« C’était dans les années 60, une vieille dame nous recevait  pour notre instruction religieuse, je ne me souviens plus de son  visage mais je n’oublierai jamais sa gentillesse »… Ainsi  s’exprime Gilles, 54 ans, journaliste...
		         Il est des enseignements spécifiques qui requièrent des  connaissances. L’enseignement religieux  authentique nécessite une  pédagogie en prise directe avec le quotidien. Il y est plus question  de transmettre une énergie que d’y remplir des cahiers.
		         Revenir à l’essentiel
		         Sera-t-il religieux ou ne sera-t-il pas ? Spirituel ou pas ? André  Malraux, alors ministre de la culture, parlait du XXIème siècle.  Ses propos ont été interprétés tant de fois que certains en  viennent à douter de l’authenticité de ses paroles. On a parlé  en mal ou en bien du retour du religieux. Quoi qu’il en soit, nous  y sommes, dans ce fameux siècle et la quête existentielle, elle,  est toujours d’actualité… Les comités d’éthique font appel à  des religieux. Le Pape, bien que controversé, alimente les  conversations. Certes les églises se vident mais la question  religieuse n’a jamais autant préoccupé le public, témoin la  multiplicité des ouvrages traitant de spiritualité. Le «  Catéchisme de l’Église Catholique », s’il explique ce que le  fidèle doit croire, n’est plus le seul référent en  matière de pédagogie religieuse. Le dialogue inter-religieux  s’enrichit des différences. La pensée unique en la matière n’a  heureusement plus cours. Jean-Paul Guetny, journaliste d’un mensuel  d’actualités religieuses, écrivait déjà en 2001 : Il faut  nous remettre à l’esprit que l’essence de nos religions est  paix, amour, fraternité, hospitalité, et n’a rien à voir avec la  destruction et la haine. Ainsi, la première qualité du  pédagogue religieux est sa capacité à revenir à l’essentiel.
		         On reconnaît l’arbre à ses fruits
		         La question du prosélytisme est toujours la pierre d’achoppement  lorsqu’il est question de croyances. L’Histoire enseigne  qu’asséner des certitudes dans un domaine aussi abstrait que la  relation au divin comporte des dérives idéologiques où la  confusion des genres peut générer l’inverse de l’effet  souhaité. Tout simplement parce que l’être est unique et que ce  qui est bon pour l’un peut se révéler néfaste pour un autre.  Tout au plus le pédagogue religieux peut-il témoigner de ce qui le  fait vibrer, en laissant son interlocuteur totalement libre  d’adhérer à sa croyance ou non. Il s’agit d’une relation  intime que l’on peut partager mais surtout pas imposer. Quoi qu’il  en soit, ce sont les actes et le comportement qui transmettent  l’authenticité d’un engagement religieux. On reconnaît  l’arbre à ses fruits est une parole du Christ qui interroge  l’Histoire de l’Église et la remet sans cesse en question. S’il  y a eu des dérives, il y a eu aussi de magnifiques personnalités  qui, en son sein, ont fait avancer l’Humanité. « La vie de  Thérèse d’Avila, écrite par elle-même », par exemple, est un  trésor de pédagogie religieuse intemporelle, si on sait y lire  entre les lignes.
		          
		         Pierre Rolland
		         
	             
	             Les religions à l’école
		         
	             Depuis la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905),  l’école publique considère que l’éducation religieuse ne la  concerne pas, qu’elle incombe aux familles et aux institutions  religieuses ; un jour de congé scolaire fut même prévu à cet  effet. Pourtant, presque cent ans après (rapport Debray de 2002), on  retrouve une volonté de développer un enseignement du fait  religieux dans l’école laïque afin de contribuer à  l’intelligence des civilisations et des évolutions passées et  présentes. Ce qui n’est pas si dénué de sens que cela. En effet,  notre civilisation est bâtie sur des siècles de Christianisme. Des  conflits actuels ont pour toile de fond des idéologies religieuses.  On mélange Islam et islamisme. On ne sait pas vraiment que le  bouddhisme n’est pas à proprement parler une religion. Bref,  l’Humanisme a tout à gagner en ouvrant les esprits et en ne  faisant pas du laïcisme une religion de plus. Pour mieux comprendre  le conflit Irak-Iran, encore faut-il acquérir une culture qui prenne  en compte les différences entre chiite et sunnites. La  pédagogie de la dimension religieuse de l’Humanité devrait ainsi  aider en profondeur à la maturation et à la maturité des futurs  citoyens. L’expérience bien comprise du passé peut en effet  protéger l’avenir. À partir de là, comme le disait le  psychanalyste Jacques Lacan dans un de ses séminaires : Espérez  ce qu’il vous plaira !