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La psycho
dans Signes & sens
« Au commencement était la Parole ». Certains font naître l'humanité à cet instant. Le bipède entendait déjà mais il a pu mettre, alors, une différence avec les autres créatures et commencer à choisir les mots pour verbaliser ses besoins, ses peurs, ses joies, ses envies, ses souvenirs... Il a pu choisir aussi de dire ou, à l'inverse, de garder pour lui ses intuitions. La civilisation et la culture ont naturellement éclos de la transmission de l'expérience, bonne ou mauvaise, dans la cascade des générations car, si au fil des luttes, des migrations, des guerres, il est question de subsister, au cœur des amours et des bonheurs, il s'agit avant tout de vivre, de créer, de procréer.
Ayant forgé son existence, l'Homme allait devoir s'interroger sur son essence, la faute engendrant la culpabilité, les dominants le complexe d'infériorité, les actes quotidiens les angoisses... Ce questionnement, ouvert ou occulté, a permis à chaque culture d'imaginer ses propres relations de cause à effet, mêlant les croyances aux diverses affections ou autres maladies : Dieu te punit, le Diable te possède ou, plus expéditif encore, l'état de santé mentale, comme pour l'idiot du village ou l'hystérique... qu'il n'y a pas si longtemps encore, on enfermait !
Parler autrement
Sigmund Freud, dans une époque de révolution des sciences et des pensées, a eu l'idée de... génie de lier notre inconscient et nos réalités corporelles aux souvenirs cachés de notre prime enfance ; il a initié ce que nous connaissons actuellement de la psy, exprimée dans tous les actes de relation à l'autre, principalement par la parole, les mots maniés avec subtilité par Lacan, mais aussi l'écriture, l'art ou les rêves.
Ainsi, l'origine de nos somatisations, de nos angoisses, de nos actes, étant de fait perceptible, qu'en est-il de la psy aujourd'hui, alors que les individus ont de moins en moins de retenue à consulter, dépassant en cela la simple interrogation ou le basique étonnement, n'hésitant plus à se lancer dans des thérapies souvent longues ?
Si, pour certains patients, la cure peut être de confort ou tendance, en revanche, pour d'autres, la thérapie est salutaire pour défaire un par un les nœuds du fil qui relie le conscient au labyrinthe de l'inconscient. Et ce n'est quand même pas rien. On comprend mieux pourquoi psychanalystes et psychothérapeutes bénéficiant des travaux des chefs de file de la psy et autres chercheurs, mettant en permanence au point des techniques d'approche de l'inconscient au service de thérapies, s'ouvrent aux technologies actuelles. Le divan garde pour beaucoup sa valeur symbolique et l'écoute en cabinet a encore les faveurs de la majorité des psys. Cependant, certaines méthodes, appliquées notamment en entreprise, tel le coaching par exemple, gagnent leurs lettres de noblesse. Mais, surtout, émerge la consultation à distance (peut-on parler de télé-consultation ?) ; celle-ci, qu'elle soit par courrier postal ou sur le Net (en temps réel avec ou sans webcam) marque la dernière évolution connue et si l'absence de l'expression physique ou du regard est souvent à noter, les mots n'en ont que plus d'importance dans le témoignage du patient, et son inconscient le sait. Outre le fait que la notion d'interlocuteur virtuel entre complètement dans les mœurs, d'une part l'écriture de la question peut donner à voir au patient la réponse totale ou partielle qu'elle contient ; d'autre part, les psys peuvent être « cabinet ouvert » à toute heure du jour... ou de la nuit !
À y regarder de plus près, depuis 1900 et les travaux sur les premières topiques de Freud où il postule d'une vie inconsciente quasiment ignorée de l'individu, l'évolution est réellement fantastique et l'application planétaire. On le constate : si au « commencement était la parole », eh bien, ça continue !
Joël Fabretti
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