La psycho
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      Quand le Savoir ferme l’esprit

      Quand le Savoir ferme l’esprit
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      Sans le Savoir, nous n’aurions pas la technologie, les moyens de transport modernes, les outils médiatiques, non plus que la médecine, la possibilité de vivre plus vieux en meilleure santé… Depuis la découverte du feu (au moins) jusqu’à aujourd’hui, l’Homme a toujours été curieux, par plaisir ou par nécessité. Le Savoir et sa vulgarisation nous ont enrichis de façon inestimable. Réjouissons-nous donc que ceux qui savent continuent à savoir plus… et cela pour le plus grand bien de tous. Afin que l’ego de l’humanité n’enfle tout de même pas trop, rappelons les problèmes d’éthique posés par la science (et que la science seule ne peut résoudre). Louis Leprince-Ringuet, lui-même éminent savant, disait de ses pairs : “ Un savant, c’est quelqu’un dont l’ignorance a quelques lacunes ” ! Avec malice, il indiquait que le Savoir n’est qu’une petite lacune dans l’immensité de l’ignorance. Ceci invite tout naturellement à la modestie. Mais, paradoxalement, cette immensité d’ignorance contient un élément plutôt inattendu et relativement inexploré : l’aptitude à ne pas savoir !

      Il semble naturel de constater que l’ignorance est encore immense. Ce qui est surprenant, c’est que l’une des zones les plus rebelles au Savoir soit justement l’aptitude à ne pas savoir, dont l’importance se mesure mal car elle semble négligeable...

      Une capacité d’ouverture


      À quoi bon être capable de ne pas savoir dans ce monde de connaissances et de technologie ? Au moins pour apprendre, pour découvrir de nouvelles choses, pour autant que l’inconscient doit d’abord admettre qu’il n’est pas plein ! Sans quoi, plus de possibilité de rien apprendre pour l’esprit. Il se sclérose et stoppe son évolution. Sans l’aptitude à ne pas savoir, nous sommes atteints de cécité intellectuelle, amenés à deviner le monde qui nous entoure exclusivement à partir de celui qui nous habite. L’esprit devient alors comme une taupe voyageant dans ses galeries intérieures et dont les conversations pseudo communicantes ne sont que taupinières disséminées par-ci par-là dans le monde social de surface. Bien qu’assez pitoyable, c’est tout à fait pardonnable. Aucune école n’assure l’apprentissage au non-savoir qui, à l’inverse, est régulièrement réprimandé. Notre culture a bien développé les outils permettant d’accéder à cette si précieuse substance intellectuelle qu’est le Savoir mais elle en a oublié une autre tout aussi précieuse : la capacité d’ouverture d’esprit, celle qui conduit à accepter de ne pas savoir. Ainsi, le non-savoir serait source de compétence ! Comment est-ce possible ? On peut même évoquer le corollaire : le Savoir peut être source d’incompétence. Le problème, c’est quand le Savoir ferme l’esprit. Dès l’école primaire, nous avons cependant été sensibilisés à cette qualité du non-savoir qui ne s’est peut-être pas vue, noyée dans la glorification de l’intellect, dans la récompense de la tête pleine. Combien de fois l’enseignant n’a-t-il pas répété : Avant de chercher la solution à ton problème de math, lis l’énoncé…, sous entendu, Accepte de ne pas connaître l’énoncé avant de l’avoir lu. Cet aspect embryonnaire du non-savoir ne nous a pas permis d’en saisir toute l’importance. Il ne fait aucun doute qu’il n’a jamais été glorifié comme source de compétence à un quelconque moment de nos études… Ou alors ce fut discret !

