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Dans le mouvement spirite développé par Allan Kardec, le terme « médium » désigne une personne servant d’intermédiaire entre le monde des vivants et l’esprit des défunts. Le célèbre écrivain Victor Hugo adhérait à cette croyance et participait à des réunions de ce type. Bien des deuils douloureux ont pu être traversés de manière évolutive grâce à cette pratique. On retrouve aussi ce mot en musique, une sonorité médium se situant entre le grave et l’aigu, induisant une notion de milieu, voire d’équilibre. Quant à « media » et « médiation », ils considèrent le « médiateur », ce tiers dont le rôle est d’apaiser les conflits…
En terme de voyance, celui qui reçoit une information utile pour l’équilibre d’autrui est un médium. Cette médiumnité passe par des perceptions extrasensorielles. Au-delà de la simple intuition, certains sujets transmettent des messages porteurs d’un authentique pouvoir de guérison. Non pas qu’il s’agisse d’en attendre des effets miraculeux et illusoires mais plutôt de réaliser qu’une attitude positive, face aux obstacles, est possible. C’est de ce bel enthousiasme dont il est surtout question pour ces thérapeutes pas comme les autres.
Le monde des esprits
Perdre un être cher est toujours un moment de souffrance mais diversement traversé. Beaucoup restent longtemps affectés par cette sensation d’abandon et éprouvent des difficultés à continuer le cours de leur existence. Consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste s’avère alors utile pour comprendre les mécanismes psychiques qui bloquent le processus de remise en route. Cependant, une séance avec un médium aide aussi à faciliter ce travail de deuil. Pour les consultants qui adhèrent à cette méthode, les résultats sont plus que probants. Il n’y a ici aucune extravagance. D’ailleurs, le psychologue analytique Carl Gustav Jung lui-même atteste, dans sa biographie, que l’on peut très bien avoir une perception évolutive du monde des esprits. L’objectif réside non pas en une attitude mortifère mais contribue à aider au détachement. Il est souvent question d’une réconciliation, l’esprit du disparu, selon les médiums, pouvant tout autant souffrir d’être retenu par la douleur des vivants. Le rôle de la séance est, de surcroît, de libérer le consultant d’un sentiment de culpabilité en permettant une sorte de pardon post-mortem. Un sentiment de paix s’installe progressivement, même si la douleur de l’absence ne s’efface pas tout à fait, ce qui est de l’ordre de la normalité…
Médiumnité et inconscient
Le concept d’énergie psychique renvoie à l’abstraction. Si la psychanalyse a théorisé que l’inconscient agit à l’insu de l’individu, il en est à l’identique pour la médiumnité. Un médium a accès, grâce à son don, à l’inconscient de son consultant, pouvant ainsi identifier la genèse des résistances. Toutefois, il aura besoin d’une vraie collaboration avec la personne qu’il reçoit pour que le nœud se défasse. Ainsi, Armand, 30 ans, qui consulte en raison d’un état dépressif qui s’aggrave malgré un suivi médical sérieux. Le spécialiste perçoit un flash : un bébé malade s’impose à lui de façon récurrente. Il conseille alors à son consultant de se renseigner auprès de sa famille proche. Après renseignements pris auprès de sa mère, Armand découvre que son prénom devait être attribué à un enfant mort-né, un an avant sa propre naissance. Ce non-dit était en fait présent dans l’inconscient d’Armand et le perturbait. Cette révélation a permis de contribuer à l’essoufflement de la dépression du patient. Certes, si la découverte de Sigmund Freud a été d’un apport exceptionnel pour l’humanité quant à la dysharmonie du psychisme, les médiums-thérapeutes – utilisant également le lien transférentiel – et les excellents résultats de leur travail, à type de dénouement de situations difficiles, sont légion. Ces spécialistes possèdent non seulement une écoute aiguisée mais ont aussi l’art de saisir les oppositions qui se logent à l’intérieur de leurs consultants. Les flashs, notamment, révèlent une perspective différente de ce que traversent leurs patients au quotidien, qu’il s’agisse d’ailleurs d’un élément du passé ou du présent. De cette configuration paradoxale jaillit durant la séance de médiumnité tout ce qui est en inadéquation avec le caractère inné du consultant. L’interprétation portant sur cette révélation re-situe le conscient dans son identité propre avec, à la clef, l’émergence du désir, processus qui aboutit sans exception à l’obtention de ce qui était souhaité depuis longtemps… Cette évidence vérifiable fait que les médiums-thérapeutes peuvent être associés à une idée de magie, de miracle, alors qu’il n’est question dans leur discipline que d’une méthodologie qui allie psychologie, empathie, intuition et neutralité. Si les sciences occultes le savent depuis toujours, les sciences humaines prennent de plus en plus en compte les témoignages crédibles de femmes et d’hommes qui ont guéri de leurs blessures internes et enfouies grâce à un médium-thérapeute. Quoi qu’il en soit et à l’instar d’Alfred de Musset, la sagesse voudrait qu’enfin la tolérance en matière de relation d’aide se range du côté de sa célèbre maxime : « Qu’importe le flacon… »…
Cécile Lion
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