Maya Malet
La femme du « Moi »

Maya Malet, la femme du "Moi"


Psychanalyste, Maya Malet a travaillé avec des enfants abandonnés, puis avec des nourrissons et de petits enfants en crèche. Outre sa pratique de clinicienne en Cabinet, son parcours l'a ensuite amenée à collaborer avec Maud Mannoni, fondatrice de l'école expérimentale de Bonneuil. Elle s'est aussi intéressée, en milieu hospitalier, aux pathologies de la peau. Par son livre « Monothéisme et psychanalyse », elle témoigne et transmet de ses expériences multiples.

Psychanalyse Magazine : Vous êtes intervenue auprès de psychotiques et d'autistes. Que retirez-vous de cette expérience ?
Maya Malet : Elle est au centre même d'une approche particulière. Dans l'école expérimentale de Bonneuil, on ne fait pas de psychanalyse dans l'institution. Cependant, les enfants autistes et psychotiques pourront être analysés hors institution. La question que vous me posez par rapport aux enfants autistes et psychotiques de l'école expérimentale de Bonneuil peut être étendue, par exemple, à l'hôpital. J'ai un bureau avec un divan, ce qui ne veut pas dire que les patients y sont allongés. Pour ma part, il est important d'annoncer mon identité de psychanalyste qu'ils comprennent comme ils le peuvent, comme ils le souhaitent et d'adapter une pratique comme on le peut dans l'institution

P. M. : Dans le cadre de votre parcours professionnel, la culture dont vous êtes issue est-elle essentielle?
M. M. : Mon parcours est fait de nombreux zigzags. Née au Maroc, j'ai vécu en France avec ma famille. J'ai fait des études de lettres et de cinéma, pour après faire un cursus en sciences humaines cliniques. Puis, je suis partie vivre en Israël pendant six années volontairement. Ces expériences ont été extrêmement importantes pour moi dans la mesure où la question de la langue, de l'exil, de la migration ont été vivaces et constamment en éveil. Je suis donc revenue en France avec, en tête, cette phrase de Lacan que j'avais rencontré au cours de mes études de littérature linguistique : L'inconscient est structuré comme un langage. Jacques Lacan a été essentiel quant à ce retour sur la langue puisque, très bizarrement, c'est de l'étranger que je me suis intéressée à ma propre langue. J'ai donc poursuivi une psychanalyse, qui avait déjà commencé par ailleurs, et fait des études. Le retour en France m'a permis de ré-articuler de nouvelles demandes et de nouvelles approches, toujours dans le domaine de la psychanalyse. Ces différents mouvements entre le territoire et sa langue, ainsi que l'identité, ont été extrêmement fructueux pour une réflexion sur les migrations, à travers mon approche clinique ou à travers Passages, journal créé par mon mari. Maud Mannoni, aussi, avait une approche sociale de la maladie mentale, ainsi que de la politique de santé mentale. La question culturelle a toujours été très importante dans la mesure où elle repose la question de l'identité. Il y a l'universel, il y a les cultures.

P. M. : Vos travaux s'orientent actuellement sur les pathologies de la peau...
M. M. : Mon approche n'est pas psychosomatique, dans la mesure où ce serait se positionner dans la quête d'une origine. Freud a montré, concernant les religions, que l'origine est étrangère. On peut dire que cette origine est autre. Vouloir habiller, habiter cette origine vide est l'erreur. A partir de cette notion, on peut aussi extrapoler quant au corps. Très souvent, des patients psychosomatiques veulent entendre une cause précise à leur pathologie. Or, il ne s'agit pas de cela. N'oublions pas cet objet, cause du désir, théorisé par Lacan. Ainsi, la peau va être à la fois miroir et surface inconsciente, où vont venir s'imprimer comme un palimpseste, un certain nombre de choses de l'histoire du sujet et de son enfermement... Elle va être le support de l'inconscient, à la manière du rêve. Je parle de la peau du rêve, du corps du texte mais, aussi, de l'organe langue par la formule de l'humoriste Gad Elmaleh Tu n'as pas ta langue dans ta bouche, manière d'illustrer toute cette problématique des pathologies buccales, à la fois extraordinaire et extrêmement douloureuse. Ces patients sont dans une souffrance inouïe. Ils ne peuvent plus parler. Ils parlent sans parler. Et donc je vais essayer, par exemple, de reconstituer le type de dialogue qu'ils sont capables de mettre en place. Ils parlent pour ne rien dire. Et c'est là que vous comprenez ce que signifie le mot bouche. Ils ouvrent la bouche pour se la boucler !

P. M. : Finalement, en analyse, la parole vide ou la parole pleine est directement reliée à la bouche. Lorsque la parole est pleine, la bouche est forcément vide.
M. M. : Il y a, effectivement, toute une série d'homophonies que l'on peut faire, tant au niveau de la peau qu'au niveau de la bouche. Comment peut-on être psychanalyste avec des enfants autistes, ceux qui ne peuvent pas parler et comment être psychanalyste à l'hôpital là où il n'est question que du corps ? Eh bien on peut l'être, en ayant cette écoute qui n'est absolument pas l'écoute médicale, qui est à côté. C'est en ce sens-là que je dis que ce n'est pas de la psychosomatique non plus. On travaille avec des médecins, avec ceux qui acceptent qu'en fait le patient veut dire d'autres choses et qui nous laissent cet espace. Ce type de travail, je l'ai fait toute seule, avec mon bâton de pèlerin, dans des lieux où il n'y avait pas du tout la psychanalyse mais où on m'a quand même ouvert des portes. Rien n'était gagné d'avance. J'étais dans le lieu médical, tel que vous le connaissez et vous pouvez vous l'imaginer.

P. M. : Comment abordez-vous le problème de l'alimentation ?
M. M.: Comme une mise en bouche. Incorporer un aliment est en lien avec la première identification corporelle. Le premier objet qu'une bouche découvre est le sein de la mère qui va venir boucher ce trou. Nous avons toute cette dialectique qui va s'opérer entre, d'une part, l'objet et d'autre part, la bouche. La question de la nourriture sera ainsi prise autour de ce lieu-là, de ce lien-là où nous pouvons aller très loin. Les distances religieuses ont été établies entre protestants et catholiques autour de ces questions d'incorporation. La question de l'interdit par rapport à certains aliments aussi. Qu'est-ce que ça veut dire que certains aliments soient interdits ? Qu'est-ce qui se passe là ? Quels sont nos comportements alimentaires actuels? Comment devient-on anorexique ou boulimique ? Comment peut-on aussi sortir de ces conduites alimentaires qui vont bien au-delà de tout ce que l'on peut penser et qui reposent toujours la question de la séparation de l'âme et du corps ? Car elle est là LA question posée par les personnes qui ont des conduites alimentaires déréglées... la séparation de l'âme et du corps autour de la bouche...

 

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