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      Les relations père-fille

      Les relations père-fille
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      Les relations père-fille sont souvent chargées de malentendus et surtout d'ambivalence. Certaines vont ainsi se bloquer et se poursuivre dans le silence ou le réactionnel durant des années, bien trop longtemps après l'enfance, jusqu'à un âge avancé pour l'un et pour l'autre.

      Faut-il encore rappeler que, avant d'avoir un père, tout enfant a d'abord un papa plus ou moins présent, plus ou moins tendre mais porteur d'attentions, de regards, de gestes ou de paroles dont le contenu est plutôt gratifiant et comblant pour l'enfant.

      Un papa


      Mon petit Papa, mon Papa à moi, mon Papa pur sucre 
      est avant tout, dans les premières années, pour une petite fille, un personnage sinon valorisant et chaleureux, tout au moins non menaçant. Un papa ne pose pas trop d'exigences ; il est plutôt tolérant, bienveillant ; il peut faire couple avec la petite fille, se sentir complice contre les exigences de la mère.
      - Oh ! De toute façon, tu lui laisses tout passer ; elle fait de toi ce qu'elle veut cette petite. Moi, je suis obligée de me transformer en gendarme à chaque repas. Si au moins tu te montrais plus exigeant avec elle ! Tu lui passes tous ses caprices...
      Souvent, très souvent, il y a un accord chaleureux, proche, entre le papa et sa fille, des jeux, des complicités, des confidences, des codes secrets. On se jette dans ses bras, on grimpe sur ses genoux, on réclame cent fois les mêmes attentions, les mêmes histoires, tout cela sans problèmes, sans hésitation. Et puis, apparaît chez l'un ou chez l'autre, la perception de la dimension sexuée. Non pas sexuelle, mais sexuée, avec les multiples signes d'un changement, d'une identité nouvelle qui apparaissent et qui sont perçus de façons diverses par l'entourage. Le papa est vu par sa fille comme un homme, la petite fille déjà comme un bout de femme. D'un seul coup, le papa devient un père, c'est-à-dire quelqu'un de plus menaçant, de plus inquiétant.
      Tant que la petite fille pouvait penser que : Papa c'est pas un homme, c'est papa !, tout allait bien ; les grands câlins, les jeux, les corps à corps, les grandes batailles dans le lit le dimanche matin, quel plaisir, quelle confiance ! Et puis tout cela se brouille, il y a moins de jeux, les contacts sont moins libres, plus fuyants, plus défensifs.
      Parfois la défense et le retrait viendront du père qui découvre que sa fille commence à devenir une femme. Tout contact trop proche se charge de signes ambigus ou un peu troubles, gênants. Ainsi s'inscrivent les premiers signes d'un éloignement physique, d'une mise à distance relationnelle, parfois chargée de reproches, de critiques. Les incitations de la mère sont rejetées :
      - Tu n'embrasses plus ton père maintenant ?
      - Non non, j'ai pas le temps, bye, bye ! 
      Et l'adolescente s'envole vers le collège. Le changement est parfois brutal. Le passage du papa au père est vécu comme frustrant. Il est soudain plus exigeant, plus injuste quelquefois. Il fait des remarques, des commentaires blessants, ironiques. Le père ne tolère plus ce qu'il acceptait comme papa quelques mois plus tôt...
      - Comment, tu sors avec cette mini jupe, mais tu ressembles à...
      - Oui, dis-le, tu crois que je suis une putain, hein ? Parce que je sors avec des garçons ? De toute façon, je sais que tu m'en veux...
      Cela se complique parfois si la mère reste trop maman, laxiste, ne sachant dire non, trop fusionnelle aussi avec sa fille qu'elle infantilise, qu'elle surprotège :
      - T'inquiète pas ma chérie, maman est toujours là ; elle t'aime ; si tu as une difficulté, tu peux compter sur moi. Et d'ailleurs j'irai le voir, moi, ce professeur qui se permet de dire que tu ne travailles pas assez. Il veut ta mort ou quoi ?
      Alors le papa est obligé, pour faire contrepoids à une maman trop « maman », d'être plus père, d'avoir des interventions plus réactionnelles et parfois plus brutales pour compenser le non-interventionnisme de sa femme.
      Si le passage du papa au père se fait le plus souvent par l'apparition de la dimension sexuée, il y bien d'autres enjeux qui peuvent susciter ce passage et, en particulier, pour tout ce qui touche aux déceptions liées à la naissance, quand le père attendait un garçon et qu'il est arrivé... une fille.
