L’adolescence est une étape du développement au cours de  laquelle il y a une remise en question profonde de l’identité déjà  acquise. C’est une transformation qui aboutit à un sentiment plus  personnel et différencié de son identité. C’est l’étape du «  Que vais-je devenir? », du « Je ne suis plus un enfant mais quel  adulte serai-je ? »…
                             Cette étape de croissance constitue un processus ayant un début et  une fin. Il est bon de se le rappeler, surtout les jours où vous  avez l’impression que l’adolescence de vos jeunes vous fait  vieillir prématurément !                             
                              
Une autonomie par étapes
                             Cette période de changements accélérés s’étend généralement  de 11 à 18 ans. Il est cependant difficile d’en établir la limite  précise étant donné le contexte social que nous connaissons. Que  ce soit en raison d’études prolongées ou de la difficulté à  trouver un emploi, la période de dépendance face à la famille se  prolonge. On n’accède pas à l’âge adulte aujourd’hui comme  il y a 30 ans. À cette époque, tout arrivait en même temps : le  diplôme, l’emploi, le mariage et l’autonomie qui s’ensuivait.  Actuellement, les jeunes acquièrent souvent leur autonomie par  étapes, qui ne sont pas nécessairement synchronisées dans le  temps. L’imagerie populaire donne de l’adolescence une perception  négative : Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants  n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être  très loin. Cette jeunesse est pourrie jusqu’au fond du cœur. Les  jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme  les jeunes d’autrefois… La première de ces citations est  attribuée à un prêtre égyptien et remonte à 2 000 ans avant  Jésus-Christ ! La seconde a été découverte récemment dans les  ruines de Babylone sur une poterie d’argile datant de plus de 3 000  ans !
                              
Une période d’affirmation de soi
                             Dans les conversations de tous les jours, on associe constamment le  mot adolescence au mot crise, comme si cette période de la vie du  jeune devait nécessairement être une période tourmentée. Or, il  n’en est rien. Un rapport récent du Conseil de la famille et de  l’enfance affirme clairement que la très grande majorité des  adolescents traverse cette période de la vie loin de la crise  majeure. Ils optent plutôt pour négocier avec leurs parents de plus  en plus d’autonomie, d’indépendance, dans un monde qui change  rapidement. Les spécialistes, dont Richard Cloutier, sont  généralement d’accord pour affirmer qu’environ 15 % des  adolescents éprouvent de grandes difficultés pendant cette période  de leur vie. C’est donc dire que la majeure partie d’entre eux  (85 %) traverse l’adolescence sans problème grave. Alors, quand on  parle de l’adolescence comme d’une période très éprouvante, ne  fait-on pas surtout référence aux parents d’adolescents ? En  fait, on traite de l’adolescence comme d’une période difficile  en oubliant tout le côté exaltant, extrêmement intense et  emballant qui fait partie de cette étape et qui la rend si  attachante. Enfin, puisque l’adolescence n’est pas une maladie,  peut-on, comme parents, s’assurer de ne pas la considérer comme  telle ? Rappelons, à cet égard, le thème particulièrement  évocateur d’un colloque ayant eu lieu il y a quelques années : «  Franchir l’adolescence... un problème d’adulte ? ». Poser la  question, c’était déjà amorcer une réponse. L’adolescence est  une période de la vie où l’opinion des autres compte beaucoup. Il  y a énormément d’insécurité dans l’air. L’adolescent est  particulièrement préoccupé par son image et se demande souvent  s’il est aimé. C’est pourquoi on le retrouve si souvent devant  un miroir, en train de se peigner pour la énième fois de la  journée. C’est aussi une période de grande affirmation de soi qui  se manifeste souvent en étant plutôt contre que pour,  face aux adultes. C’est la façon qu’ont les adolescents de se  tailler une place, de se faire une idée, de tester l’opinion des  adultes autour d’eux. Françoise Dolto ne disait-elle pas : Ma  mère m’a aidée à savoir ce que je voulais à force de s’y  opposer. Comme quoi les désaccords et les différends entre  adolescents et parents servent à quelque chose...
                              
                              Michel Delagrave*
                              *Pour en savoir plus, lire :
                             « Ados : mode d’emploi »,
 
                             Éditions Hôpital Sainte-Justine
                              
                             
                              
                              
                             
                             
                              Devenir quelqu’un : tout un contrat !
                              
                             Pour parvenir à l’âge adulte, l’adolescent doit réaliser  nombre de tâches. Il doit notamment apprendre... 
                              • à accepter son corps disproportionné et boutonneux, ainsi que  ses déséquilibres affectifs ;
                              • à se faire accepter par les autres adolescents, à s’affirmer  face à eux, bref à se débrouiller avec la pression sociale ;
                              • à développer son jugement personnel ;
                              • à dire ce qu’il pense ;
                              • à faire usage de sa liberté nouvelle ;
                              • à devenir une femme ou un homme sexué avec tout ce que cela  comporte comme apprentissage, incluant l’identification de son  orientation sexuelle ;
                              • à vivre l’intimité dans ses relations ;
                              • à chercher le sens de son existence, à se fixer des buts, à  s’interroger sur ce qu’il veut faire pour gagner sa vie, bref à  devenir autonome.