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      Que cache l’obésité ?

      Que cache l’obésité ?
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      Si l’obésité fait beaucoup parler d’elle, elle reflète néanmoins un problème médical moderne, problème mis en exergue en premier lieu par les compagnies d’assurances : celles-ci, dans les années 50, recensèrent les risques potentiels pour la santé afin de mieux évaluer les conséquences possibles pour leurs clients. L’Organisation Mondiale de la Santé n’a inscrit l’obésité comme maladie que depuis l’année 1998. Certains notent que cette problématique de surpoids pourrait constituer essentiellement une « maladie des transitions urbaines, économiques et sociales ».

      Comment s’identifier et reconnaître dans la fermeté des régimes alimentaires, proposés au nom d’un idéal/minceur véhiculé par la même société qui pousse à consommer ? L’individu, pour qui l’entrée dans la société médiatisée par la loi constitue un changement important en terme d’investissement, n’y perdrait-il pas ses repères ?

      Comprendre l’obésité


      L’obésité n’a pas représenté au cours des siècles qu’une problématique médicale : les rondeurs sont d’abord chez la femme signe de fertilité et elles représentent chez l’homme un signe ostensible de richesse pécuniaire. Une certaine passivité lui est d’ailleurs attribuée ; ainsi, de manière caricaturale, le gros riche grossit pendant que les autres travaillent, l’un y gagnant en formes, les autres y perdant leur santé ! La maigreur peut néanmoins traditionnellement être beaucoup plus alarmante que la grosseur, les diverses famines ayant secoué l’humanité. L’obésité pose donc le problème du changement et de l’adaptation que les statistiques revoient de manière alarmante : 200 à 300 millions d’obèses dans le monde certains pays pauvres commençant à être touchés), 13 % d’enfants obèses en France (sachant que ces statistiques comprennent autant le surpoids que l’obésité morbide). Ainsi, la forme ronde de l’individu obèse nous effraierait-elle davantage aujourd’hui. Pourtant, sous Hippocrate déjà, l’anatomie du « gros » a été décrite parmi les types physiques (le sanguin et le lymphatique étant plutôt enrobés, le nerveux et le bilieux plutôt maigres) ; la classification moderne de Kretschmer, bâtie en partie sur les différences entre «pycnique» (en rondeur) et « leptosome » (en longueur) paraît, elle aussi, plus descriptive de types caractérologiques qu’alarmiste. Nous viendrait-il d’ailleurs à l’esprit de taxer d’obésité une baigneuse de Renoir ? Et que serait Astérix sans Obélix ? Dans notre mode de surconsommation, l’obésité semble, de plus, paradoxalement coller malgré la gêne occasionnée du point de vue de la norme esthétique ; ce sont surtout ses corollaires symptomatiques qui créent souci à terme : au niveau médical, diabète, hypertension et autres symptômes secondaires finissent par poser de réelles difficultés.

