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À une époque où les spiritualités vivantes venues d’Orient intéressent de plus en plus nos contemporains, il convient de se reconnecter en parallèle aux textes fondateurs de notre propre tradition spirituelle et d’y redécouvrir des trésors de sagesse. À condition toutefois de ne pas lire la Bible comme s’il s’agissait d’un livre désuet et passéiste…
« Aimez vos ennemis, pardonnez à ceux qui vous ont offensé » et « Ne jugez pas, sinon vous vous soumettez vous-même au jugement » : telles sont deux des nombreuses recommandations bibliques que l’humanité n’a pas toujours bien comprises, mais qui sont pourtant d’actualité. La Bible, indépendamment des récupérations religieuses, des traductions parfois discutables et discutées, a encore beaucoup de choses à nous enseigner.
De la lettre à l’esprit
« La lettre tue mais l’esprit vivifie », explique la lettre aux Corinthiens dans le Nouveau Testament, période de la Bible consacrée à l’enseignement de Jésus-Christ. Ce verset résume la manière dont il faudrait aborder toute Ecriture Sacrée. Ce livre, best-seller mondial, doit son succès au fait qu’il touche aussi bien un catholique, un protestant, un agnostique. Il ne se laisse enfermer dans aucune idéologie, combien même l’Église Catholique en revendiquerait sa transmission exclusive. D’ailleurs, l’un des avantages de la Réforme a consisté à rendre la Bible accessible au plus grand nombre. Pourtant, pouvoir lire la lettre ne garantit pas la compréhension de l’esprit qui l’anime, d’autant qu’il ne s’agit en aucun cas d’un livre de recettes faciles. Dans la religion juive, c’est la première partie du texte qui est étudiée (Ancien Testament). Cette étude requiert des exégètes d’un haut niveau intellectuel et spirituel. C’est dire qu’il est nécessaire, pour avancer dans sa lecture, de développer bien des qualités. Comme un paradoxe, il y est pourtant écrit : « Heureux les simples d’esprit ! », démontrant ainsi que l’humilité est exigée également.
La Bible aujourd’hui
Si la Bible recèle, de nos jours encore, un enseignement passionnant, c’est qu’elle synthétise des interrogations essentielles. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Elle ne répond cependant pas systématiquement puisque son langage restant symbolique, il laisse à chacun le soin de sa propre interprétation en adéquation avec son quotidien. Voilà d’ailleurs le sens de l’homélie, ce moment liturgique de la messe pendant lequel l’officiant s’efforce de mettre en lien le Texte sacré avec la vie de tous les jours. Mais il n’existe aucune obligation à assister à un office religieux pour avoir accès à un enseignement « sur » la Bible. Selon sa sensibilité, il est possible de lire les ouvrages de certains ésotéristes donnant envie de revenir au texte original. Toute cette mouvance spirituelle, y compris l’occultisme, la parapsychologie et même la psychanalyse, font référence à l’Ancien et au Nouveau Testament. Sigmund Freud, inventeur de la psychanalyse et connaisseur biblique averti, a écrit « Moïse et le monothéisme ». Son disciple, puis dissident Carl Gustav Jung, a publié « Réponse à Job », faisant allusion au « Livre de Job » où la question du Bien et du Mal est posée de façon très explicite. Quant à Arnaud Desjardin, dans son ouvrage « En relisant les Évangiles », il propose, à partir des textes bibliques, non pas un dogme ni une morale mais une méthode – un yoga oserait-on dire – pour accéder à la vie intense, « surabondante », promise à ceux qui découvrent en eux le Royaume des Cieux comme leur propre réalité essentielle…
Brigitte Mouriès
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