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      La maladie d’Alzheimer :
      ne pas oublier d’oublier...

      La maladie d’Alzheimer : ne pas oublier d’oublier...
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      En 1898, dans un article intitulé « Du mécanisme psychique de la tendance à l’oubli », Sigmund Freud fait part de l’oubli d’un nom propre, « Signorelli », de son travail autour de la mémoire et des souvenirs surgissant pour enfin retrouver le nom connu mais oublié...

      En 1901, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », le maître de la Psychanalyse prend comme support de travail des exemples insignifiants de sa vie de tous les jours : oublis, souvenirs d’enfance, lapsus, maladresses, erreurs. Il les observe, s’autoanalyse et définit l’acte manqué comme la véritable manifestation des désirs inconscients. Il termine ainsi son ouvrage : Tous les phénomènes en question, sans exception aucune, se ramènent à des matériaux psychiques incomplètement refoulés et qui, bien que refoulés par le conscient, n’ont pas perdu toute possibilité de se manifester et de s’exprimer... À la même période, en 1906, Alois Alzheimer, neuropsychiatre, décrit pour la première fois un cas de démence dégénérative du sujet jeune : c’est la maladie d’Alzheimer, maladie du cerveau entraînant une détérioration progressive et définitive des cellules nerveuses. La transmission de l’influx nerveux ne se fait plus. Cette maladie se caractérise par une perte de mémoire, des oublis associés à d’autres manifestations : altération de la pensée, du jugement, des mouvements, de l’élocution, avec des comportements incohérents et imprévisibles, de l’appréhension, de l’agressivité.

      La population en perte de mémoire


      Un siècle après Freud et Alzheimer, en France, l’État intervient sur les deux fronts : dépression et maladie d’Alzheimer. Lors du lancement de la campagne d’information en 2007, « Dépression, en savoir plus pour en sortir », Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, déclare se donner les moyens de mieux prévenir et de mieux guérir une maladie qui frappe au cours de sa vie près d’un Français sur cinq. En 2005, 8 % des Français ont connu un épisode dépressif. En 2008, 10 % des assurés sociaux en France auraient réellement consommé des antidépresseurs (chiffres du Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 23/09/2008). Le risque est de tendre vers une banalisation de la consommation des antidépresseurs, dont un effet secondaire incriminé serait la perte de mémoire. En 2008, le Président de la République Française lance le troisième plan Alzheimer, en en faisant un enjeu majeur de santé publique. Ce plan pousse à un dépistage précoce des malades atteints de la maladie d’Alzheimer et génère des estimations colossales et angoissantes pour l’ensemble de la population. Remémorons-nous l’auteur du livre de Job criant : Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint » (Job 3,25). Dans ces deux maladies, dépression et maladie d’Alzheimer, la population bascule dans l’oubli.

      Une prise massive d’antidépresseurs


      La dépression modifie l’humeur. La personne déprimée peut évoluer d’un état dépressif après une contrariété, ou un deuil, à l’immobilisation, voire un sentiment de détresse proche de l’anéantissement, lié à la perte imminente et totale de l’objet d’amour avec son lot de symptômes : angoisse, tristesse, fatigabilité, paralysie se traduisant par l’isolement, mutisme comme en prison, dans un froid mortifère, dans un état de mort-vivant. Selon Marie de Solemne dans « Le mal d’incertitude » (Éditions Dervy), la question de la dépression est celle de la valeur : Suis-je à la hauteur ? Qu’est-ce que je vaux ? Les antidépresseurs actuels sont de mieux en mieux tolérés. Leurs effets varient d’un individu à l’autre et, chez un même sujet, d’un produit à l’autre. La consommation d’antidépresseurs semble donc fréquente chez une population qui en attend un résultat immédiat. Les antidépresseurs procurent un bien-être ; ils lèvent l’inhibition et permettent de reprendre les activités quotidiennes. Mais ils entraînent, dans le même temps, l’oubli de cet état dépressif et empêchent l’individu de traverser en conscience les épreuves de la vie, les interrogations quant à soi. Le travail inconscient est plus difficile : le malade ne vit pas dans la réalité, il accepte d’oublier.

      Une chance de plus ?


      Dans le domaine de la couture, le point arrière représente le point le plus solide. Un peu à l’identique, grâce à un retour sur soi, analytique ou même spirituel, la dépression amène le sujet à effectuer un travail de mémoire, de réconciliation, de vérité, de parole, comme de raccommodage qui permet une circulation fluide de la pulsion. Ce mouvement d’introspection et d’intériorité libère la mémoire. Le vrai self caché, enfoui, s’ouvre une voie, un passage vers la vie. Selon Jacques Lacan, le symptôme est ce qu’il y a de plus réel, de plus personnel. À l’inverse, un symptôme peut malheureusement être masqué par l’antidépresseur. L’exemple de Monique l’illustre bien. Monique, femme active de 40 ans, concilie une activité professionnelle, du bénévolat et sa vie de famille. Jusqu’au jour où brusquement, elle a débuté des crises de tétanie, des attaques de panique avec insomnies. Rapidement, son état de santé a justifié un arrêt maladie. Tout problème neurologique éliminé, un traitement antidépresseur lui a été prescrit, refusé par celle-ci par peur de perdre son libre arbitre. Deux ans de souffrances se sont écoulés avant d’accepter l’idée d’un travail sur soi. Monique a opté pour une cure analytique, pour permettre au « Soi » d’exister au grand jour. Progressivement, les symptômes se sont arrêtés.

      Et l’oubli dans tout ça ?


      Que cache cette recrudescence des malades d’Alzheimer ? Que cache cette importante consommation d’antidépresseurs favorisant l’oubli ? S’agit-il d’individus en état de détresse insupportable pris dans le culte de la réalisation personnelle et de l’excellence sociale ? Est-ce une société dominée par le profit, utilisant les prescriptions médicales ? Est-ce le reflet d’un état confusionnel, complexe, où le sujet refoule ses blessures ? Le malade Alzheimer est un sujet non désirant qui survit et son désir apparaît forclos. Sa vie se déroule sous le sceau de l’évitement, dans son fantasme, sous une injonction : N’oublie pas d’oublier… En perdant la mémoire, il n’est plus crédible mais peut dire et faire sans crainte. L’agressivité autocensurée pendant sa vie, avant l’apparition de la maladie, surgit et bouleverse l’entourage. Cette agressivité du malade devient alors inconsciemment mouvement, comme s’il s’agissait d’une autre existence. Pour tout être humain, l’oubli est nécessaire. La vie serait impossible si l’on se souvenait de tout, à chaque instant. Il est donc normal que la barre du préconscient bloque certains souvenirs. Chez le malade d’Alzheimer et chez le déprimé traité par antidépresseurs, l’oubli est le but, comme un refus individuel et collectif de libérer la parole et de rechercher les vérités existentielles. Pour Marie de Solemne encore, la dépression est une pathologie de l’estime de soi car c’est notre valeur personnelle qui est en jeu. On peut la définir socialement comme une pathologie de la grandeur. De plus en plus d’individus entrent ainsi dans l’oubli. Une certaine façon pour l’être humain de quitter la condition humaine mortelle et gagner fantasmatiquement l’immortalité.

       

      Brigitte Péridon

       

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