      Nos premières pulsions de plaisir


      Le réflexe de succion, associé à l’absorption de nourriture, constitue la première relation au monde pour le nourrisson ; plaisir et besoin de manger restent indissolublement liés. Il est remarquable, aussi, que dans la vie du tout petit d’Homme, l’univers s’organise dans un premier temps surtout autour du rond et du sucré ; ceci correspond à une appréhension initiale du monde où l’analogie de forme, entre le nourrisson et son entourage, permettra la mise en place des identifications et de l’investissement du monde extérieur : le bébé est rond, le sein est rond et les visages penchés au-dessus du berceau pareillement. Difficile alors d’abandonner ce monde sphérique et sucré. L’enfant élargira petit à petit cette perception par le biais de la mère qui introduira dans sa vie des formes et des saveurs différentes, amenant le relais au père et donc, progressivement, au socius ; l’entrée dans le monde de la nouveauté constituera d’ailleurs un changement angoissant, qui connaîtra des résistances, voire une certaine répulsion. Qui n’a, même plus tardivement, jamais été dégoûté par une assiette d’épinards ou de choux de Bruxelles ? La découverte du père passera, elle aussi, par un circuit introjectif : l’enfant, à ce stade et à travers l’absorption, fantasme récupérer, entre autres, la différence paternelle, les goûts devenant plus prononcés, alors que les formes plus phalliques sont maintenant identifiables par l’inconscient. La socialisation progressive du petit d’Homme imposera, en outre, une distanciation vis-à-vis de la nourriture ; en effet, d’abord ingurgitée à pleine bouche et avec les mains, elle sera progressivement médiatisée par les outils traditionnels. Ainsi passera-t-on du sein au biberon, puis de la fourchette au couteau, à l’assiette et au verre et se pliera-t-on bientôt aux usages temporels et spatiaux inhérents à la société (petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner, assis à table en général). Il est notable que la multiplication des couverts est plutôt synonyme d’élévation sociale et mondaine ; les nourritures habituellement considérées comme des dangers pour l’équilibre alimentaire (barres chocolatées, hamburgers, etc.) semblent renvoyer, au contraire, à un déni jubilatoire des usages ; elles incitent l’individu à un plaisir rapide, court-circuitant le temps social et la frustration inhérente à celui-ci: ainsi l’imaginaire peut-il prendre les commandes, le principe de plaisir ramenant toujours essentiellement l’individu aux formes rondes ou oblongues et agréables. Cependant, la peur d’être privé se surajoutant, grossirait-on alors identifié au nourrisson que nous avons été, marquant par-là notre difficulté à prendre une place au sein de la société ? Le philosophe Epictète de dire : De toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas. Celles qui dépendent de nous sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs. Celles qui ne dépendent pas de nous sont le corps, les biens, la réputation, les dignités ; en un mot, toutes les choses qui ne sont point du nombre de nos actions. Si, dans une période où la société de consommation renforce un manque imaginaire à combler, le stoïcisme, philosophie de l’effort et de la tension, ne semble plus d’actualité. L’idée du corps indépendant de notre action re-situe (au-delà du manque de volonté qui lui est attribué souvent de manière projective) l’obèse et l’obésité comme héritier et miroir du corps socialo-familial. Ce corps déséquilibré, soumis malgré lui à une communication transgénérationnelle, vient remplir un rôle de parole et de transmission : répété en boucle, le message filial dit tout (et rien). Les joues remplies de ces messages imposés, comment s’exprimer, nos aïeux nous ayant transmis les règles d’un savoir-vivre ou l’on ne parle pas la bouche pleine ? Taire le manque n’inscrirait-il pas alors le sujet dans un corps « a-dit-peu » ? Principe économique oblige, une quantité d’énergie développée à partir d’une source doit pouvoir trouver, de par une série d’investissements, une voie de décharge par où se dépenser ; dans le cas contraire, une stase énergétique s’ensuivra : du fait de l’accumulation du stock et du surinvestissement de celui-ci, elle provoquera du dysfonctionnement, l’équilibre dynamique entre les entrées et les sorties étant mis à mal. Ainsi, ce qui n’est pas extériorisé restera-t-il intériorisé, le libre « échange » étant gêné par une forme de thésaurisation ; mais qu'est-ce qu’extérioriser, en terme de libre échange justement, quand l’avare de Molière, arguant qu’il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, justifie ici son avarice ? Depuis la nuit des temps, le tissu adipeux qui stocke la plupart des graisses de l’organisme dans les cellules, appelées adipocytes, a servi à l’Homme pour s’adapter aux difficultés de son environnement; cette masse graisseuse, localisée principalement autour des hanches chez la femme et autour de l’abdomen chez l’homme, a permis, au fil des siècles, d’acquérir une résistance au froid, aux disettes ou aux conditions imposées par les changements d’environnement liés aux migrations. D’après les hypothèses en vigueur, la femme à qui était plutôt attribuée la cueillette et qui garde, aujourd’hui encore, la fonction de préservation de la vie de l’enfant à naître, hérite de ce fait d’une masse grasse plus importante (de l’ordre de 20 à 25 %) que l’homme (10 à 15 %), appelé quant à lui à être chasseur. Le tissu graisseux de l’homme constitue donc en premier lieu une protection adaptée au monde extérieur, préservant des chocs, du froid et ayant valeur de réserve énergétique utile. Il est notable à ce propos que l’obésité masque les formes : l’idée traditionnelle d’être pur objet de convoitise et de fécondation ou voué à un rôle de prédateur (que ce soit d’une manière ou d’une autre) peut, de manière logique, renforcer le registre libidinal de l’angoisse…

