La psycho
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      Comprendre l’alcoolisme

      Comprendre l’alcoolisme
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      L’alcoolisme est une faille de l’«image inconsciente du corps». Par incorporations compulsives, le sujet tend à combler la béance d’un orifice sans fond, tel le tonneau des Danaïdes, pour s’y épuiser à la manière d’un autre Sisyphe. La constellation familiale s’abreuve du symptôme alcoolique ; et, dans la descendance, se reproduit le même scénario joué par les parents, filiation soumise à une même destinée vouée à se réécrire indéfiniment. La compulsion de répétition, selon Freud, est le refoulé «qui, demeuré incompris, fait retour. Et n’a pas de repos jusqu’à ce que soient trouvées résolution et délivrance»...

      Chaque civilisation véhicule, avec son histoire, sa culture des substances psychotropes, ses modificateurs de l’esprit, quête de toute-puissance et de sensations étranges que les Hommes ont de tout temps vénérées. L’alcool appartient au monde occidental, comme le haschich au Moyen-Orient et à l’Afrique, l’opium aux pays d’Asie et la feuille de coca à l’Amérique du Sud.

      Un sein hallucinatoire


      Avant de devenir une boisson profane, l’alcool a été sacralisé et utilisé dans les cérémonies dédiées aux dieux de la mythologie. De fêtes religieuses en réjouissances païennes, l’alcool s’est introduit dans les traditions, puis dans les mœurs au quotidien. De père en fils, de génération en génération, on se transmet les secrets de fabrication du vin, de l’art de la distillation et des eaux de vie aux vertus thérapeutiques, véritable philtre de jouvence et de longévité. Si l’alcool contribue depuis des siècles lointains aux chants poétiques, à l’ivresse des sens et à leur désinhibition, ses effets sont aussi facteurs de désillusion, source de misère et de déchéance.
      L’alcoolisme est une fixation narcissique primaire qui donne des profils marqués en stade oral. C’est une façon, pour l’inconscient, de compenser une angoisse de dissociation par un sein hallucinatoire. L’absorption d’alcool donne l’illusion de combler la perte de quelque chose qui échappe à la conscience et à l’entourage. La réalité se trouve niée et l’alcoolique, investi d’une toute-puissance, retrouve bien souvent force et autorité apparentes. Cette coupure d’avec la réalité « pré-psychose » en quelque sorte le sujet où le dédoublement de la personnalité l’emmène dans la dimension d’un réel qui l’aliène, le conduisant à s’autodétruire et à ruiner les liens qui le relient à sa famille. L’alcool estompe momentanément toutes les inhibitions ou retenues qui empêchent d’être et abandonne le malade à ses fantasmes. Les barrières sont levées ; c’est la phase maniaque où la pensée et l’imaginaire s’enflamment. Le passage à l’acte s’en trouve facilité et le sujet peut libérer enfin ses pulsions : s’épancher ou menacer, rire ou pleurer, ou encore fantasmer conquérir la planète... Il semble réconcilié avec son monde, avoir comblé cette image morcelée de lui-même. C’est le signifiant « Nom-du-Père » qui retrouve une illusoire place, alors jusqu’ici déniée. Le surmoi se dissout au contact de l’alcool et garde une image éthérée d’un lui-même.

      L’ébriété n’est pas toujours présente…


      Cet élixir, cette « eau-de-vie », n’est qu’un leurre, un baume qui anesthésie provisoirement la béance d’une blessure narcissique. Les effets d’« après-coup » se font durement ressentir et une régression se met sournoisement en place, avec des conduites puériles ou des troubles du caractère. C’est la phase dépressive ou « lune de fiel » qui modifie toute relation et plonge le sujet dans l’isolement social et affectif. Mais que fuit l’alcoolique dans son ivresse, si ce n’est sa propre impuissance à ne pas reconnaître son symptôme ?
      Ce déni du symptôme vise à éviter un auto-jugement qui le rendrait méprisable à ses propres yeux et le replongerait dans un état de dépression. La constellation familiale alcoolique constitue la famille hystérique par excellence dans laquelle les sujets ont perdu la place identitaire qui leur était impartie dans l’ordre des choses. Le père s’efface derrière sa position d’homme châtré et d’impuissance paternelle et, de fait, l’être maternel ordonne la loi au « Nom-du-Père ». De cette position dé-placée, le père se sent exclu, trahi, persécuté par les éléments de la famille qu’il perçoit comme rivalisant avec son autorité déchue et fonde sa jalousie. L’ivresse mettra le père en position de revendiquer un impossible rôle et se fera commandement d’expulser l’Autre castré qui le possède. L’ébriété n’est pas toujours présente dans la famille alcoolique, mais on y fait souvent la fête et l’alcool coule à flots sous un moindre prétexte. Tout est sujet pour une concorde familiale ou autre réunion amicale et l’oralité y est exaltée entre mets et crus. Point n’est besoin de sombrer dans la soûlerie pour y voir poindre une dépendance bachique et sa jouissance à délier le dire car on y parle cru ! L’alcool produit l’euphorie qui fait défaut à l’individu et le libère d’une pudeur psychique qui l’accable.

