Giacometti,
l’homme qui marche

Giacometti, l’homme qui marche
©iStock  


Au sommet de sa gloire en 1962, Alberto Giacometti, n’ayant jamais quitté son minuscule atelier, se sentait incapable d’expliquer à la Presse les raisons de son succès planétaire. Comment, en effet, un artiste qui affirmait que « tout cela n’est pas grand-chose… tout cela a sa place et pas plus » pouvait-il raisonnablement répondre ? Même si une œuvre aussi dépouillée que « L’Homme qui marche » est devenue la sculpture la plus chère du monde, la véritable interrogation se situe évidemment bien au-delà des spéculations…

Dans le canton des Grisons en Suisse, Annetta, épouse de l’artiste peintre Giovanni Giacometti, donne naissance le 10 octobre 1901 à Alberto. Le futur artiste est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants, dont Diego qui sera designer et Bruno qui choisira la profession d’architecte. Très tôt attiré par l’atelier paternel, le jeune garçon commence à peindre le portrait des membres de sa famille en s’inspirant du style post-impressionniste de son géniteur. Il entre ensuite à l’École des Beaux-Arts de Genève, puis décide de se rendre à Paris. Nous sommes en janvier 1922. Alberto Giacometti est dans sa 20ème année.

La « caverne atelier »
S’intéressant de plus en plus à la sculpture, Alberto suit les enseignements d’Antoine Bourdelle, un proche de Rodin. En 1926, il décide définitivement d’embrasser le métier d’artiste et s’installe au 46 rue Hippolyte-Maindron dans le 14ème arrondissement. Malgré son côté exigu, Giacometti ne quittera plus ce qu’il appelle sa « caverne atelier ». L’art africain le fascine au point qu’il s’en inspire pour réaliser « La Femme cuillère » et « Le Couple », deux œuvres favorablement accueillies par le public lors de l’exposition du Salon des Tuileries de 1927. Un an plus tard, il travaille sur une série de femmes et de têtes plates dont l’originalité lui vaut, en 1929, un premier contrat avec la galerie de Pierre Loeb, lieu privilégié des Surréalistes…

L’évolution artistique


Au début des années 1930, le mouvement surréaliste, conduit par André Breton, est en plein essor. Il rassemble de nombreux artistes désireux de sortir des sentiers battus. Giacometti, particulièrement concerné par ce travail de recherches qui situe l’art au-delà de la manifestation objective, ayant eu l’occasion de partager ses vues avec Tristan Tzara, Louis Aragon, Salvador Dali et bien d’autres, décide d’adhérer au groupe en 1931. Il crée pour l’occasion le premier « Objet à fonctionnement symbolique », suivi d’une série d’œuvres qui enchantent Breton, comme par exemple « Le Palais à 4 heures du matin » (1932), en mémoire, écrit-il, de six mois passés aux côtés d’une femme qui, concentrant en elle la vie même, mua chacun de mes moments en état d’enchantement. Nous construisîmes un fantastique palais dans la nuit… Quant à sa production picturale de l’époque, elle représente généralement des silhouettes mi-homme mi-fantôme. Au fil du temps, l’enthousiasme de Giacometti s’effrite. Il se trouve moins en adéquation avec la ligne politique du groupe qui qualifie de réactionnaires certaines de ses œuvres. André Breton supporte mal l’évolution artistique d’Alberto qui se dirige peu à peu vers une quête passionnée de la représentation humaine. Il s’agit, pour l’artiste, de rendre compte de la réalité de ses perceptions avec le plus d’exactitude possible. Son intransigeance lui vaut son excommunication dudit groupe en 1935.

Le génie visionnaire


Se moquant des modes et du qu’en dira-ton, Alberto Giacometti poursuit inlassablement ce qu’il nomme ses essais. En 1941, il travaille dans une chambre d’hôtel à Genève à la réalisation de minuscules figurines qu’il rêve de produire en grands formats. De retour à Paris en 1945, le nouveau style de l’artiste arrive à maturité. Soutenu par le marchand new-yorkais Pierre Matisse qui lui fait confiance, il a la possibilité de faire fondre en bronze le premier « Homme qui marche » grandeur nature. Nous sommes en 1947 et le monde commence à découvrir les horreurs des camps de concentration. Par un effet de synchronicité, Giacometti semble avoir été connecté au réel. « L’Homme qui marche » est filiforme, décharné. La légèreté de son physique contraste avec l’impression de lourdeur de ses pieds embourbés dans la glaise. Les bras ballants, il avance quand même d’un pas décidé malgré les difficultés. La sculpture, véritable métaphore de la condition humaine, souligne le paradoxe. Elle n’est pas sans rappeler « L’albatros » de Baudelaire (ses ailes de géant l’empêchent de marcher). Œuvre maîtresse universelle de Giacometti, dont il donnera plusieurs versions, « L’Homme qui marche » reflète non seulement le parcours sans concession du maître mais celui de tout être humain en mouvement. Là réside peut-être la réponse à l’engouement instinctif du public devant une telle représentation de la traversée existentielle. Alberto Giacometti atteint, quant à lui, l’autre rive le 11 janvier 1966, laissant à la postérité le soin de s’approprier ou non le message intemporel qu’il a tenté de transmettre au travers de son art original… pour ne pas dire originel.

 

Marc Favreau

 

 

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