J’ai dû mettre l’armure du soldat, de l’amazone et chevaucher seule mais j’avoue que ça me pèse.

P. M. : Croyez-vous au destin ?
M.-S. L. : Je crois profondément en la capacité de chacun à créer son destin. Je crois que les choses sont bien faites. On est sur terre pour expérimenter ce qui nous manque et ce dont on a envie. Le destin, je ne sais pas en quel terme en parler.

P. M. : Professionnellement, où vous situez-vous ?
M.-S. L. : “ Has been ”. Je vais à des castings de télé mais je suis reçue avec des honneurs très moyens. Pour l’instant, il n’y a rien qui se précipite, je n’ai pas de réelles rencontres, je n’appartiens pas à un réseau. Mon réseau était surtout à Thonon les Bains ; c’était les gens qui accompagnaient mes enfants au foot, à la voile, il s’agissait d’un relationnel tissé autour de la famille. À aujourd’hui, je n’ai pas de famille d’acteurs véritablement. Il y a des gens qui me plaisent comme Clapish, Agnès Jaoui, toute cette bande de gens qui me paraissent sensibles et avisés, intelligents ; il y a des bandes dont j’aimerais faire partie mais, encore une fois, je ne suis pas dans ce type de réseau artistique. J’ai des amis mais pas spécialement du métier.

P. M. : Il paraît qu’il faut savoir frapper aux portes ?
M.-S. L. : Je vais le faire car, maintenant, j’ai le courage de porter mon désir et de porter mon ambition, comme un cinquième enfant dont je vais m’occuper. Oui, il y a une volonté que les choses repartent pour de bon.

 

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