Nul n'ignore qu'une belle chevelure constitue un atout. Les cheveux sont plus ou moins épais ; leur physiologie donne à constater des variations d'un sujet à un autre, y compris au sein d'une même famille. Ce constat ne concerne cependant pas ce que la médecine nomme alopécies.
Les alopécies présentent des origines différentes. Cependant, hormis les observations médicales sérieuses, nous ne faisons plus l'impasse aujourd'hui sur les causes psychologiques possibles. La chute brutale ou progressive des cheveux constitue un symptôme entraînant le plus souvent des troubles psychiques sérieux.
Dans la plupart des cas, le sujet atteint de ce désagrément consulte son médecin généraliste. Celui-ci objective des manifestations précises qui vont dans le sens d'un diagnostic fiable : pelade (en lien avec une petite infection locale ou un déséquilibre hormonal), dermatoses, champignons ou teignes et, bien sûr, des alopécies en rapport avec le vieillissement ; en suites de couches, la jeune mère peut aussi présenter une perte plus ou moins abondante de cheveux. En règle générale, des traitements appropriés donnent de bons résultats. En outre, certains individus remarquent, en particulier à la suite d'un choc émotionnel important, une calvitie majeure. Ils se dirigent alors plutôt vers un psychothérapeute ou un psychanalyste pour essayer d'enrayer le phénomène en en recherchant les causes profondes. Effectivement, tout traumatisme trouve son origine dans l'enfance dans la mesure où, si une crise de la vie perturbe plus que de normal l'individu, c'est que celui-ci a été affecté dès les premières années de son existence. La condition qui aggrave la fixation infantile renvoie classiquement aux parents qui n'ont pu, à l'époque, gérer un passage douloureux de leur propre existence (problèmes financiers, séparation, deuil, etc.). Malheureusement, et notamment dans la période préverbale, l'inconscient immature prend tout à la lettre. Supposons que lors de difficultés familiales graves, le patient n'ait pas eu encore de cheveux étant donné son très jeune âge. Un traumatisme similaire, adulte, réveillera l'affect refoulé : l'inconscient, ignorant le temps, optera pour un état régressif à cette époque précise où le crâne n'était pas encore chevelu. La chute de cheveux, pour cet exemple, sera en lien direct avec la problématique parentale d'il y a plusieurs années... On ne peut que le déplorer ici : il est dommage de se faire des cheveux pour une difficulté qui n'a plus lieu d'être. Il est regrettable, par la même occasion, de répéter des scenarii de vie pour chercher à réparer ce que nous n'avons pas causé. D'autant que ce n'est pas en s'arrachant les cheveux que l'individu règle quoi que ce soit. Pas plus qu'en coupant les cheveux en quatre...
Marc Schwartz
