La psycho
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      Les dérives possibles
      de l’uniformisation

      Les dérives possibles de l’uniformisation
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      Si, selon Maître Eckhart, « tout le savoir humain ne peut jamais pénétrer ce que l'âme est en son fond », l'acte de foi implique en son principe même une intention de désobéissance.

      Face à l'assujettissement à un Être Suprême, l'Homme, de croire, tente en effet d'accéder à l'ineffable : sa partie divine. Sa soumission autorise, de fait, à la désobéissance. Ainsi, au nom du père, le sujet peut-il se constituer un désir. Une conviction permettrait, en ce sens, la distinction d'une appétitivité subjective. Il s'agirait, dans ce cas, que les croyances ne prennent pas, comme l'écrit Franz Kafka dans «Lettre au père», «le caractère énigmatique qu'ont les tyrans dont le droit ne se fonde pas sur la réflexion». Cependant, d'y affirmer son désir, l'Homme n'en deviendrait-il pas inévitablement hors normes ?

      Les croyances


      Dans son ouvrage intitulé « Le procès », Franz Kafka narre les tribulations de Joseph K., accusé d'une faute qu'il ne connaît pas, par une justice inaccessible. Se pliant à un jeu dont il ne saisit pas les règles, il rencontre au cours de ses pérégrinations un abbé qui lui soumet cette parabole : un homme attend devant une porte ouverte qui l'amènerait à la Loi ; une sentinelle lui en interdit l'accès verbalement, tout en lui promettant une autorisation ultérieure. Lorsque d'avoir attendu, l'homme, proche de la mort, lui demande pourquoi personne d'autre que lui n'a cherché à entrer dans la Loi, il lui est rétorqué que cette porte lui était réservée. Il était donc le seul à avoir le droit d'y entrer. L'homme n'a attendu, selon cette parabole, qu'une autorisation de l'autre, reflet de sa propre indétermination. S'il semble que c'est la parole du gardien qui le met en échec dans sa volonté d'une conquête de la Loi, qui donnerait sens à son attente, il paraît ne pas y être pour rien.
      On note, en effet, que deux croyances parallèles et différenciées se mettent à jour à travers l'image transmise par l'abbé : l'une, qu'il suffit de tenir pour nécessaire en la parole du gardien et l'autre, comme vérité inaccessible, en la Loi. La double contrainte qui motive la tétanisation de l'homme languissant semble ici d'autant plus inextricable et absurde qu'elle n'est en dernière intention qu'une manifestation de son incompréhension. Ainsi n'a-t-il réellement d'autres choix que d'attendre car aucune autre possibilité ne lui permettrait d'accéder à son désir, en même temps que privé de son désir, il ne peut transgresser la parole du gardien...
      Finalement, ce en quoi croit l'exclu, c'est à une norme proférée par la sentinelle. De réduire son gardien à une parole normative, lui accordant de ce fait un pur rôle interdicteur sans pouvoir lui attribuer une fonction de passage, l'homme reste donc stupéfié. Il ne peut ni s'empêcher de rechercher le sens de son désir, ni effectuer une transition d'un «non» au «nom» du père, tels qu'ils ont été mis en exergue par Jacques Lacan. Nul doute qu'une introjection de la fonction de passage de la sentinelle, neutre en son essence, l'aurait mené plus loin. Au lieu de faire ce que dit le gardien, soit attendre, aurait été possible de s'autoriser à accomplir une mission spécifiée. Derrière la porte ouverte, l'homme n'aurait trouvé que rien ou, plutôt, rien d'autre que lui-même et un destin qu'il aurait pu assumer grâce au manque. C'est aussi le reflet de Joseph K. qui, dans le roman, mourra de s'être résigné à une croyance normative mais sans fonction de sens.


      Se libérer des autres

      Le point extrême où croire deviendrait donc absurde serait celui où la conviction n'aurait plus que rôle de limitation. C'est peut-être alors de jouir d'avoir à disposition un phallus imaginaire, en la personne du gardien, que l'homme qui attend se prive de son désir. Cette limitation entraînée par la croyance serait inhérente, dans une certaine mesure, à tout pharisaïsme. C'est l'ostentatoire de l'avoir normatif d'un objet, n'ayant plus valeur ni en soi ni pour soi, qui prendrait ainsi rôle et place d'ouverture et de masque au désir. C'est donc bien de la croyance des autres ou du regard des autres qu'il s'agirait de se libérer afin d'accéder au sens de son désir. C'est ce que comprend le personnage de la parabole au bout de son attente : son propre désir n'a rien à voir avec celui des autres puisque la porte n'est réservée qu'à lui seul. D'avoir réifié le gardien en une clef à mettre dans sa poche, alors qu'il n'est qu'un obstacle à dépasser, il reste donc bloqué.
      De la croyance normative à la croyance en soi, il y aurait de fait une barre à dépasser. Et n'est-ce pas des limites réductrices, qu'impose toute agglomération sociétaire, qu'il s'agirait de se délester ? Quel enfant n'a pas ainsi été un jour surpris de s'entendre dire On touche avec les yeux ! ? Pour notre plus grande réassurance d'individus anormaux, ce n'est peut-être que de nos manquements à ce type de paroles qu'un jaillissement du désir peut advenir. De la conviction normative à la conviction réflexive se situerait, de fait, cet assujettissement qui autoriserait désobéissance au nom de la loi. Le personnage de la parabole de Kafka démontre, en ce sens, qu'il faut parfois bien être un peu fou pour rester normal et que le sens du désir ne peut s'acclimater d'une croyance normative.


      Bérangère Durieux

       

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