      Comment vivre alors dans un monde d’injustice ?


      Dans « Le cœur conscient », Bruno Bettelheim explique que l’obligation qui fut faite aux populations allemandes, vivant à proximité des camps, d’aller voir à la fin de la guerre ce qui s’y était passé, constitua une erreur ; elle ne pouvait en effet que renforcer l’idée que chacun avait eu raison d’ignorer ce qui s’y déroulait ; cette obligation aggravant paradoxalement un déni de la réalité, la violence de faits ingurgités de force n’avait pu être intégrée. Ainsi, les perceptions pénibles renforcent-elles la division de l’être ; les traces mnésiques restent de toute manière actives dans l’inconscient et se répètent sous une forme ou une autre, de génération en génération. De famine en famine, de guerre en guerre, de révolution en révolution, la transmission du non-dit ne finirait-elle pas par nous gaver de père en fils ? À force de manger les mêmes plats resservis à toutes les sauces aux heures des repas, ne deviendrions-nous pas phobiques du changement, nous gavant alors nous-mêmes des histoires qui nous ont étouffés, au risque d’une terrible identification à l’agresseur? À nous plutôt de transmettre à nos enfants la saveur d’une alimentation qui n’impose pas silence, le goût d’une activité concurrentielle qui n’implique pas de priver l’autre, le plaisir de la communication équilibrée où la femme ne soit pas simple réceptacle et l’homme lamentable « prédateur » !


      Paul Jullian


      L’acte de nutrition : pas si simple !

      Des rituels se sont greffés sur l’acte de nutrition s’inscrivant dans une évolution des sociétés. Ainsi l’Homme animiste intériorisait-il, en même temps que la nourriture, l’âme, la force de l’animal ou de l’ennemi tué au combat. L’interdit cannibalique a depuis longtemps pris effet dans les cultures christianisées et monothéistes : il reste à la base de traditions permettant à chacun des modalités d’identification au divin et au groupe. L’eucharistie peut d’ailleurs être considérée comme une sublimation de ce processus. On retrouve encore des expressions qui, au quotidien, peuvent renvoyer à ce passé antédiluvien lié à l’anthropophagie, non sans être connotées d’une certaine angoisse : Mange, tu ne sais pas qui te mangera ! L’angoisse est d’autant plus prégnante que l’ennemi reste non repérable et qu’il date peut-être d’époques les plus reculées… Qui est alors cet inconnu ayant figure d’agresseur potentiel ? Est-il possible de l’identifier sans s’y identifier ? Sans remonter jusqu’aux visages émaciés des populations détenues en camp de concentration durant la seconde guerre mondiale, qui ne se souvient pas, par exemple, de ces enfants victimes de la famine en Éthiopie que les médias montrèrent pendant de long mois, souvent à l’heure des repas, laissant à chacun un sentiment d’injustice et de révolte ? Sentiment d’injustice relayé par la culpabilité… Les uns ayant « tout » les autres « rien » ; le plus modeste ménage se retrouvait alors nanti face à une population à l’agonie. Il semble que chacun, devant ce type d’écran, se demande ce qu’il a bien pu faire ou pas pour qu’une telle situation existe et s’en sente responsable. Le don effectué au bénéfice d’une association caritative n’efface certainement pas cette trace…

       

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