La psycho
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      Où commence
      l’anorexie intellectuelle ?

      Où commence l’anorexie intellectuelle ?
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      L’école est une institution qui se caractérise par un ensemble de médiations, de relations stabilisées. L’école, comme institution, est un cadre obligé de conduites, avec une latitude plus ou moins prononcée de possibilités objectives. Après la famille, c’est le second lieu de l’exercice de l’autorité. À l’idée d’institution peuvent être instiguées différentes notions, telles que l’obéissance, le langage, les moyens, la société, la culture, le désir…

      L’école a pour vocation première les apprentissages liés à la maîtrise de la langue traditionnelle, la transmission des savoirs et la compréhension des systèmes contemporains. Elle cultive l’intégration sociale et prépare à l’insertion professionnelle. Elle tente également de rendre chaque individu le plus compétent possible (en terme de capacités notamment). L’école s’évertue à assurer la socialisation afin d’obtenir une bonne cohésion. L’école tente de transmettre à une nouvelle génération. Le savoir doit s’avérer un outil d’émancipation qui permet l’élaboration d’une grille de lecture de la société. L’école a pour fonction de favoriser le décryptage des balises sociétales. L’interlocuteur privilégié : le professeur. Mais, déjà, il est possible de pressentir les balbutiements de la remise en question de l’autorité si l’école est le lieu où l’on apprend que la vérité d’une parole n’est pas relative au statut de celui qui l’énonce. N’est-ce pas déjà une manière de remettre en cause l’autorité par habitude, par attitude, par effet de mimétisme sociétal ?

      L’autorité dans la ligne de mire


      D’un point de vue étymologique, augere signifie augmenter, accroître, développer. Les dérivés adjectivaux désignent les autorités, la notion d’auteur ou le processus qui permet d’augmenter les fondations, de développer les connaissances de l’avenir ; c’est également ce qui permet d’accroître la qualité des décisions. La notion d’auteur évoque une fécondité valorisante, une créativité qui permet de croître. Même les expressions actuelles : Il fait autorité, il a autorité, les autorités morales, les hautes autorités insistent sur la notion d’expertise, de respect ou de groupes institutionnels qui se veulent vénérables. L’autorité vécue dans un autre cadre que celui de la famille, par exemple le système scolaire, peut alors entraîner des angoisses sociales. À cette issue, les expressions deviennent variables en fonction de la nature et de l’intériorisation du projet commun, du contexte et de l’interlocuteur. Par ailleurs, l’autorité doit également être distinguée de la notion de pouvoir. Ces deux éléments se différencient tant par leur manière de circuler, les manières de vivre la liberté et l’action, la manière dont ils s’exercent. Le système éducatif est structuré par les acteurs, par les stratégies, les jeux de pouvoir, les zones d’incertitude. C’est ce qui pourrait alimenter la présence du pouvoir au sein du système scolaire et la confusion avec l’autorité. Or, le pouvoir est un ensemble de relations interindividuelles, sociales, politiques, économiques… Le pouvoir est la capacité d’influence, de persuasion, qui s’appuie sur l’autorité et le prestige. Le pouvoir favorise l’obtention de comportement dont la conception peut être transformée grâce à l’intervention de l’auteur doté de pouvoir. Parmi la nomenclature de la catégorisation du pouvoir proposée par French JRP et Raven BH, la confusion des genres, entre le pouvoir et l’autorité réside dans l’exercice du pouvoir coercitif (soit la capacité de menacer et d’exercer des sanctions), le pouvoir de référence (plus ou moins charismatique fondé sur la capacité d’influencer, sujet de référence, d’admiration, d’identification), le pouvoir d’expertise (soit l’exercice des compétences professionnelles, de connaissances, d’habileté, de pertinence de compétences détenues à l’égard des besoins de l’action). C’est sur ce point que la frontière entre l’exercice de ces deux notions peut conduire à des tergiversations dans le cadre du système scolaire. De plus, il convient de distinguer l’autorité de l’autoritarisme dans le sens où le second phénomène ne contribue qu’à réduire, qu’à aliéner, qu’à brimer l’individu. L’ensemble de cette terminologie est des plus péjoratives. La personnalité autoritaire souligne un individu fermé aux autres, prêt à toutes les exclusions. Néanmoins, rappelons que l’autorité est un construit social. Elle permet d’obtenir, sans la contrainte physique, la modification des comportements d’autrui, la relation d’influence directe fondée sur la fonction occupée qu’on lui reconnaît L’autorité est légitime et reconnue de fait. Le système éducatif est un mode privilégié d’exercice de l’autorité. Celle-ci, dans ce contexte, permet d’accroître les compétences et les convictions. Dans la sphère éducative, elle contribue à favoriser l’intégration sociale et la valorisation d’un projet commun. Cependant, comment expliquer la mise à l’épreuve de l’autorité ? Quels sont les écueils qui peuvent générer la perversion de l’autorité en pouvoir, voire en excès de pouvoir, dans le système scolaire ?