      Ne pas savoir à la place de l’autre


      Il y a quelques hésitations à ne pas savoir. Malgré ce, la communication est certainement le domaine où, pour être compétent, l’aptitude à ne pas savoir est basique. Naturellement, il y a tout de même des choses à savoir mais, là, nous sommes généralement bien fournis. C’est du côté de l’aptitude à ne pas savoir que la carence est monumentale. Combien de conversations tournent au quiproquo simplement parce que ce qui est dit est interprété plutôt qu’entendu. Les mots incompris sont même inconsciemment remplacés par d’autres pour donner du sens à ce qui n’en a pas. L’être humain n’aime pas ne pas savoir. Il ne supporte pas ce vide de l’esprit. Il n’assume pas de devoir passer par l’autre pour le comprendre. Or, nul ne peut jamais se mettre à la place de l’autre, ce qui reviendrait à ne contempler que notre propre imaginaire et à ne plus voir l’interlocuteur. Pour bien communiquer, il est fondamental d’accepter de ne pas savoir à la place de l’autre, ce qui n’est pas ne rien savoir du tout : base pour entendre, comprendre et accueillir les propos de l’autre, comme aussi, pour poser de vraies questions dont les réponses seront validées par des messages de gratitude.
      Dernièrement, une émission télévisée sur les urgences hospitalières montrait une dame d’un certain âge, n’ayant peut-être pas toute sa tête, peut-être un peu alcoolisée, être invitée à s’asseoir. Comme cette dame n’était pas vraiment coopérante, un médecin arrive et tente de l’empêcher de partir en lui tenant le poignet ; il lui dit : Il faut que vous restiez… C’est pour votre bien ! La situation ne s’arrangeant pas, deux agents de sécurité viennent prêter main forte. Ici, le soignant ne se met pas en situation de ne pas savoir. Il pense que cette dame n’a pas compris que c’est pour son bien. Alors il le lui explique. Mais cela produit l’effet inverse de celui attendu. Acceptant de ne pas savoir, il aurait donné plus d’attention à cette dame et aurait remarqué simplement qu’elle a plus besoin de recevoir une écoute que des explications. Cette écoute aurait évité la montée de la violence, économisé du temps, ainsi que l’intervention de quatre personnes (2 soignants et 2 agents de sécurité). Quand on a peu de temps et peu de personnel, cela semblerait plus judicieux. Faire équipe avec le patient, c’est d’abord accepter de ne pas savoir à sa place. C’est ensuite accorder de la valeur à ce qu’il pense pour, enfin, pouvoir lui donner l’explication dont il a besoin. Quand le dossier de soin est bien fourni, le soignant croit connaître le malade et oublie de l’entendre. Bien sûr, ce savoir que représente le dossier est précieux. Pour autant, il faut aussi accepter qu’il ne donne qu’une partie des éléments.

      Une compétence psy


      Déjà élémentaire en communication, le non-savoir est source de compétence fondamentale en psy. Or, là aussi, la tentation peut être de s’appuyer sur le Savoir. Bien évidemment, il a ici encore une grande importance. Les professionnels sont généralement bien pourvus côté “ savoir ”… même si celui-ci reste, sans cesse, perfectible. En revanche, quand la capacité à “ ne pas savoir ” manque, la tentation de s’appuyer sur des théories pour interpréter conduit à des maladresses. Naturellement, pour qu’il y ait thérapie, il faut quelque chose de plus. Une thérapie se divise en deux étapes. Une première étape dans laquelle est localisée la zone de vie blessée (qu’elle soit actuelle, vienne de l’enfance, du prénatal ou du transgénérationnel) et une deuxième étape dans laquelle sont apportés l’attention et le soin réparateur sur ce qui a été localisé. Sans une qualité de non-savoir de la part du thérapeute, la première étape échoue car les bonnes pistes ne sont pas identifiées. Il en découle que la deuxième ne peut se faire. Mais même si la première est correcte, la deuxième peut aussi échouer si le thérapeute interprète que le patient doit se débarrasser de “ tout ça ”, alors que celui-ci cherche inconsciemment une réhabilitation de ce “ tout ça ” !
      Si le non-savoir fait défaut, amusons-nous à imaginer une unité de valeur qu’on ajouterait, au moins à toutes les études concernant les métiers de communication et les métiers de soin psychologique. Sorte de pied de nez au “ tout intellectuel ” mais qui serait aussi une belle ouverture vers les nuances d’éthique manquantes. Souvent sont évoqués le respect de la différence, la tolérance, la générosité… Mais sans l’aptitude à na pas savoir, ces merveilleuses idées ne sont qu’idéologies (aussi généreuses soient-elles).