      Cette blessure-là sera rarement comblée, malgré le courage, la ténacité de certaines à devenir garçons manqués. Avec l'arrivée des règles et des signes extérieurs d'une féminité plus affirmée, ces ex-garçons manqués vont réactiver la déception qu'elles ont provoquée chez le père à leur naissance. Celui-ci se montre plus dur, plus intransigeant.
      À l'adolescence, vont se cristalliser, chez certaines filles, toute une série de conduites, de provocations ou de mises à l'épreuve, dont le sens pourrait être :
      - Tu dis que tu m’aimes, que je suis importante pour toi, mais est-ce que tu m'aimeras toujours si je suis moche (prise de poids, tatouages, percing, vêture invraisemblable...) ? Est-ce que tu m'aimeras toujours si j'aime un garçon que, toi papa, tu n'aimes pas ?
      C'est toujours une blessure importante pour une fille de perdre un papa et de se confronter à un père qui peut rester froid, rejetant, jugeant, critique.
      À partir de là, peut naître toute une succession d'affrontements et d'escarmouches où tout sera utilisé pour entretenir le conflit, c'est-à-dire la mise à distance : résultats scolaires jugés insuffisants, vêture trop ou pas assez, coiffure qui ne va jamais, soins du corps critiqués, contrôle des fréquentations et des sorties, oppositions politiques et idéologiques (l'un est à droite, l'autre devient de gauche !) etc.
      Les relations père-fille sont chargées de trop d'affects pour rester trop longtemps paisibles.
      Tout se passe aussi parfois comme si le conflit, l'opposition, permettaient de garder la bonne distance : le maintien d'un non-rapprochement volontariste, chez les deux, qui garantira que la relation ne dérapera pas, qu'elle restera bien dans le registre parent-enfant.
      La fille, comme le père, ne saisissent pas toujours les enjeux qui les traversent et les bouleversent. Ils tombent trop facilement dans des accusations mutuelles, pour l'une dans le ressentiment de la dévalorisation :
      - De toute façon il n'y a que ses fils qui l'intéressent. Depuis que je n'ai pas voulu rester en maths et que j'ai choisi économie, je sais qu'il m'en veut...
      Et pour l'autre, de surenchérir dans la plainte, de se sentir incompris :
      - On ne peut rien lui dire, elle conduit sa vie de bric et de broc et elle s'étonne d'échouer dans ses relations ; je sens bien qu'elle me rejette ; en plus, elle n'a jamais aimé ma famille, ses grands-parents lui font honte...
      Tout cela s'accompagne de nostalgie, de regrets, renvoyant au temps magique de la petite enfance, quand le père était un héros et l'enfant une princesse.
      Parfois, beaucoup plus tard, à l'âge adulte, le conflit peut être paradoxalement réactivé et, notamment, quand la fille, devenue mère, voit son père être un « papa » adorable avec son propre enfant, quand elle voit donner à sa fille ou à son fils ce qu'elle pense n'avoir jamais reçu de son père. Jalousie, ambivalence peuvent alors se réveiller encore et tendre la relation jusqu'à des points de rupture. Ces conflits peuvent prendre des formes agressives et violentes, à la mesure des déceptions et des frustrations de l'un ou de l'autre. Il faudra parfois des années à une fille, à un père, pour retrouver un accord, un partage ou une confiance mutuels. Parfois même il faudra l'arrivée de la maladie, de la vulnérabilité d'une fin de vie, pour permettre à une ex-petite fille devenue femme de se rapprocher, de se pencher sur un lit d'hôpital, sur un père malade ou dans le coma, redevenu papa et de simplement murmurer « Papa, je t'aime... », pour qu'une révélation, un apaisement, puissent se faire et se vivre. Nous invitons les pères et les filles à ne pas attendre ce temps ultime. Il est possible de mettre des mots : ni accusation, ni « excusation » mais affirmation par une meilleure définition de soi. Il faut prendre le risque de dire son ressenti, d'exprimer ses attentes, ses besoins, plutôt que de reprocher à l'autre de ne pas y avoir répondu. Le travail d'apprivoisement d'un père et d'une fille n'est jamais achevé ; il dure bien au-delà du temps d'une vie.
      Je voudrais terminer en ajoutant que c'est justement parce que l'adolescence est une période cruciale, chaotique et pleine d'imprévisibles qu'il faut des balises, des points de repères fixes. Une balise ne vous dit pas ce qu'il faut faire ; elle vous indique le moyen d'atteindre votre but et dans ce cas, celui de grandir et de devenir co-auteur de sa vie.

       

      Jacques Salomé

       

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