| 
 
 | 
			 
			    
			     Et si on arrêtait un peu d’ironiser chaque fois qu’il est question  de voyance… Ce n’est plus un secret pour personne, sur 100 sujets  interrogés sur la question, 62 disent avoir déjà consulté un voyant (41  femmes pour 21 hommes !), 29 aimeraient le faire mais n’osent pas  franchir le pas, 9 sont radicalement contre ce type de démarche. Des  chiffres suffisamment probants, quoi qu’il en soit…			      N’est pas voyant qui veut. Exceptée l’idée d’un don qui peut se  transmettre au fil des générations, tous les professionnels du monde de  l’ésotérisme sont unanimes : ce métier nécessite en premier lieu  d’avoir une passion pour les sciences humaines, en second lieu un sens  aigu de la relation d’aide et, enfin, des aptitudes intuitives  évidentes.			      Intelligence et culturePatrick, veuf, 1 enfant, est agrégé de philosophie. Enseignant pendant  neuf ans dans un établissement public, son salaire l’a démotivé  progressivement. C’est un cours qu’il donnait sur la passion qui a été  le vrai déclic : Pour  la philosophie, la passion a quelque chose de déraisonnable. J’ai  réalisé à ce moment-là que l’enseignement constituait pour moi une  fausse sécurité. J’ai mis alors le cap sur la notion de désir. Les  sciences occultes m’avaient toujours attiré. Ma tournure d’esprit  philosophique, au fil de mes recherches, boostait l’esprit libre que je  suis fondamentalement. C’est alors que s’imposa à moi une phrase  d’Alain : «Le destin est la fiction d’un être qui sait l’avenir et qui  pourrait l’annoncer»… C’était sidérant. Je me révélai à moi-même à cet  instant. J’étais voyant depuis toujours mais mon complexe d’infériorité  l’avait refoulé, me déguisant en intellectuel… Pour mon plus grand  désarroi. Installé depuis sept ans, je peux enfin dire que je suis  heureux ! …
 L’amour de l’autreIl va sans dire que la voyance nécessite d’aimer l’être humain. Ce qui  signifie que cette profession requiert des valeurs sûres : empathie,  acceptation, patience, persévérance… Entre autres ! Patrick le confirme  : Il est regrettable que nos consultants                       soient considérés comme des gens paumés, vivant                       dans l’illusion et dans l’attente de situations idéales. Certes, s’ils consultent, c’est qu’ils vivent un                       passage douloureux de leur existence... En ce qui                       me concerne, j’aborde toute séance comme le ferait n’importe quel psychothérapeute sérieux. J’essaie                       rapidement de voir où en est le consultant de ses                       blocages. Il s’agit de le faire rompre avec des schémas                       anciens, inadaptés avec ce qu’il vit au                       présent… L’humanisme est donc d’évidence                       convoqué lors de chaque rencontre. Le voyant devra                       s’appliquer à ne pas se tromper de ce qu’il doit                       conserver – ou supprimer – du récit de son client. Et                       c’est là où la notion d’amour intervient. Cette séparation                       d’avec ce qui empoisonne la vie du consultant                       doit se faire avec tact. Ici, à l’inverse de la philosophie                       de Kant, le devoir et le bonheur font couple.
 
 
 L’intuitionComme l’exprime encore Patrick, l’intuition a ses                       règles : Elle n’est pas le fruit du hasard. Elle se travaille                       tout simplement en faisant des exercices d’introspection                       au quotidien. Un peu comme le psychanalyste                       a l’obligation de pratiquer son autoanalyse                       chaque jour afin de respecter «la neutralité bienveillante», chère à Sigmund Freud. Il est indispensable                       de s’appliquer à voir en soi avant d’envisager                       la moindre prédiction. Cette prise de conscience de                       nos propres erreurs et errances du moment (nous                       sommes tous concernés plusieurs fois dans une                       journée) permet de se dépolluer et d’y voir plus                       clair… La voyance exige donc cette humilité indispensable                       qui consiste à s’entretenir avec soi-même, à l’instar                       des religions. Et si le recours à l’imagination seule                       pourrait être tentant, Patrick met en garde : Que prouve                       une preuve ? Attention de ne pas conditionner nos                       consultants en brodant autour de leur histoire ! La                       voyance a sa propre rigueur éthique. Si vous voulez                       savoir si vous êtes à votre place dans ce métier, encore                       une fois passez par vous-même, interrogez-vous…                       Si un sentiment de fierté et de joie s’impose pour                       toute réponse, la voyance que vous pratiquez justifie                       que vous continuiez à l’exercer…
 Jeanne Robby
 |