      Vers une écoute humaine…


      Expérimenter le non-savoir et tester son efficacité peut avoir lieu dans les moments “ insignifiants ” de la vie. Ainsi, quand quelqu’un tient un propos avec lequel vous n’êtes pas d’accord, amusez-vous à remarquer votre réaction. Votre tendance spontanée est-elle d’essayer de comprendre votre interlocuteur, de lui accorder que ce qu’il dit a un fondement pertinent pour lui et de lui permettre de vous le révéler ? Ou plutôt de le contredire, c’est-à-dire de chercher à le convaincre que votre point de vue est mieux fondé que le sien ou au moins plus urgent à exprimer ? Cela concerne des situations aussi anodines qu’un avis sur une émission de télé ou une conversation de repas de famille. En attendant que l’Éducation Nationale et universitaire s’occupe d’enseigner l’aptitude au non-savoir, nous pouvons nous contenter de ces petits riens du quotidien qui font de chaque instant d’échange un merveilleux champ d’investigation. Cette aptitude au non-savoir concerne, finalement, un esprit de rigueur scientifique où ce qui n’est pas démontré, n’est ni vrai ni faux. Il en résulte une attitude ni pour ni contre mais où l’on reste ouvert à toutes les éventualités tant que les démonstrations ne sont pas faites. L’aptitude au non-savoir permet une progression plus efficace et rapide des connaissances. C’est passer de l’écoute prédation à l’écoute humaine. Tout un chacun a déjà vu comment un chat ou un chien bouge ses oreilles au moindre bruit suspect. Ce réflexe de méfiance, de prudence, habitant l’ouie instinctive, pousse peut-être l’humain à manifester un écoute un peu paranoïaque. Méfiance car tout est danger ! Ou sinon, à l’assaut car tout est profit. Pour que l’écoute devienne vraiment humaine, il lui faut plus que de l’intellect ; elle nécessite absolument cette aptitude à ne pas savoir et nécessite aussi cette confiance en le fait que ce que dit l’interlocuteur a du sens et du fondement à ses yeux… D’être prêt à entendre ce sens et ce fondement sans se sentir en danger, sans sentir une menace peser sur son propre avis. Pour cela, il faut d’abord développer un peu plus d’affirmation de soi. C’est-à-dire un peu plus d’accueil de soi, donc de celui que nous sommes, de tous ceux que nous avons été et de tous ceux dont nous sommes issus. Or, notre culture induit plutôt que ce qui nous habite est mauvais et qu’il faut apprendre à être fort pour le vaincre. Certains aspects de la psychologie se sont aussi laissés piéger dans ce concept où même l’inconscient est considéré, à tort, comme quelque chose renfermant du mauvais. L’écoute de soi est alors également atteinte par le réflexe de défense. Il est souhaitable que la psychologie veille à continuer à s’humaniser en faisant évoluer l’écoute de soi d’une écoute animale défensive, répulsive, vers une écoute humaine, accueillante, attractive. Le Savoir semble distinguer l’Homme de l’animal… naturellement ! Mais c’est le complément que représente l’aptitude au non-savoir qui le positionnera vraiment en première position. Cette aptitude montrera qu’il peut échanger avec ses congénères, libre de ses réflexes ancestraux de prédation ou de peur des prédateurs. S’ajoutant à la connaissance, l’aptitude au non-savoir est ce qui marque le passage de l’animal à l’humain. La compétence la plus importante qu’elle permet est une compétence à plus d’humanité.

       

      Thierry Tournebise

       

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