      Les media, étalon phare


      Les élèves trouvent leur références dans d’autres sphères que le système scolaire. Les media tendent à légitimer de nouvelles formes d’autorité iconesques.
      La télévision fournit en un instant les substances qui mobilisent l’opinion : l’horreur, l’émotion, le spectacle du deuil et de la souffrance. Troublé dans sa bonne conscience, le public découvre les maux auxquels il échappe et voit le scandale de son propre confort. C’est alors, pour remédier à son malaise, qu’il pétitionne ou s’acquitte de quelque don, avant d’oublier à nouveau l’injustice universelle et de reprendre ses querelles de voisinage ou ses histoires de famille. L’idolâtrie propose de nouveaux codes. Après la phase des stars, actrices, groupes musicaux, mannequins ou anti-stars, Monsieur et Madame tout le monde sont à leur tour les stars d’un soir ou d’une émission. Se raconter, s’exposer, sont les conditions à l’expression de nouvelles autorités valorisées par la caution médiatique de l’audimat. Plus l’émission est visualisée, plus l’autorité médiatique est légitimée. Plus les personnes starisées sont dotées de caractéristiques prosaïques, plus le processus d’identification opère auprès des téléspectateurs. La proximité fonctionne et les élèves tendent à transposer ses codes dans le cadre scolaire et à l’égard de leurs acteurs : la fausse proximité entre professeur et élèves où l’Administration est reléguée par le discours sur la transparence de la circulation des informations. L’éloge de la transparence génère la parole formatée, une lisibilité sans pareil. En réalité, ce qui se profile derrière tout cela, c’est la destruction des distances symboliques dans nos sociétés, au profit d’une saisie immédiate d’une réalité qui se dérobe et se complexifie au fur et à mesure que l’on prétend mieux la saisir. Les enjeux et les conflits de fond disparaissent. Les figures substitutives montent en puissance. Et le professeur disparaît. Les programmes télévisés prônent le rien faire, le culte de la lenteur, l’utilisation du temps pour soi. La génération canapé se nourrit d’une inanité intellectuelle, de l’insignifiant, du vide verbal. L’apathie, le dépérissement, le conformisme momentané, s’installent dans les modes de relation en vigueur. Le communiquer pour exister est de rigueur. Le contenu se trouve aseptisé par l’idée packaging faisant appel au sens commun et la furtivité de sa pérennité.

      Des postures de refus


      L’école doit aiguiser une acuité critique pour contourner la production de conformismes, de consensus, donner du sens à la culture commune, au risque de se contenter d’entretenir un SMIC culturel, associé à un minimum évaluatif syndical. La distinction s’embourbe dans ce minimum. Face à l’appel du pied de la société de consommation. Les petits boulots (emplois précaires) attirent les élèves comme un leurre à une indépendance facile, ainsi que comme une réponse à la reproduction de l’appartenance sociale. L’incertitude professionnelle, sociale, est confortée. Face à une instabilité des équipes pédagogiques, l’agressivité ou l’inexistence des parents, l’absentéisme des élèves, la démotivation de tous les bords guettent. Les souffrances psychologiques s’affrontent dans l’arène de la classe. Les postures de refus s’affirment, les oppositions s’affinent. L’autorité devient un spectre aux contours nébuleux. La violence endémique, les incivilités à répétition existent. Ce qui empoisonne la vie des enseignants, ce sont les injures, les regards provocateurs, les bavardages incessants, le je-m’enfoutisme, bref, les diverses formes de non-respect de l’autorité et de dénigrement de leur fonction, tout ce que masque une montée de l’analphabétisme social. La transmission du savoir se transforme de plus en plus comme un rapport de force dans une formalisation inconsciente du quotidien. La boulimie des préjugés, des images, des idées préconçues, confortent le désert culturel, l’anorexie intellectuelle. L’école tend à systématiser la production des exclus. Au sein de ce no man’s land, les lois de la confrontation se formalisent. Les élèves se focalisent sur l’identification des faiblesses pour amorcer le combat. Le point de non-retour est atteint lorsque l’autorité fait place à l’expression du pouvoir sous contrainte pour le professeur. L’autorité ne se discute pas tandis que le pouvoir se prend ou se perd. L’autorité a pour fonction d’accroître, de créer, d’engendrer alors que le pouvoir est stimulé par l’action ou le faire fonction. L’autorité stimule l’auteur. Dans le cadre du pouvoir, c’est l’acteur qui est stigmatisé. L’autorité contient les attributs de qualités personnelles dans la relation à l’Autre. Le pouvoir utilise les moyens dissociés, les outils, les grades. Dans le cadre de l’autorité, le principe consiste à augmenter celle des autres, tandis que sur le plan du pouvoir le principe consiste à conserver le sien. L’autorité s’exerce uniquement dans la sphère des individus. Le pouvoir peut s’exercer sur les choses ; l’exercer à outrance revient à chosifier les sujets et donc à les nier, voire à les aliéner. La disparition de l’autorité entraîne inévitablement la disparition de la liberté qui lui est inhérente.

       

      Christelle Lamour

       

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