| 
                     
                     
                       
                         
                            La psycho  
                           dans Signes & sens 
                           
                             
                               
                                 Mon enfant fait des cauchemars... 
                                | 
                              
                            
                           
                          
                       
			          
			         
			           
			             Si les rêves évoquent en général des scenarii agréables, les  cauchemars en revanche se caractérisent plutôt par des dangers ou  des catastrophes. Sigmund Freud, dans son ouvrage sur «  L’interprétation des rêves », parle de rêve d’angoisse dans  lequel la peur et l’effroi sont tels qu’ils provoquent un  véritable état de crise, interrompant le plus souvent brutalement  le cauchemar. Le réveil est alors soudain, accompagné ou non de  sursauts, voire même quelquefois de cris… 
			             Freud a donné au rêve une dimension nouvelle, le qualifiant de «  voie royale » pour accéder au psychisme humain en tant que «  libération de l’inconscient pendant le sommeil ». Selon cette  théorie, tout rêve manifeste un désir refoulé, correspondant à  quelque chose que nous n’osons pas nous avouer à l’état de  veille et ce, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. À la  différence malgré tout que les désirs de l’enfant ne sont pas  les mêmes que ceux de l’adulte.			              
			               Les transformations oniriques 
		                 En aucun cas, les idées de nos songes ne sont insensées ou à  dissocier de ce qu’il se passe durant une journée. En effet, le  contenu du rêve n’est jamais qu’une transformation des pensées  inconscientes ; celles-ci empruntent une forme différente, se  voulant cachées pour s’exprimer. Les enfants, quant à eux, ont  pour la plupart une plus grande propension que les adultes à  s’adonner à l’activité onirique ; leurs cauchemars sont  fréquents mais pas à n’importe quel âge. Ils surviennent en  règle générale entre 3 et 6 ans. Le cauchemar est à considérer  comme un symptôme, soit la manifestation d’un conflit intérieur.  Ce combat, chez le petit d’Homme, est le témoignage d’une «  sexualité méconnue et repoussée », en proie à des impulsions à  l’égard des adultes. Ainsi, les sentiments « amoureux »  vis-à-vis du parent de sexe opposé sont de plus en plus masqués.  Freud est le premier à avoir établi le lien entre la peur au niveau  psychique et les pulsions sexuelles refoulées.  
			             L’interprétation aboutit donc à un sens mettant en jeu la mère  et le père fantasmatiques. Certains désirs incestueux ne peuvent en  aucun cas se dévoiler, même en rêves. Il s’agit d’un véritable  conflit inconscient où l’angoisse se porte sur une pensée  inacceptable. Le cauchemar constitue alors en lui-même une limite  puisqu’il réveille. C’est le « mauvais rêve » qui s’arrête  subitement car il ne doit surtout pas continuer, comme un réflexe d’  « autocensure » face à un interdit. Le cauchemar est donc à  entendre en tant que mécanisme de défense puisqu’il préserve de  ce qui est impossible. Le corps, de toute façon, plongé dans le  sommeil, est à l’abri de toute réalité. Le terme cauchemar ne  signifie-t-il pas d’ailleurs, d’un point de vue étymologique, «  fantôme nocturne » ? Le fantôme est, précisément, quelque chose  qui n’a aucune réalité, qui n’existe pas. Ainsi, chez l’enfant,  le cauchemar est à situer dans un contexte bien précis où, selon  Ernest Jones, il y a inconsciemment « désir de mort » contre le  parent fantasmatique gênant ou tout autre rival, copain de classe  par exemple. Des affects de culpabilité s’ensuivent au travers  desquels si vraiment ces rivaux mouraient, ils reviendraient à coup  sûr se venger sous la forme de vampire, de loup ou de sorcier, dans  ce type de cas…
			               Cauchemars et développement psychique 
		                 Il est certain que le cauchemar est à prendre au sérieux au titre  de témoin nocturne des émotions infantiles et que traduire ce qu’il  signifie vaut toujours la peine. Néanmoins, les cauchemars sont à  regarder comme des épisodes normaux de la vie de l’enfant où ses  peurs et sa capacité à les dépasser font également partie de son  développement psychique. Ils accompagnent volontiers les nouvelles  expériences lors de changements importants, comme l’entrée à  l’école, la naissance d’un autre enfant au sein de la fratrie ou  bien encore un déménagement. Autant d’événements pouvant être  la source de fortes angoisses abandonniques. Pam Spurr, docteur en  psychologie, explique dans son livre « Comprenez les rêves de votre  enfant » (Éditions de l’Éveil), qu’« il convient de traiter  les cauchemars avec une grande délicatesse. Non seulement il faut  rassurer l’enfant mais il est important de comprendre et d’agir  par rapport à ce qui a provoqué le cauchemar, en instaurant un lien  solide et efficace avec l’enfant qui lui permette de se libérer de l’emprise du cauchemar » car « de nombreux enfants vivent  des situations difficiles qu’ils sont incapables de décrire.  D’autres enfouissent les problèmes qui les rendent mal à l’aise  dans le quotidien, incapables de savoir quoi faire et même d’y  faire simplement face. Les images bizarres qui sont souvent l’apanage  des cauchemars servent fréquemment à protéger l’enfant pour  l’empêcher de faire face aux origines de son malaise. Son  inconscient jette un voile sur le vrai problème mais ne peut  empêcher sa transposition dans le rêve »...  
			             Il est à souligner l’importance du fait qu’un rêve (ou  cauchemar) n’a de sens que compte tenu de l’histoire du rêveur  et est à restituer dans un contexte bien précis. Toutefois, si  certains cauchemars deviennent trop fréquents, jusqu’à perturber  de façon conséquente le sommeil de l’enfant, ils peuvent être le  signe d’un fait traumatisant connu: c’est le cauchemar  post-traumatique. Le traumatisme peut aussi être méconnu : c’est  l’exemple de certains enfants victimes de situations graves qu’ils  subissent bien malgré eux. Une prise en charge psychothérapeutique  ou psychanalytique peut alors s’avérer nécessaire et efficacement  salvatrice. 
                          
			             
			              Xavière Santoni 
			              
                          
			              Avant de consulter... 
			             Certains parents imaginent le pire face à leur enfant – voire leur  jeune ado – qui se plaint de cauchemars effrayants. Avant de vous  précipiter chez un psy, ayez le réflexe simple !  Assurez-vous bien que l’affabulation ne prenne pas le dessus grâce  à une écoute trop complaisante ou même favorisante. Effectivement,  les chères têtes blondes ont souvent l’art et la manière de  contrôler leur entourage, a fortiori quand elles constatent que  celui-ci tombe facilement dans le panneau. Une consultation s’impose  lorsque la plainte est récurrente, quasi quotidienne et s’accompagne  de troubles de l’appétit, d’hyperactivité, d’agressivité  systématique, d’instabilité, de mauvais résultats scolaires,  d’un sommeil agité, d’une opposition musclée. Plusieurs de ces  facteurs associés doivent alerter : l’avis d’un psy est  alors nécessaire. En cas d’hésitation, votre pédiatre ou votre  médecin généraliste saura vous répondre et vous guider.  Toutefois, le cauchemar isolé est nécessaire à l’équilibre. Il  est donc sage de ne pas extrapoler à la suite d’un récit  cauchemardesque. D’autant que si votre enfant sort systématiquement  vainqueur de ses combats oniriques, il n’y a rien à craindre ! 
			             
			           
			          
			 
                      |