Parents, ne culpabilisez plus ! 
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Certains  parents sont démunis devant les problèmes affectifs et  comportementaux de leurs enfants. Fort de ses recherches sur le  tempérament du petit d’Homme et de son expérience  professionnelle, le docteur Michel Maziade*, pédopsychiatre, les  encourage et les rassure : « Parents, écoutez-vous, ne vous  culpabilisez pas, faites preuve de bon sens et utilisez votre propre  jugement dans l’éducation de vos enfants », leur conseille-t-il.  Ses réponses à nos questions peuvent ainsi redonner espoir à tout  parent inquiet et à bout de souffle…
 Familles  d’aujourd’hui magazine : Lorsqu’un  enfant pose problème, notre société – dite moderne – a  tendance à rejeter la faute sur les parents…
Docteur  Michel Maziade : Oui,  et c’est d’autant plus grave que certaines instances semblent  toujours ignorer au XXIème siècle que chaque enfant est unique par  son tempérament. En effet, des études sérieuses ont démontré que  l’enfant présente dès le début de sa vie un caractère qui lui  est propre. Or, étonnamment, les parents eux-mêmes s’accusent  trop facilement d’être la cause du trouble du développement  psychologique de leur enfant. De nos jours, les parents constituent  la meilleure machine à auto-culpabilisation qui existe, alors qu’ils  savent très bien au fond d’eux-mêmes que leurs enfants présentent  des signes distincts. N’oublions jamais que chaque enfant naît  avec ses différences…
 F.  d’A. m. : Quels  sont les risques d’une culpabilité parentale compulsive ?
    Dr  M. M. : Une  culpabilité excessive ne mène nulle part ! Elle nous fait nous  déprécier, elle mine nos énergies, elle ronge l’image de soi.  Lorsqu’en tant que parent, vous vous culpabilisez, vous avez le  plus souvent tort. Peut-être avez-vous partiellement raison de  penser que vous pouviez agir mieux avec vos enfants dans le passé  mais en vous rongeant de remords, vous nuisez à vos enfants et à  vous-même.
F.  d’A. m. : Quels  conseils donneriez-vous alors à ce type de parents pour qu’ils ne  soient plus des parents victimes ?
    Dr M. M.  : Il s’avère  nécessaire qu’ils réévaluent positivement leurs attitudes. Sauf  dans de rares cas extrêmes, je n’ai jamais rencontré – dans  toutes mes années de pratique – un parent qui sciemment voulait  nuire à son  enfant. Ceci étant dit, les parents doivent décider radicalement  d’un changement d’attitude face à leur enfant et aller de  l’avant.
F.  d’A. m. : Existe-t-il  des idées phares ?
    Dr  M. M. : Trois  points sont essentiels. Tout d’abord, il faut définir clairement  les règles et les exigences familiales, y compris les comportements  jugés inacceptables. Ensuite, les parents doivent superviser,  c’est-à-dire se tenir au courant des gestes et activités de leurs  enfants ou adolescents en dehors de la maison afin d’y répondre  d’une façon efficace. Enfin, les parents doivent agir selon le  comportement de l’enfant par des renforcements positifs  (récompenses, félicitations) ou des punitions de façon prévisible,  suivant un plan d’action, plutôt que par des cris ou des  répétitions verbales continuelles.
F.  d’A. m. : Peut-on  parler de discipline ?
    Dr  M. M. : Oui  mais dans un sens positif. Discipliner son enfant équivaut à  l’orienter, lui donner une direction. C’est l’aider à entrer  en relation avec les autres, lui apprendre à contrôler ses  impulsions et ses désirs du moment, à prendre un temps de réflexion  avant d’agir et enfin, penser aux bénéfices à moyen ou long  terme plutôt qu’aux seuls avantages à court terme.
F.  d’A. m. : La  deuxième partie du XXème siècle, notamment avec les apports de  Françoise Dolto, a conseillé aux parents de beaucoup communiquer  avec leurs enfants…
    Dr  M. M. : En  position d’autorité, les parents doivent en fait peu parler mais,  encore une fois, agir positivement !
F.  d’A. m. : Justement,  y a-t-il une astuce à livrer aux parents découragés ?
    Dr  M. M. : Oui  ! Ils ont tout intérêt à considérer leurs problèmes parentaux  comme des étapes et des exercices. Cette bonne attitude génèrera  en eux une énergie insoupçonnée pour affronter ces difficultés et  y trouver solution. Leurs enfants rebelles deviendront des agents de  changement plutôt qu’un poids à transporter. Les parents ne  doivent pas rester dans un immobilisme en se demandant pourquoi le  sort les accable mais entrevoir déjà comment le problème peut les  faire évoluer…
 
*Pour en savoir plus, lire :
    « Guide pour parents inquiets »,
    Éditions CHU Sainte-Justine.