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                      La psycho  
  dans Signes & sens  
                     
                       
                         
                           
                             On peut vivre  
                             sans addiction 
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                           Accro au tabac, à l’alcool, à la drogue ou aux dépendances  sans produit (sport, travail boulimie) ? Est-il vraiment possible de  vivre sans addiction ? Rares sont ceux qui peuvent se passer  totalement des béquilles que constituent les assuétudes. Celles-ci,  quand le sujet ne parvient plus à les maintenir sous contrôle,  s’avèrent particulièrement néfastes. Mais si s’en débarrasser  n’est pas chose aisée, ce n’est cependant pas infaisable.                            
                            Qu’est-ce que la dépendance ? C’est ressentir un manque avant la  prise d’un produit ou l’adoption d’un comportement et se sentir  soulagé une fois ce besoin apaisé. Face à la satisfaction du  passage à l’acte, les conseils d’autrui, la morale, les bonnes  résolutions pèsent peu. Quand une personne est prise au piège de  l’addiction, il lui est fort difficile de s’en extraire, même si  elle risque ses économies, sa santé, son bonheur, voire sa vie.  L’addiction est comme un crédit : on profite des avantages  maintenant mais, au final, cela risque de nous coûter très cher.                            
                             Deux phases pernicieuses
                            
                            Le processus se met en place insidieusement, jusqu’à ce que la  personne se rende compte qu’elle est accro… C’est alors  qu’il devient difficile de faire machine arrière. Ce qui était un  plaisir occasionnel est devenu plus qu’une habitude : une  obligation, aux conséquences graves pour la santé, la vie privée  et professionnelle. Le plus dangereux réside dans le fait que  l’individu devient dépendant mais a l’illusion de garder le  contrôle ; les addictologues appellent cette phase la précontemplation. Puis vient le moment où le sujet réalise  son état mais ne pense pas pouvoir ou devoir arrêter dans  l’immédiat. Ce n’est pas une priorité pour lui. Il s’agit de  la phase de contemplation. Les addictions entraînant de  nombreux problèmes, la personne dépendante a alors la tentation de  se consacrer encore davantage à son assuétude, afin d’oublier ses  soucis. Il peut être alors indispensable de se faire aider par un  médecin, un psychologue ou un psychanalyste, un avocat, un  conseiller financier ou une assistante sociale. Si l’on rencontre  plusieurs types de problèmes (pécuniaire, médical…), le mieux  est de hiérarchiser et de parer au plus urgent. Pour comprendre sa  dépendance, il faut s’interroger : quelle est la nature de  l’addiction ? Quel est son degré d’importance ? Quels sont ses  avantages et ses inconvénients ? À quoi sert-elle ? Peut-on vivre  sans elle ? Si oui, quel changement cela provoquerait ? Si vous  souffrez d’une addiction de quelque type que ce soit, couchez sur  le papier les réponses à ces questions (par exemple sous forme de  tableau), en attribuant une note à chaque avantage et à chaque  inconvénient. Vous pouvez faire le même tableau avec les avantages  et les inconvénients d’arrêter l’addiction. Analysez également  en détail votre comportement : dans quelles circonstances se  produit-il ? Que ressentez-vous à ce moment-là ? Qu’est-ce que  vous dites, avant et après ? Existe-t-il des facteurs favorisant le  passage à l’acte des situations à risque ?                           
                           
                             Décrypter l’addiction
                            
                            Si l’envie d’arrêter est assez grande, vous pouvez mettre en  place un plan d’action : quand commencer ? Dans quel cadre ? Avec  quelle aide ? Vous pouvez également, même si c’est plus  difficile, tenter de vous en sortir sans le secours d’un  thérapeute. Le meilleur moment est indubitablement celui où l’on  se sent prêt à profiter de tous les avantages de l’arrêt. À ce  sujet, le docteur Charly Cungi propose plusieurs méthodes  comportementales, comme le contrôle du stimulus, qui consiste  à éviter les tentations, les personnes et les situations pouvant  induire la tentation : aller dans un bar, rencontrer des amis  souffrant de la même addiction… Pour éviter l’ennui et  l’isolement social, on peut se lancer dans d’autres activités  comme le sport ou le théâtre. Il s’agit de mettre en place des  comportements alternatifs. Si l’on a néanmoins l’impression que  sa nouvelle existence est vide, il est conseillé d’établir un  emploi du temps précis et laissant peu de place aux trous.  Autre méthode : s’exposer à la tentation sans y succomber, ce que  les médecins appellent l’exposition au stimulus. L’envie,  même non assouvie, diminue spontanément au bout d’un certain  temps. Concrètement, cette méthode consiste à s’installer dans  un lieu tranquille et poser devant soi l’objet de sa convoitise. Il  faut alors noter sur papier le degré d’envie puis attendre, sans  consommer, de voir comment évolue l’attirance jusqu’à ce  qu’elle s’amenuise. En général, elle diminue au bout d’une ou  deux heures. En réitérant à plusieurs reprises cette expérience,  on augmente le contrôle sur la pulsion jusque-là irrépressible.  Dans le cas d’une reprise de l’assuétude, il faut – là encore  – faire le point et s’interroger sur les facteurs déclenchants,  sur les émotions ressenties. Dans tous les cas, il ne faut jamais  désespérer. La rechute est malheureusement loin d’être rare.  Elle serait, selon les spécialistes américains Marlatt et Gordon, la règle et non l’exception. Plusieurs études ont ainsi  démontré que chez un fumeur moyen, quatre rechutes sont nécessaires  avant l’arrêt définitif…
                           
                             
                            Nadine Guejl 
                           *À lire : 
                           « Faites face aux dépendances », 
                           Charly Cungi, Retz. 
                           * À lire : 
                           « Réveillez vos ressources intérieures », 
                           Marie-France et Emmanuel Ballet de Coquereaumont,  
                           Albin Michel. 
                           
                           
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