      « Les parents boivent, les enfants trinquent… »


      Chacun réagit de manière idiosyncrasique face à l’alcool, en fonction de son histoire transgénérationnelle et de son vécu. L’alcoolisme se transmet à la descendance comme symptôme identificatoire. Mais, ne devrait-on pas parler plutôt de symptôme culturel auquel nul n’échappe ? C’est ainsi que l’aversion ou l’attitude phobique devant un verre d’alcool traduit une pathologie du même ordre, refoulée ou latente, où le sujet souffre tout autant à l'idée d’absorber le moindre liquide alcoolisé qu’à regarder l’autre s’enivrer. Cela ne manque pas d’alimenter des conflits interrelationnels de part et d’autre du groupe familial, entraînant des conséquences néfastes sur les enfants. Se retranchant dans ses fantasmes et autres mécanismes de défense, chacun persiste à ne pas «trouver résolution et délivrance». La famille alcoolique se rythme donc alternativement entre le temps de la fête, phase maniaque, et le temps de la chute, phase dépressive. Mais il s’agit là aussi de la vacillation du vide triomphant d’une perte insupportable... Car il ne faut pas oublier que, quand « les parents boivent, les enfants trinquent »... Les enfants, tout en ayant à supporter les comportements agressifs et indifférents du parent sous l’emprise de l’alcool, n’auront qu’une image faible et déficiente à laquelle s’identifier. C’est à l’adolescence que les effets pernicieux et destructeurs se feront le plus ressentir. L’alcoolisme peut accompagner la toxicomanie ou encore l’engendrer, déboucher sur des conduites délinquantes, des comportements irresponsables, ou encore sur des états suicidaires. Le penchant pour l’alcool, à cet âge-là, n’évoluera pas forcément vers un syndrome alcoolique à l’âge adulte, mais se manifestera déjà et de toute façon par des attitudes de type dépressif que l’échec scolaire, notamment, mettra en exergue. Outre les différentes thérapies destinées à endiguer le symptôme alcoolique, de nombreuses associations bénévoles se mobilisent et se présentent comme un lien efficace, surtout en post-cure de désintoxication. Ces organismes se révèlent précieux aussi dans le sens d’une complémentarité d’une psychanalyse en cours.

       

      Nicolas Delcroix

      *Des adresses utiles :
      > AL-ANON ALATEEN
      4 rue Fléchier 75009 PARIS
      Tel : 01 42 81 97 05
      http://perso.wanadoo.fr/al-anon.alateen.france/

      > ALCOOLIQUES ANONYMES
      Tel : 01 43 25 75 00
      http://perso.club-internet.fr/aafr/

       

      Une représentation positive « alarmante »…

      Il faut savoir que 800 000 à 1 000 000 de personnes sont dépendantes de l’alcool en France. Le nombre de décès par psychose alcoolique et cirrhose du foie est passé de 22 000 par an en 1975 à un peu plus de 10 000 par an aujourd’hui. Malgré ces chiffres « optimistes », le plus alarmant semble la représentation positive de l’alcool chez les jeunes qui l’associent à la fête : 81 % des jeunes connaissent déjà les effets de l’alcool à 14 ans, 91 % à 18 ans. Par ailleurs, 40 % des accidents mortels de la route sont liés à la consommation d’alcool, soit 4 000 morts par an... Certains organismes présents sur le Web permettent aux personnes isolées dans leur détresse alcoolique de prendre connaissance d’utiles renseignements sur l’aide mise à leur disposition et des adresses des associations proches de leur domicile.

       

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